Nouvelles recommandations du Conseil allemand pour la bioéconomie

Le BioOkonomieRat (BOR) [1], organe consultatif indépendant du gouvernement fédéral allemand sur les questions qui touchent à la bio-économie, vient de publier ses dernières recommandations. Dans son deuxième volet, le conseil d’expertise définit les thèmes de ce qui lui semble être les priorités de recherches que l’Allemagne devrait considérer dès à présent.

Sur un total de 35 sujets, le BOR a identifié 14 sujets qui sont pour lui d’un intérêt particulier, dont quatre considérés comme particulièrement urgents :
– Un élevage du bétail et une reproduction ciblée des cultures de plantes pour augmenter leur rendement et leur production, améliorer certaines de leurs caractéristiques spécifiques et ainsi optimiser le potentiel génétique des variétés est la première des urgences.
– Le développement de technologies innovantes, l’amélioration des processus et l’augmentation de l’efficacité économique le long des chaînes de valorisation devraient constituer le deuxième axe fort, et ainsi aider à réduire les pertes élevées le long des chaînes de valeur et orienter la bio-économie vers le consommateur.
– Des innovations dans la production, la conversion et le stockage d’énergie à partir de la biomasse font partie de la troisième préoccupation essentielle. Minimiser la concurrence avec la production pour l’alimentation et le fourrage des animaux est une priorité importante.
– Le quatrième axe doit être la mise en place de recherche sur les sols en tant que ressource, compte tenu de l’augmentation de la demande de biomasse et d’une dépendance toujours plus grande vis-à-vis de la productivité des sols. La recherche dans le domaine de la préservation à long terme des terres agricoles en quantité suffisante et de qualité doit donc également recevoir un soutien prioritaire. [2]

Lors de la Grüne Woche fin janvier 2012 à Berlin, Reinhard F. Huettl, Président du BioökonomieRat et de l’Académie des technologies Acatech et Joachim von Braun, Directeur du Centre de recherche sur le développement (ZEF) de l’Université de Bonn (Rhénanie du Nord-Westphalie) et Vice-président du BioOkonomieRat, en ont profité pour présenter au Gouvernement fédéral ainsi qu’à un large public le troisième volet de leurs recommandations, qui porte plus précisément sur les questions énergétiques.

Le développement des bioénergies dans le contexte de la politique allemande actuelle de transition énergétique [3] devrait selon le BOR davantage se baser sur des critères de rentabilité et de performance. Pour ces experts, la priorité devrait être donnée à la sécurité alimentaire. Comme le déclare Reinhard F. Hüttl, « Des importations encore plus élevées de matières premières agricoles pour la production de bioénergie ne peuvent pas avoir pour conséquence que la faim mondiale augmente encore plus ». Une stratégie autour de la bioénergie doit intégrer les aspects environnementaux et climatiques et avoir pour ambition un accroissement de l’efficacité, grâce à la recherche de nouvelles technologies, pour un bon développement du secteur. Les experts du BioOkonomieRat perçoivent de façon plutôt critique les instruments de financements actuels dans le secteur de la bioénergie.

Les craintes du BOR reposent sur le fait que la promotion de la bioénergie dans le cadre de la loi sur les énergies renouvelables (EEG) [4] entraîne d’importants coûts économiques et des hausses de prix. Dans ce contexte, les instruments de financement mis en pratique conduiraient à une valeur commerciale plus élevée des produits agricoles destinés à une conversion en bioénergie par rapport à ceux destinés à l’alimentaire humaine ou animale.

Pour une utilisation plus économique et durable de la bioénergie, Reinhard F. Hüttl prône une meilleure efficience du secteur. « Afin de ne pas augmenter davantage le conflit entre « cultures énergétiques » et « cultures alimentaires », nous devons accroître le rendement énergétique par unité de surface, mieux valoriser les résidus et déchets et utiliser de manière plus intelligente les surfaces non appropriées à la culture agroalimentaire ou fourragère ». Dans ce contexte, les experts préconisent des efforts de recherche pour améliorer l’efficacité des centrales utilisant la biomasse, des biocarburants, et des méthodes innovantes telles que la production d’énergie à partir de microalgues.

Il n’existe pas en Allemagne suffisamment de surfaces cultivables disponibles pour la biomasse pour répondre à la demande bioénergétique. L’Allemagne importe aujourd’hui près de 40% de la biomasse qu’elle traite dans ses usines pour en faire de la bioénergie. Joachim von Braun s’inquiète du fait que ce type d’importation ait un impact économique, environnemental et social négatif sur les pays en voie de développement, qui en sont très souvent les producteurs. Il appelle ainsi à intensifier la recherche pour améliorer la productivité et les réglementations internationales pour que la sécurité alimentaire soit assurée et ne souffre pas d’une excessive utilisation énergétique des surfaces cultivables.

Pour en savoir plus, contacts :

– [1] « La stratégie allemande pour le développement de la bio-économie » – Note sur le portail pour la Science de l’Ambassade de France en Allemagne – 29/08/2011 – http://redirectix.bulletins-electroniques.com/4u2YG
– [2] « La conservation des sols : l’une des quatre priorités du conseil BioOkonomie allemand » – Note sur le portail pour la Science de l’Ambassade de France en Allemagne – 04/01/2012 – http://redirectix.bulletins-electroniques.com/B3Kdj
– [3] « Transition énergétique : un « projet commun pour l’avenir », le rapport final de la Commission d’éthique est paru le 30 mai 2011  » – BE Allemagne 528 – 01/06/2011 – http://www.bulletins-electroniques.com/actualites/66914.htm
– [4] Version anglaise de la loi EEG disponible sur : http://www.bmu.de/english/renewable_energy/doc/47883.php
– Deuxième volet complet du BioOkonomieRat sur les priorités de recherche : http://redirectix.bulletins-electroniques.com/8Vxj2
– Troisième volet complet du BioOkonomieRat sur la bioénergie : http://redirectix.bulletins-electroniques.com/QHXYO

 

Sources :

–  » Prioritäten in der Bioökonomie-Forschung », rapport du BOR – http://redirectix.bulletins-electroniques.com/ubebL
– « BioOkonomieRat empfiehlt Nutzung der Bioenergie zu korrigieren », rapport du BOR – 20/01/2012 – http://redirectix.bulletins-electroniques.com/vzLIY – http://redirectix.bulletins-electroniques.com/LkUOr

 

Rédacteurs :

Myrina Meunier, myrina.meunier@diplomatie.gouv.fr – https://www.science-allemagne.fr