Les interactions médicamenteuses détectables à des doses de l’ordre du nanogramme

Des pharmacologues de l’Université clinique d’Heidelberg (Bade-Wurtemberg) ont abouti à des progrès significatifs en termes de sécurité dans la prise de plusieurs médicaments. Ainsi, au cours d’un essai clinique, ils ont pu détecter des interactions médicamenteuses à l’échelle du nanogramme. Cette étude ouvre des possibilités d’études d’interactions entre médicaments, et ce avec un risque restreint pour les patients.

Selon Walter E. Haefeli, directeur du service de pharmacologie clinique et pharmaco-épidémiologie à l’Hôpital universitaire d’Heidelberg, « il existe actuellement de nombreux patients souffrant de maladies chroniques, ainsi que des personnes âgées devant prendre de nombreux médicaments. Environ 2% des patients hospitalisés en Allemagne le sont du fait d’interactions médicamenteuses ».

Les scientifiques ont mené l’étude d’interactions auprès de douze volontaires sains. Ces derniers ont reçu deux principes actifs : le kétoconazole (un antifongique) et le midazolam (un sédatif), à une dose de 0.1 microgramme chacun, ce qui correspond à une quantité 30.000 fois inférieure à la quantité utilisée pour une thérapie usuelle. En utilisant une méthode de spectrométrie de masse ultrasensible, ils ont pu déterminer que les médicaments se comportent de manière identique, indépendamment de leur concentration. Les résultats de cette étude doivent permettre de réduire la dose nécessaire à prescrire pour les futures études d’interactions médicamenteuses.

En outre, une mesure plus précise de la vitesse à laquelle un médicament est assimilé a été réalisée. Ce type de résultat est important, notamment dans les cas où l’on cherche à quantifier de faibles concentrations, par exemple des contaminants dans l’eau potable ou encore des produits dopants dans le sang. Il suffit donc d’une petite quantité de sang pour déterminer la concentration résiduelle de l’ingrédient actif. De plus, la spectrométrie de masse permet de qualifier les molécules et de déterminer leur concentration ; ainsi, en fonction de leurs caractéristiques, les médicaments peuvent être identifiés de façon fiable. « Nous avons démontré pour la première fois que nous pouvons retrouver avec cette méthode des doses extrêmement faibles de médicaments dans le sang et en déterminer quantitativement les interactions », a déclaré M. Haefeli.

Le service clinique de pharmacologie et de pharmaco-épidémiologie de l’Université d’Heidelberg regroupe un ensemble de chercheurs spécialisés dans les études sur les mécanismes d’actions des principes actifs de médicaments, et comprend également un laboratoire d’analyse biochimique et moléculaire. Ce service met également en place des études cliniques de phases 1, 2 et 3.

 

 

Pour en savoir plus, contacts :

– Site internet du département de pharmacologie clinique et pharmaco-épidémiologie à l’Hôpital universitaire de Heidelberg: http://www.klinikum.uni-heidelberg.de/UEberblick.117526.0.html
– Dr. Klaus-M. Weltring, direction scientifique – tél. : +49 25 13 84 50 333 – email : weltring@bioanalytik-muenster.de
– Matthias Günnewig, direction des affaires – tél. : +49 25 13 84 50 330 – email : guennewig@technologiefoerderung-muenster.de

 

Sources :

« Wechselwirkungen zwischen Medikamenten sind auch bei niedrigster Dosierung messbar », communiqué de presse del’Université clinique d’ Heidelberg – 20/02/2013 – http://redirectix.bulletins-electroniques.com/2r3T1

 

Rédacteurs :

Louis Thiebault, louis.thiebault@diplomatie.gouv.fr – https://www.science-allemagne.fr