Production accélérée de bioéthanol à partir de déchets de sucres

Les levures préfèrent le glucose de haute qualité à la xylose provenant de résidus végétaux. C’est pourquoi elles ne fermentent le sucre issu de déchets en bioéthanol que lorsqu’il n’y a plus de glucose disponible. Ceci rallonge les temps de production de bioéthanol, entraînant des coûts plus élevés. Des chercheurs de l’Université Goethe de Francfort-sur-le-Main (Hesse) ont réussi à contourner cette difficulté en transformant un système de transport de glucose de la membrane cellulaire de la levure en un système de transport de xylose spécifique. Leurs résultats ont été publiés dans la revue « Proceedings of the National Academy of Science » [1]. L’étude a été en partie financée par le Ministère fédéral de l’alimentation et de l’agriculture (BMEL).

De grands espoirs sont placés dans les biocarburants de deuxième génération, car ils peuvent être obtenus à partir de déchets. En outre, leur fabrication génère beaucoup moins de gaz à effet de serre que les biocarburants de première génération, fabriqués à partir de plantes pour la nourriture humaine ou animale. Cependant jusqu’à présent, des obstacles de types techniques et financiers se présentaient à la production de ces carburants à partir de déchets. « Le problème réside dans le fait que les différents sucres doivent être absorbés par le même système de transport dans la levure. Ce système favorise l’absorption du glucose et seulement lorsque celui-ci est consommé, la xylose peut être captée et transformée en bioéthanol », explique le professeur Eckhard Boles, de l’Institut de biosciences moléculaires de l’Université Goethe. Depuis plus de 15 ans, les scientifiques ont cherché en vain des systèmes de transport qui consomment prioritairement la xylose.

Les scientifiques de Francfort-sur-le-Main ont maintenant réussi de façon totalement différente à trouver chez les levures un système d’absorption spécifique pour la xylose. Ils ont réussi à convertir un système de transport du glucose en un système de transport de xylose spécifique. Un tel système n’est pas connu dans la nature. Si l’on modifie les levures afin qu’elles aient les deux systèmes de transport, elles pourront transformer simultanément du glucose et de la xylose de façon nettement plus rapide en bioéthanol. « C’est une autre étape importante dans la production à faible coût de bioéthanol à partir de déchets qui vient d’être atteinte », a déclaré M. Boles.

L’équipe de recherche a développé, au cours des dernières années, des technologies élémentaires pour transformer du sucre issu de déchets en bioéthanol avec l’aide de levures. La production de ce que l’on appelle l’éthanol cellulosique est entre-temps devenue commercialisable.

 

Pour en savoir plus, contacts :

– [1] Voir la publication des scientifiques de Francfort : Alexander Farwick, Stefan Bruder, Virginia Schadeweg, Mislav Oreb, und Eckhard Boles: Engineering of yeast hexose transporters to transport D-xylose without inhibition by D-glucose, in PNAS, doi: 10.1073/pnas.1323464111; http://www.pnas.org/content/early/2014/03/19/1323464111.abstract
– Eckhard Boles, Institut de biosciences moléculaires, Université Goethe – tél. : +49 69 798 29513 – email : e.boles@bio.uni-frankfurt.de

 

Sources :

« Produktion von Bioethanol aus Abfallen beschleunigt », communiqué de presse de l’Université Goethe de Francfort-sur-le-Main – 25/03/2014 – http://www.muk.uni-frankfurt.de/50062273/066

 

Rédacteurs :

Hélène Benveniste, helene.benveniste@diplomatie.gouv.fr – https://www.science-allemagne.fr/