L’impact écologique du boom hydroélectrique mondial

Les eaux douces continentales disposent d’une riche biodiversité que les différents projets hydroélectriques, que ce soit de grosses installations comme en Chine ou de micro centrales comme en Europe, mettent en péril. Dans le cas de ces dernières en particulier, leur faible contribution à la production électrique globale ne justifierait pas les importantes transformations environnementales qu’elles nécessitent, selon l’IGB. En effet, la retenue d’eau, ou son détournement, modifie les lits des fleuves concernés : ceux-ci peuvent s’approfondir, ce qui modifie leur composition sédimentaire et la teneur en minéraux de l’eau. La température de l’eau peut aussi en être affectée, ce qui pourrait impacter la vie fluviale.

Les zones les plus à risque se situent en Chine, au Népal, en Inde ou encore au Brésil, avec les bassins de l’Amazone ou du Gange qui seront certainement profondément modifiés dans les années à venir, mais aussi dans les pays d’ex-Yougoslavie et en Turquie, où de très nombreux projets sont à l’étude.

Les scientifiques de l’IGB présentent ainsi pour la première fois une base de données globale, qui permet d’observer les effets de la construction des barrages sur la biodiversité à travers le monde. Celle-ci, disponible sur la plateforme Biofresh [2], permet d’identifier les zones critiques. L’objectif est d’informer les politiques sur les risques du développement incontrôlé de l’hydroélectrique qui ne pourra, quoiqu’il arrive, pas à lui seul suffire à compenser la hausse globale de la demande en électricité renouvelable. Les chercheurs veulent ainsi mettre en avant la nécessité d’un meilleur encadrement des règles pour la construction de nouvelles installations. Ainsi, selon eux, les réglementations européennes actuellement en vigueur ne suffiraient pas à garantir la protection de la biodiversité fluviale, ni à éviter les dégâts sociaux et économiques dus aux perturbations pour les habitats humains situés à proximité. Ils appellent ainsi à la mise en place d’une vision plus globale du management d’un projet hydroélectrique, intégrant toute la complexité des paramètres en jeu, et ne se limitant pas au simple objectif de production d’électricité d’origine renouvelable.

Pour en savoir plus, contacts :

– Prof. Dr. Christiane Zarfl – Leibniz-Institut für Gewasserökologie und Binnenfischerei (IGB) Berlin – email : christiane.zarfl@uni-tuebingen.de
– Prof. Dr. Klement Tockner – Leibniz-Institut für Gewasserökologie und Binnenfischerei (IGB) Berlin – tél. : +49 (0)30 64181 601 – email : tockner@igb-berlin.de

Sources :

– « Forscher warnen vor dramatischen Folgen des Staudammbaus », dépêche IDW issue d’un communiqué de presse du Forschungsverbund Berlin e.V., Berlin -24/10/2014 – http://idw-online.de/pages/en/news609913
– [1] Zarfl, C, Lumsdon AE, Berlekamp J, Tydecks L, Tockner K, « A global bloom in hydropower dam construction », Aquatic Sciences, 2014.
– [2] Biofresh platform – http://www.freshwaterbiodiversity.eu

Rédacteurs :

Sean Vavasseur, sean.vavasseur@diplomatie.gouv.frhttps://www.science-allemagne.fr