La vulnérabilité de l’économie au « Peak Oil »
Dans les sociétés industrielles, de grandes parts de l’économie sont tributaires du pétrole : il est utilisé comme combustible de chauffage dans les foyers, fournit le carburant pour le transport, et il est le matériau de base dans l’industrie chimique. Le pétrole, étant une énergie fossile et non renouvelable, n’est disponible qu’en quantité limitée.
Une étude menée par Christian Kerschner, chercheur à l’Institut de recherche intégrative pour les transformations des systèmes homme-environnement (IRI THESys) de l’Université Humboldt de Berlin, en collaboration avec des scientifiques de l’Université du Maryland (USA), montre les menaces pouvant surgir pour un système macro-économique si le débit maximum de la production mondiale de pétrole est atteint [1].
Se basant sur l’exemple du marché économique américain, l’équipe de chercheurs a identifié des secteurs dont la vulnérabilité au pic pétrolier est particulièrement élevée : « L’économie américaine, en tant que plus grande consommatrice de pétrole au monde, est un bon exemple de système économique fortement dépendant de cette ressource », explique M. Kerschner. « Si une pénurie de pétrole a lieu du fait du pic pétrolier, la menace d’un effondrement des chaînes d’approvisionnement devient réelle. Ainsi, le secteur sidérurgique, l’industrie plastique et chimique, la production d’engrais et le transport aérien étant particulièrement tributaires de la production de pétrole, ils sont donc extrêmement vulnérables. Ils présentent un risque pour toute l’économie américaine ». Ces industries ont une grande importance financière et structurelle ; en outre, leurs produits deviendront beaucoup plus chers une fois le pic pétrolier atteint.
Selon l’étude, ces risques peuvent être néanmoins réduits : « Cela nécessiterait de diminuer l’importance structurelle et financière de ces secteurs vulnérables. » Par exemple, l’importance de la production d’engrais synthétiques pourrait diminuer, si les pratiques agricoles organiques étaient financées de manière adéquate. « Nos résultats fournissent un système d’alerte précoce pour les secteurs vulnérables et pour ceux qui dépendent d’eux. Notre objectif est d’informer les gouvernements, le public et les entreprises sur les dangers encourus, de leur fournir des outils pour un plan d’action politique et donc de jeter les bases d’une économie durable et sûre », résume M. Kerschner.
L’analyse du groupe de recherche ne se limite pas à l’étude du phénomène du pic pétrolier. L’approche peut être appliquée à d’autres défis environnementaux. Ainsi, le modèle peut être complété par d’autres dimensions d’analyse permettant de tirer des conclusions concrètes concernant, par exemple, la vulnérabilité économique au changement climatique.
Pour en savoir plus, contacts :
– [1] L’étude en question a été publiée dans la revue en ligne « science direct » le 13 octobre 2013, dans la section « Global environmental change » : Kerschner, C., Prell, C., Feng, K., Hubacek, K., 2013. Economic vulnerability to Peak Oil, Global Environmental Change http://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0959378013001544
– Dr. Christian Kerschner, IRI THESys, Université Humboldt de Berlin – tél. : +49 30 2093 66349 – email : christian.kerschner@hu-berlin.de
Sources :
« Die Verwundbarkeit der Wirtschaft durch « Peak Oil » », communiqué de presse de l’Université Humboldt de Berlin – 28/10/2013 – http://www.hu-berlin.de/pr/pressemitteilungen/pm1310/pm_131028_00
Rédacteurs :
Hélène Benveniste, helene.benveniste@diplomatie.gouv.fr – https://www.science-allemagne.fr/