Des énergies fossiles pour l’avenir ? Le défi du stockage du CO2

 

Les 24 et 25 octobre 2011, la Commission Européenne a réuni comme chaque année les acteurs gouvernementaux et internationaux (Agence internationale de l’énergie) ainsi que les acteurs industriels au forum des énergies fossiles à Berlin pour une session plénière. Les thèmes principaux abordés dans les ateliers concernaient la place des énergies fossiles dans le mix européen, la capture et le stockage du CO2 (CCS), l’échange de bonnes pratiques, notamment dans le développement de l’exploitation de gaz non conventionnels, ainsi que la sécurité des installations d’extraction en mer.

Aujourd’hui, les énergies fossiles contribuent en Europe pour 50% à la production d’électricité, 80% à la production d’énergie et près de 100% au transport. Les énergies fossiles semblent donc avoir en Europe encore de beaux jours devant elles. Cependant, l’Europe s’est engagée à réduire ses émissions de CO2 de 80 à 95% par rapport à 1990 d’ici 2050. Elle produira encore 4 gigatonnes de CO2 en 2020 quand la Chine en produira 10.

Aussi, trois solutions existent pour atteindre l’objectif d’un système énergétique décarboné en 2050 : les énergies renouvelables, le CCS ou le nucléaire. L’utilisation de charbon et de gaz en compensation de la baisse d’utilisation du nucléaire, suite à l’accident de Fukushima et en compensation de la variabilité de la production d’origine renouvelable, risquent d’augmenter la production du CO2. Aussi le CCS semble une technologie indispensable à la décarbonisation du mix énergétique européen. Néanmoins, les difficultés d’acceptation du public ainsi que des gouvernements eux-mêmes tendent à ralentir son développement. En effet, sur les six pays hébergeant les six projets de démonstration sélectionnés [1], seul un a transposé la directive européenne sur le CCS : l’Italie. Elle est donc le seul pays au stade de démonstration à disposer d’un cadre légal pour cette nouvelle technologie. Le sénat allemand avait rejeté cette loi fin septembre 2011 [2], alors même que l’Allemagne émet actuellement 16 tonnes de CO2 par seconde.

Un ordre de grandeur donné pendant la conférence : le volume de stockage d’une tonne de CO2 correspond à la taille d’une piscine standard (25*16*2m). Pour stocker toutes les émissions de CO2 en Europe, il faudrait remplir 130 piscines chaque seconde.

L’acceptation du public est par conséquent un élément majeur dans la mise en place du CCS ainsi que de l’amélioration des technologies utilisées dans toutes les énergies fossiles. Gagner la confiance des consommateurs est le défi principal des industries fossiles pour continuer à produire l’énergie dont ces mêmes consommateurs ont besoin.

[1] Afin de démontrer la faisabilité de la capture et du stockage de carbone à partir d’une centrale thermique fonctionnant au charbon, la DG énergie de la Commission Européenne subventionne et coordonne six projets de démonstration (voir [3]). Les membres actuels du réseau sont : le site de Hatfield en Grande Bretagne (Don Valley), Rotterdam aux Pays-Bas (ROAD Project), Compostelle en Espagne (Oxy CFB 300) Porto Tolle en Italie, Belchatow en Pologne et Jänschwalde en Allemagne.

 

Pour en savoir plus, contacts :

– Plus d’information sur le forum des énergies fossiles (anglais) : http://ec.europa.eu/energy/oil/berlin_forum/berlin_forum_en.htm
– [2] voir : « Le Sénat allemand a rejeté la loi sur le captage et le stockage du CO2 (CCS) », BE Allemagne 541 – 28/09/2011 – http://www.bulletins-electroniques.com/actualites/67790.htm
– [3] The European CCS Demonstration Project Network (en anglais) : https://www.ccsnetwork.eu/

 

Sources :

Berlin fossil fuel forum, Berlin, 24 et 25 octobre 2011

 

Rédacteurs :

Edith Chezel, edith.chezel@diplomatie.gouv.fr – https://www.science-allemagne.fr