Mise en évidence du lien entre réchauffement et augmentation de la toxicité des cyanobactéries

Un projet de recherche dans le domaine de la toxicologie humaine et environnementale à l’Université de Constance (Bade-Wurtemberg) a dernièrement mis en évidence le lien qui existe entre le réchauffement et l’augmentation de la toxicité des cyanobactéries. En effet, 50% des efflorescences algales [1] libèrent des endotoxines potentiellement dangereuses pour l’homme et les animaux. Elles affectent principalement la peau et les muqueuses, le foie et le système nerveux. Daniel Dietrich et son groupe de travail sur la toxicologie humaine et environnementale à l’Université de Constance ont étudié comment le réchauffement climatique agit sur la croissance des cyanobactéries et par voie de conséquence sur leur toxicité.

Grâce à divers essais en laboratoire sur des échantillons d’algues originaires d’Arctique et d’Antarctique, les chercheurs ont démontré qu’une augmentation de la température avait pour effet de diminuer la diversité des différents types de cyanobactéries tout en augmentant la production de substances de plus en plus toxiques. Outre la prévisibilité de cette croissance, l’un des objectifs de la recherche est de fournir des recommandations aux autorités et au grand public sur les moyens de faire face à ce risque. Les résultats de cette étude ont été publiés dans le dernier numéro de la revue Nature : « Le changement climatique ».

Une part importante des préoccupations de Daniel Dietrich dans ce domaine de recherche porte sur les zones de l’Arctique et de l’Antarctique. Dans ces régions, les cyanobactéries se trouvent dans des écosystèmes relativement simples, plus appropriés aux expériences que les écosystèmes plus complexes de nos régions. Dans les laboratoires de l’Université de Constance, les scientifiques ont étudié le comportement de ces algues à des températures augmentant graduellement : 0, 4, 8, 16 puis 24 degré. Le réchauffement dans le laboratoire a volontairement été accéléré : les bactéries polaires ont été rapidement confrontées à des températures très élevées par rapport à celles de leur milieu d’origine. A la suite de ces expériences, une baisse de la diversité au sein des différentes espèces de cyanobactéries a été observée, et ainsi un appauvrissement des espèces. Dans le même temps, la production de toxines a augmenté.

Au quotidien, l’équipe de Daniel Dietrich s’occupe des demandes émanant des autorités et des communautés qui cherchent à obtenir des conseils sur le comportement à adopter face à ce problème. Par leur recherche, ces biologistes espèrent pouvoir fournir à l’avenir des réponses à ces questions, et aider à prévenir les risques induits par les cyanobactéries.

[1] Une efflorescence algale est une augmentation relativement rapide de la concentration d’une (ou de quelques) espèce(s) de phytoplancton dans un système aquatique. Cette augmentation de concentration se traduit généralement par une coloration de l’eau (rouge, brun-jaune ou vert). Ce phénomène peut concerner des eaux douces ou marines.

 

Pour en savoir plus, contacts :

Plus d’informations sur le site : http://www.nature.com/nclimate/index.html

 

Sources :

« Giftige Gewässer », dépêche idw, communiqué de presse de l’Université de Constance – 27/02/2012 – http://idw-online.de/pages/en/news465106

 

Rédacteurs :

Myrina Meunier, myrina.meunier@diplomatie.gouv.fr – https://www.science-allemagne.fr