Des algues qui peuvent tirer leur énergie d’autres plantes

Un résultat surprenant vient d’être établi par des biologistes de l’Université de Bielefeld (Rhénanie du Nord-Westphalie) : la micro-algue verte Chlamydomonas reinhardtii serait en mesure de produire son énergie non seulement grâce à la photosynthèse, mais également à partir d’autres plantes. Les conclusions de l’étude ont été publiées le 20 novembre 2012 dans la revue en ligne « Nature Communications », version électronique de la revue scientifique « Nature ».

 
Jusqu’à présent, seuls les vers, les bactéries et les champignons étaient considérés comme capables d’assimiler de la cellulose végétale et de l’utiliser comme source de carbone pour leur croissance et leur survie. A contrario, les plantes tirent leur énergie de la photosynthèse, qu’elles opèrent à partir de CO2, d’eau et de lumière.

 
Lors des essais menés par les biologistes, l’algue considérée a été placée dans un environnement pauvre en carbone. Les scientifiques ont pu observer que dans cette situation de carence, l’algue produisait son énergie à partir de cellulose végétale voisine. Ainsi, l’algue sécrète des enzymes appelées cellulases [1] qui assimilent la cellulose et la fractionne en composants plus petits, des sucres. Ceux-ci sont ensuite transportés dans les cellules de l’algue et transformés en énergie pour continuer sa croissance.

 
C’est la première fois que ce résultat est prouvé pour un végétal. Les biologistes de Bielefeld cherchent actuellement à savoir si ce résultat peut aussi être retrouvé chez d’autres variétés d’algues. Les premiers éléments obtenus semblent confirmer cette hypothèse.

 
Cette découverte peut s’avérer intéressante pour la production d’énergie issue de l’exploitation de déchets organiques (comme par exemple pour les biocarburants de deuxième génération). En effet, la production d’énergie à partir de ce type de biomasse nécessite que les cellulases « cassent » d’abord le matériel biologique utilisé. A l’heure actuelle, les cellulases utilisées proviennent de champignons, qui eux-mêmes requièrent de la matière organique pour leur croissance. Si les cellulases peuvent être obtenues à partir d’algues, cette matière première organique peut être économisée ; la croissance des algues ne nécessiterait en effet que de l’eau et de la lumière, puisque le carbone nécessaire proviendrait de la biomasse à détruire.

 

 

Pour en savoir plus, contacts :

– [1] Pour plus d’informations sur les cellulases : http://fr.wikipedia.org/wiki/Cellulase
– Prof. Dr. Olaf Kruse, chef du département de biotechnologies à base d’algues, Centre pour la biotechnologie (CeBiTec), Université de Bielefeld – tél. : +49-(0)521-106-12258, fax. : +49-(0)521-106-12290 – email : olaf.kruse@uni-bielefeld.de

 

Sources :

– « Algen können Energie aus anderen Pflanzen ziehen », dépêche idw, communiqué de presse de l’Université de Bielefeld – 20/11/2012 – http://idw-online.de/pages/en/news508128
– « Cellulose degradation and assimilation by the unicellular phototrophic eukaryote Chlamydomonas reinhardtii », article publié dans la revue électronique Nature Communications – 20/11/2012 – http://www.nature.com/ncomms/journal/v3/n11/full/ncomms2210.html

 

Rédacteurs :

Hélène Benveniste, helene.benveniste@diplomatie.gouv.fr – https://www.science-allemagne.fr