Crise cardiaque : une nouvelle approche thérapeutique

 

Lors d’un infarctus, une partie du muscle cardiaque n’est plus irriguée et se nécrose. Après la crise cardiaque, les tissus abîmés subissent des inflammations. Dans les cas les plus graves, une grande cicatrice est générée, ce qui réduit de manière permanente les capacités cardiaques : le patient développe une insuffisance cardiaque. La thérapie cellulaire à base de cellules de moelle épinière constitue un traitement possible, et permet aux patients de mieux se remettre après un infarctus. Cependant, chez certains patients, la fonction des cellules de moelle épinière est très réduite, et ils ne peuvent pas bénéficier de cette thérapie cellulaire. De plus, il s’agit d’une thérapie lourde, nécessitant une ponction de l’os iliaque pour obtenir des cellules de moelle épinière, et la mise en place d’un cathéter cardiaque pour administrer ces cellules.

Des scientifiques de la Faculté de médecine de Hanovre (MHH, Basse-Saxe) ont découvert une protéine dans les cellules de la moelle osseuse des patients ayant eu une crise cardiaque, protéine qui stimule la guérison du myocarde et protège de l’insuffisance cardiaque. Cette protéine, appelée « Myeloid-Derived Growth Factor » (MYDGF), est transportée des cellules de la moelle épinière vers les parties nécrosées du coeur après un infarctus. La fonction de MYDGF était jusqu’alors inconnue. Grâce à un modèle de souris, les scientifiques ont pu montrer que le processus de guérison du myocarde après un infarctus est perturbé en l’absence de cette protéine. Au contraire, l’infarctus guérissait mieux chez des souris traitées avec cette protéine pendant une semaine.

MYDGF pourrait ainsi être à la base d’une approche thérapeutique innovante pour la guérison après une crise cardiaque. L’avantage d’une thérapie protéinique par rapport à la thérapie cellulaire est double : elle est moins lourde, puisqu’il suffit d’injecter les protéines sous la peau ; et le traitement est plus fiable, car il est possible de produire des protéines très pures en grande quantité.

Les chercheurs souhaitent à présent continuer à développer cette nouvelle approche avec un partenaire industriel, puis passer aux essais cliniques. Ce projet est soutenu par l’Agence allemande des moyens pour la recherche (DFG) dans le cadre du cluster d’excellence REBIRTH (de la biologie régénérative aux thérapies reconstructrices).

Pour en savoir plus, contacts :

– Pr Kai Christoph Wollert – directeur du département de cardiologie moléculaire et translationnelle de la Clinique de cardiologie et angiologie de la MHH – tél. : +49 511 532 4055 – email : Wollert.Kai@mh-hannover.de
– Article paru dans la revue Nature Medicine: Mortimer Korf-Klingebiel et al., « Myeloid-derived growth factor (C19orf10) mediates cardiac repair following myocardial infarction », Nature Medicine (2015), doi:10.1038/nm.3777, http://www.nature.com/nm/journal/vaop/ncurrent/full/nm.3777.html

Sources :

« Repariert kranke Herzen: MHH-Forscher entdecken Protein im Knochenmark », communiqué de presse de la MHH – 13/01/2015 – http://redirectix.bulletins-electroniques.com/89xU9

Rédacteurs :

Rébecca Grojsman, rebecca.grojsman@diplomatie.gouv.fr – https://www.science-allemagne.fr