Gaz de schistes en Allemagne : un fort encadrement législatif annoncé

Jeudi 6 septembre 2012, Peter Altmaier, Ministre fédéral de l’environnement (BMU), a présenté les conclusions d’un rapport de l’Office fédéral pour l’environnement (UBA) sur les risques de la fracturation hydraulique, technique d’extraction des gaz de schistes selon laquelle un mélange d’eau, de sables et de produits chimiques est injecté sous forte pression dans la roche contenant lesdits gaz pour les faire remonter à la surface.

Cette technique, très controversée outre-Rhin, est néanmoins regardée avec intérêt par les industriels gaziers. L’Allemagne disposerait en effet de gisements de gaz de schistes conséquents, estimés entre 700 et 2.300 milliards de mètres cube ; à titre comparatif, sa consommation annuelle en gaz est de l’ordre de 100 milliards de mètres cube.

Le rapport de l’UBA juge une partie des composants chimiques utilisés pour la fracturation « dangereux, toxiques et dommageables pour la santé et l’environnement ». Sa principale inquiétude réside dans la contamination des nappes d’eau potable. M. Altmaier a donc exclu l’extraction de ces gaz dans les zones contenant de telles nappes et des sources ; celles-ci représentent 14% du territoire allemand. Il n’envisage cependant pas l’interdiction de telles extractions en-dehors de ces zones, mais exige qu’elles aient lieu « sous des conditions strictes ». L’UBA préconise en outre la nécessité d’une évaluation formelle des impacts environnementaux associant les citoyens concernés.

Ce rapport apparaît dans un contexte européen hésitant. L’étude intitulée « Extraction de gaz non conventionnels : potentiels sur le marché de l’énergie et conséquences dans l’Union européenne », commandée par Günther Oettinger, le Commissaire européen à l’énergie et homme politique allemand, souligne les « grandes incertitudes » concernant la disponibilité et la sûreté d’exploitation des gaz de schistes.

Les associations de défense de l’environnement allemandes, elles, plaident toujours pour une interdiction totale de l’exploitation des gaz de schistes. Les industriels, quant à eux, envisagent de continuer à prospecter certains sites. Ainsi, Wintershall, filiale du groupe BASF, souhaite ouvrir deux concessions en Rhénanie du Nord-Westphalie afin de déterminer si elles présentent un potentiel d’exploitation. Les ministères de l’environnement et de l’économie de ce Land ont toutefois fait savoir, vendredi 7 septembre 2012, qu’aucune autorisation d’exploitation par fracturation hydraulique ne serait accordée.

 

Pour en savoir plus, contacts :

Plus d’informations sur le rapport de l’UBA (en allemand) : http://redirectix.bulletins-electroniques.com/CTexb

 

Sources :

– « Energie aus Schiefergestein », article de Die Welt – 29/08/2012
– « Nur unter strengen Auflagen », article du Berliner Zeitung – 07/09/2012
– « Angst ums Wasser », article du Handelsblatt – 07/09/2012
– « Wintershall prüft Förderung von Schiefergas in Deutschland », article du Handelsblatt – 10/09/2012

 

Rédacteurs :

Hélène Benveniste, helene.benveniste@diplomatie.gouv.fr – https://www.science-allemagne.fr/