Identification d’une nouvelle maladie génétique

Une équipe internationale de chercheurs, coordonnée par Cristina Has de la Clinique dermatologique de l’Université de Fribourg (Bade-Wurtemberg), a identifiée une nouvelle maladie héréditaire complexe touchant plusieurs organes : la peau, les reins et les poumons. Les chercheurs ont pu montrer que la pathologie est due à des mutations dans le gène de l’intégrine alpha-3. Les résultats ont été publiés dans la revue scientifique « the New England Journal of Medicine » le 19 avril 2012 [1].

Les chercheurs ont travaillé sur trois patients montrant des symptômes similaires. Très rapidement après la naissance, ceux-ci étaient atteints d’une grave détresse respiratoire. Leurs reins étaient également touchés par le syndrome congénital néphrotique [2] provoquant une fuite de protéine dans les urines. Ce syndrome peut être confirmé par des analyses spécifiques et être traité par dialyse.

Les scientifiques n’ont pas immédiatement réalisé que les anomalies des deux organes étaient dues au même gène dysfonctionnel. C’est seulement l’apparition d’une fragilité de la peau à partir du deuxième mois qui a mis les chercheurs sur la piste. De nombreuses maladies caractérisées par une fragilité de la peau, et notamment par la formation de cloques lors de traumatismes minimes de la peau ou des muqueuses, ont une cause génétique : la mutation de gènes responsables de la cohésion des couches épithéliales. Ces maladies sont regroupées sous le terme « épidermolyse bulleuse ». En s’inspirant de ces informations et des analyses effectuées au sein du Centre sur l’épidermolyse bulleuse de la Clinique de Fribourg, les chercheurs ont pu identifier la protéine manquante, et finalement la mutation génétique à l’origine de la mystérieuse maladie.

« Nous avons élucidé les mécanismes moléculaires correspondant à ces signes cliniques et avons pu démontrer que l’implication des trois organes – peau, poumons, reins – pouvait être attribuée au même défaut moléculaire », a expliqué Cristina Has. « L’absence de l’intégrine alpha-3 a des conséquences négatives sur la structure et la fonction de la membrane basale, une couche protéique de la peau, des reins et des poumons. Les signes cliniques graves montrent que cette protéine joue un rôle essentiel chez ces organes dits « épithéliaux ». »

D’autres patients possédant la mutation dans le gène de l’intégrine alpha-3 seront étudiés par des équipes interdisciplinaires composées de dermatologues, pédiatres, et spécialistes des organes internes. Ces derniers tenteront d’identifier d’autres symptômes caractéristiques de la maladie.

 

Pour en savoir plus, contacts :

– [1] Publication originale : « Integrin ?3 Mutations with Kidney, Lung, and Skin Disease », the New England Journal of Medicine – 19/04/2012 – http://www.nejm.org/doi/full/10.1056/NEJMoa1110813
– [2] Plus d’informations sur le syndrome congénital néphrotique sont disponibles sur le site d’Orphanet : http://www.orpha.net/consor/cgi-bin/OC_Exp.php?Lng=FR&Expert=839.0
– Prof. Dr. Leena Bruckner-Tuderman, Directrice médicale – tél. : +49 761 270 67160 – email : leena.bruckner-tuderman@uniklinik-freiburg.de

 

Sources :

« Neue menschliche Krankheit entdeckt », dépêche idw, communiqué de presse de la Clinique universitaire de Fribourg – 19/04/2012 – http://idw-online.de/pages/de/news473092

 

Rédacteurs :

Claire Cécillon, claire.cecillon@diplomatie.gouv.fr – https://www.science-allemagne.fr