Photovoltaïque : des champignons noirs mettent à mal la performance des panneaux solaires

Les champignons noirs, organismes vivants très résistants, ont pour habitude de s’agréger sur des surfaces solides pour former, à l’aide de cyanobactéries, de fines pellicules de matière organique dénommées biofilms. Or, ces organismes se déposent également sur la surface des panneaux solaires. Des chercheurs de l’Office fédéral de recherche et d’essais sur les matériaux (BAM, Berlin) ont donc entamé des travaux dans l’objectif de déterminer l’influence de ces biofilms sur la performance des panneaux.

 
Ces champignons noirs, à la membrane cellulaire épaisse et se regroupant en colonies à structure compacte, sont en effet très résistants aux agressions (chaleur, dessèchement, froid, rayonnement UV). Ils sont également pionniers dans la colonisation des surfaces solides en contact avec l’air. D’autre part, ils absorbent de grandes quantités de lumière, en particulier dans le domaine de longueur d’onde compris entre 300 et 1.000 nm, qui correspond au rayonnement solaire utile pour la production d’électricité. Ces champignons n’entravent pas seulement la performance des installations ; ils attirent en outre les minéraux du verre à eux, causant des dommages sur celui-ci. Par ailleurs, des filaments mono- ou pluricellulaires du champignon, dénommés hyphes, infiltrent le verre et, petit à petit, causent des dégâts physiques et chimiques. Même en ôtant le biofilm, le verre n’est plus lisse et la lumière s’en trouve diffusée.

 
Le groupe de chercheurs du BAM étudie donc ce type de biofilms, dont l’impact sur les panneaux solaires est très peu connu à l’heure actuelle. Jusqu’à présent, trois panneaux d’âges différents et issus de différents sites ont été étudiés. Les résultats sont très variés : l’un des panneaux, mis en service il y a au moins dix ans et monté sur la bande centrale d’une autoroute, ne présente pas de biofilm. A l’inverse, un panneau de trois ans qui était, lui, placé sur un toit, est recouvert d’un biofilm distinct. Les axes de recherche se tournent à présent vers la détermination du type d’installations particulièrement concernées, ainsi que des facteurs influant la colonisation par les champignons. L’angle d’inclinaison du panneau solaire ainsi que le type de surface du verre pourraient jouer un rôle. Les échantillons prélevés sur les panneaux seront mis à disposition en tant qu’organismes de référence pour de prochains tests. Ils seront à l’avenir également proposés aux constructeurs pour leurs propres expérimentations. Ces champignons pourraient en effet influencer la durée de vie des panneaux, s’élevant aujourd’hui à 25 ans en moyenne, selon les constructeurs.

 

Pour en savoir plus, contacts :

Dr. rer. nat. Steffi Noack-Schönmann, responsable du projet de recherche sur les champignons noirs au Département matériaux et environnement de l’Office fédéral de recherche et d’essais sur les matériaux (BAM) – tél. : +49 30 8104-1419, fax. : +49 30 8104-1417 – email : steffi.noack@bam.de

 

Sources :

« Biofilme auf Solarstromanlagen beeinträchtigen die Leistung », dépêche idw, communiqué de presse du BAM – 30/10/2012 – http://redirectix.bulletins-electroniques.com/t6qbz

 

Rédacteurs :

Hélène Benveniste, helene.benveniste@diplomatie.gouv.fr – https://www.science-allemagne.fr