Ces composés chimiques qui inhibent les fonctions des cellules : cas du bisphénol A

Depuis de nombreuses années, les composants de certains plastiques, comme le bisphénol A (BPA) [1], font l’objet d’études, dans le but d’identifier d’éventuels effets néfastes sur la santé des foetus et des nouveau-nés.

 
Des chercheurs de l’Université de Bonn (Rhénanie du Nord-Westphalie) ont réalisé des expériences sur des échantillons de tissus de souris et d’êtres humains, et ont déterminé que certains composés chimiques bloquent les canaux calciques dans les membranes cellulaires. La circulation du calcium par ces canaux régule notamment la contraction des cellules musculaires cardiaques, l’activité des enzymes, et la communication entre cellules nerveuses.

 
Selon des résultats récents [2], « le bisphénol A peut affecter l’équilibre hormonal et nuire aux activités des enzymes et des protéines de transport », explique Dieter Swandulla de l’Institut de Physiologie II à Université de Bonn. L’organisme atteint sera favorable au développement de maladies cardiaques, du diabète, de l’obésité, du cancer et des troubles neurologiques. « Les foetus et les nouveau-nés semblent être particulièrement sensibles au BPA », explique le physiologiste.

 
Le blocage par le BPA est un effet similaire à celui des médicaments administrés contre l’hypertension artérielle et les arythmies cardiaques mais aussi proche de l’action d’agents neurotoxiques comme les métaux lourds. Cependant, comme la liaison du bisphénol A au canal calcique est réversible, le produit chimique peut être éliminé par l’organisme.

 
A titre de précaution, la Commission européenne a interdit en 2011 l’utilisation du bisphénol A dans les biberons. Toutefois, le bisphénol A et ses composés apparentés sont toujours présents dans l’environnement en très grande quantité : disques, billets de banque, emballages, boîtes de conserve, plombages dentaires, retardateurs de flamme… Ce produit étant aussi présent dans l’air sous forme de poussières, et ce, en quantités non négligeables, toute personne est donc chroniquement exposée à ces substances. « Il serait donc souhaitable de stopper complètement la production de BPA » a déclaré Dieter Swandulla. L’enjeu actuel est de trouver des substituts dépourvus d’effet nocif sur l’organisme.

 

[1] Le bisphénol A (BPA) est un produit chimique industriel utilisé pour la fabrication de matières plastiques et de résines synthétiques.

 

Pour en savoir plus, contacts :

– [2] « Bisphenol A inhibits voltage-activated Ca2+ channels in vitro: mechanisms and structural requirements » etude publiée dans Molecular Pharmacology en 2012.
– Dieter Swandulla – Université de Bonn Friedrich-Wilhelms – Institut de Physiologie II – tél. : +4922 87 36 01 00 – email : dieter.swandulla@ukb.uni-bonn.de

 

Sources :

« Umweltchemikalie blockiert Zellfunktion » – Communiqué de presse de l’Université de Bonn Friedrich-Wilhelms – 11/12/2012 – http://redirectix.bulletins-electroniques.com/JlEFa

 

Rédacteurs :

Clément Guyot, clement.guyot@diplomatie.gouv.fr – https://www.science-allemagne.fr