Bioénergie et protection de la nature : comment éviter la monoculture de maïs ?

En Allemagne, 20% des 12 millions d’hectares de terres arables sont actuellement consacrés à la culture de plantes énergétiques. Suivant la volonté politique de développer massivement la biomasse comme source d’énergie, cette culture possède pourtant un inconvénient : elle privilégie la culture de maïs et menace ainsi la biodiversité. Pour y remédier, le Ministère fédéral de l’environnement (BMU) a lancé dans le cadre de son programme de recherche sur l’environnement (UFOPLAN) [1] un projet intitulé « culture de biomasse pour l’avenir – un point de vue naturaliste ».

Des chercheurs en écologie du paysage de l’Université de Hohenheim (Stuttgart – Bade-Wurtemberg) ont à ce titre été soutenus à hauteur de 288.000 euros pour évaluer les impacts sur la biodiversité des différentes plantes énergétiques. Il s’agit notamment du maïs, du colza, de la betterave à sucre, du miscanthus (roseau de Chine) et de jeunes plantes céréalières. Chaque plante est étudiée sur un terrain d’essai d’au moins un hectare. L’objectif des chercheurs est d’identifier les fonctions écosystémiques remplies par les différentes plantes, que ce soit par rapport aux oiseaux, aux plantes sauvages, aux insectes, aux araignées ou encore aux vers, afin d’établir un classement entre les différentes plantes et des standards scientifiques permettant de comparer différentes études.

Etant données les difficultés à comparer les conséquences sur la biodiversité, chaque expérience est réalisée de manière identique dans deux paysages ou régions écologiquement très différents : près de Sigmaringen (Sud du Bade-Wurtemberg) et près de Höxter (Est de la Rhénanie du Nord-Westphalie). Les chercheurs s’attendent à ce que la biodiversité de cette dernière soit plus riche.

Les standards permettant d’identifier les plantes énergétiques en fonction de leurs impacts sur la biodiversité devront tenir compte non seulement de l’ampleur de l’impact, mais aussi de sa gravité. Selon les chercheurs, il est essentiel de distinguer les espèces animales ou végétales dites « spéciales » de celles dites « générales ». En effet, un individu « spécialiste » possède une « valeur » plus importante eu égard à la protection de la nature, car celui-ci est si bien adapté à son milieu que le moindre changement constituerait une menace. En revanche, un « généraliste » est plus flexible et saura s’accommoder des changements intervenant dans son écosystème.

 

Pour en savoir plus, contacts :

– [1] Plus d’informations sur le programme de recherche sur l’environnement du BMU (en allemand) : http://www.umweltbundesamt.de/service/ufoplan.htm
– Département d’écologie du paysage et de phytosociologie de l’Université de Hohenheim : http://redirectix.bulletins-electroniques.com/YC416
– Contact : Prof. Dr. Martin Dieterich, Université de Hohenheim, Département d’écologie du paysage et de phytosociologie – tél. : +49 711/459 23530 ou +49 7021/735 942 – email : Martin.Dieterich@uni-hohenheim.de

 

Sources :

« Naturschutz und Bioenergie: Okologe erfasst Artenvielfalt auf Energiepflanzenfeldern » dépêche idw, communiqué de presse de l’Université de Hohenheim – 12/04/2012 – http://idw-online.de/de/news471849

 

Rédacteurs :

Edith Chezel, edith.chezel@diplomatie.gouv.fr – https://www.science-allemagne.fr