Du stockage biologique de l’hydrogène

L’hydrogène est une solution écologique pour l’alimentation énergétique future. Un moyen sûr et efficace de le stocker a été découvert par les scientifiques Kai Schuchmann et Volker Müller, de l’Université Goethe de Francfort-sur-le-Main (Hesse) [1]. Ils ont trouvé à l’intérieur d’une bactérie, une enzyme convertissant l’hydrogène et le dioxyde de carbone en acide formique. A la différence de l’hydrogène gazeux, ce liquide peut être stocké et transporté comme des carburants classiques. L’avantage réside dans le fait que l’hydrogène ne serait reformé qu’au sein d’une pile à combustible sur le lieu même de la consommation. Aussi, l’acide formique peut être utilisé directement pour l’alimentation énergétique d’appareils électroniques tels que les téléphones mobiles.

« Une voiture équipée d’une pile à combustible a besoin d’environ 45.000 litres d’hydrogène gazeux (T° ambiante et pression atmosphérique) pour parcourir 400 km. Ce montant pourrait être stocké sous forme d’environ 75 litres d’acide formique liquide » calcule M. Schuchmann. Le chercheur a étudié le métabolisme de la bactérie Acetobacterium woodii. Cet organisme donne un aperçu de la vie des premiers organismes sur terre. « Il est maintenant démontré que cette bactérie est également un grand potentiel pour les technologies futures », a déclaré M. Schuchmann. Jusqu’à présent, les catalyseurs chimiques nécessitaient généralement des pressions ou des températures élevées pour la réaction rapide de l’hydrogène et du CO2. Grâce à cette variante biologique, la réaction est réalisable avec des paramètres moins contraignant.

« Cette enzyme n’est pas seulement intéressante parce qu’elle permet à la fois le stockage et la libération de l’hydrogène avec une grande efficacité, mais aussi parce qu’elle rend possible la valorisation de monoxyde de carbone, co-produit durant le procédé », a déclaré Volker Müller, directeur du département de microbiologie moléculaire et de bioénergie de l’Université Goethe. Ceci représente un avantage car la pile à combustible peut être endommagée par une contamination au monoxyde de carbone.

Les scientifiques ont déjà déposé un brevet pour leur système de stockage biologique de l’hydrogène, dans lequel ils peuvent également utiliser l’ensemble des bactéries. « On doit amener la bactérie Acetobacterium woodii à stopper son métabolisme après la production de l’acide formique, qui est seulement un produit intermédiaire », explique M. Müller. Les chercheurs y sont parvenus grâce à l’élimination d’ions sodium ; la bactérie a en effet besoin de sodium pour une étape décisive de la production d’énergie, tel que le scientifique l’a découvert en 2012.

 

Pour en savoir plus, contacts :

– [1] L’étude de Kai Schuchmann et Volker Müller, « Direct and reversible hydrogenation of CO2 to formate by a bacterial carbon dioxide reductase », a été publiée dans le journal Science. doi: 10.1126/science.1244758
– Kai Schuchmann, département de microbiologie moléculaire et de bioénergie, Institut de biosciences moléculaires, Université Goethe de Francfort-sur-le-Main – tél. : +49 69 798 29589 – email : schuchmann@bio.uni-frankfurt.de
– Volker Müller, directeur du département de microbiologie moléculaire et de bioénergie, Institut de biosciences moléculaires, Université Goethe de Francfort-sur-le-Main – tél. : +49 69 798 29507 – email : VMueller@bio.uni-frankfurt.de.

Sources :

« Neuer Weg zu einem effizienten Wasserstoff-Speicher », communiqué de presse de l’Université Goethe de Francfort-sur-le-Main – 13/12/2013 – http://www.muk.uni-frankfurt.de/48994691/316

Rédacteur :

Hélène Benveniste, helene.benveniste@diplomatie.gouv.fr – https://www.science-allemagne.fr/