La culture de moules et d’algues contre la pollution de la mer Baltique

La société d’experts en écologie et en économie « Coastal research & management » (CRM) semble, pour enrayer la surproduction d’algues et de plantes aquatiques en mer Baltique, vouloir « combattre le mal par le mal ». En effet, les scientifiques de Kiel (Schleswig-Holstein) ambitionnent de limiter la trop grande concentration de nutriments – notamment due à l’agriculture intensive dans la région – observée sur les côtes de la Baltique en cultivant dans ces milieux des moules et des algues brunes. Les deux espèces, qui requièrent une eau très riche en nutriments pour leur croissance, seront ensuite récoltées, puis réutilisées, notamment dans le secteur de l’aquaculture, en raison de leurs qualités nutritives. Ce projet, soutenu à hauteur de 320.000 euros par la Fondation fédérale allemande de l’environnement (DBU), permettra non seulement de diminuer la pollution engendrée par un taux trop élevé de substances nutritives en mer Baltique, mais elle visera également à renforcer une aquaculture plus durable.

 

Les rives de la mer Baltique sont parmi les zones côtières les plus densément peuplées et les plus intensément exploitées de la planète. L’activité humaine (industrie, agriculture, etc.) dans la région conduit à une eutrophisation [1] de la mer Baltique, c’est-à-dire à l’apport exagéré de substances nutritives dans ce milieu aquatique. Ceci entraîne une surproduction d’algues et de plantes aquatiques ainsi qu’un appauvrissement en oxygène du milieu marin. L’équilibre écologique du milieu peut être fortement bouleversé par ce phénomène biochimique, qui peut même mettre en péril l’existence de certaines espèces animales et végétales présentes dans les fonds marins. Le phénomène d’eutrophisation présente un risque d’autant plus grand que la Baltique est une mer presque totalement fermée.

 

L’équipe de chercheurs du CRM en collaboration avec la Société d’aquaculture marine (Gesellschaft für Marine Aquakultur) de Büsum souhaitent à présent, via la culture de moules et d’algues brunes, endiguer le problème de l’eutrophisation de la mer Baltique. Le projet prévoit d’établir plusieurs zones de culture, certes physiquement séparées mais cependant étroitement espacées. Les populations d’organismes pourraient s’étendre le long de lignes spécialement disposées à cet effet. Les espèces de moules déjà présentes dans la zone ainsi que les laminaires sucrées [2] se prêtent, d’après les scientifiques, particulièrement bien à l’expérience : elles s’approvisionnent exclusivement des nutriments présents dans l’eau et n’ont pas besoin de suppléments alimentaires. Chacun des deux types d’organismes profite de la présence de l’autre : en filtrant l’eau, les moules fournissent par exemple plus de lumière aux algues qui peuvent ainsi mieux se développer. La récolte de ces deux organismes contribue à réduire la surconcentration de substances nutritives et à améliorer la qualité de l’eau.

 

Les moules et les algues récoltées peuvent ensuite être soit utilisées comme denrées alimentaires « classiques » en direction du marché agro-alimentaire, soit transformées pour l’alimentation des poissons d’élevage. « Il s’agit d’une idée très créative pour soulager les écosystèmes, qui permet également de renforcer le secteur de l’aquaculture durable », se félicite le Dr. Fritz Brickwedde, Secrétaire général du DBU. L’utilisation de moules, riches en acides gras insaturés, dans la préparation de l’alimentation fournie aux poissons permet de s’abstenir d’une partie de l’huile de poisson généralement employée [3].

 

Quelques 32 tonnes de moules et 10 tonnes d’algues brunes devraient être produites chaque année grâce à ce projet. D’après M. Brickwedde, il s’agit d’une idée novatrice et prometteuse, susceptible de s’exporter dans de nombreuses régions du monde. Les produits de la mer étant des aliments dont la demande augmentera dans le futur, il est essentiel selon M. Brickwedde de développer et de soutenir, à l’instar de ce projet, une aquaculture durable.

 

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[3] Jusqu’à présent, l’huile de poisson était produite à partir de pêches sauvages.

 

Pour en savoir plus, contacts :

– [1] Article Wikipédia sur l’eutrophisation : http://fr.wikipedia.org/wiki/Eutrophisation
– [2] Type d’algue brune aussi appelé saccharina latissima. Article wikipédia sur les laminaires sucrées : http://fr.wikipedia.org/wiki/Saccharina_latissima
– informations supplémentaires sur « Coastal research & management » à l’adresse suivante : http://www.crm-online.de/

Source :

Communiqué de presse de la Fondation fédérale allemande de l’environnement – 05/01/2010

Rédacteur :

Julien Sialelli, julien.sialelli@diplomatie.gouv.fr