Conférence de presse annuelle de la DFG : futur du système de recherche, bonnes pratiques scientifiques, parité

L’Agence allemande de moyens pour la recherche (DFG) a donné jeudi 4 juillet 2013 une conférence de presse à l’issue de son assemblée annuelle. Elle y a présenté un document de position sur le futur du système de recherche allemand, ainsi que des recommandations au sujet des bonnes pratiques scientifiques et de la parité au sein de la communauté des chercheurs.

 

La DFG met en exergue, en premier lieu, l’importance des universités dans le paysage allemand de la recherche, et recommande de leur allouer un meilleur financement de base. « Les universités sont au coeur du système de recherche, et le resteront dans le futur. Pour les performances et les possibilités de développement de la science et de la recherche dans leur ensemble, il est indispensable que les universités reçoivent un financement de base adapté à leurs tâches et à leur importance », a souligné Peter Strohschneider, Président de la DFG. « Or nous sommes arrivés en Allemagne à une situation bancale. Pendant que la recherche extra-universitaire est financée de manière fiable, stable et suffisante, les budgets des universités, portés par les Länder, stagnent voire diminuent. Ceci est une évolution systémique qu’il est urgent de corriger. »

 

Le document de la DFG montre que l’agence est de plus en plus amenée à suppléer à ce déficit de financement de base, le financement sur projets qu’elle effectue se substituant aux moyens manquants. Les projets déposés incluent des demandes de financements de plus en plus élevées, ce qui fait que la DFG, malgré un budget croissant, soutient moins de projets qu’auparavant. Pourtant, le nombre de candidatures a fortement augmenté, d’environ 10.000 demandes en 2009 à plus de 12.200 l’an dernier.

 

La DFG juge également important de conserver un équilibre entre les différentes formes de recherche : recherche universitaire et extra-universitaire, projets individuels versus alliances de recherche, recherche fondamentale (Société Max Planck, universités, DFG) versus recherche programmée (Communauté Helmholtz, financements du Ministère fédéral de l’enseignement et de la recherche). L’organisation voit ainsi son rôle en tant que financeur de la recherche universitaire, principalement à visée fondamentale, et compte continuer à se concentrer sur cet aspect. La séparation entre organismes de recherche et organismes de financement doit aussi être maintenue.

 

En outre, le document émet des propositions sur la poursuite des mesures de financement de l’Initiative d’excellence au-delà de 2017, date à laquelle les soutiens actuels s’achèveront, et de manière générale sur le futur du financement du système de recherche allemand. Il propose ainsi d’intégrer durablement les moyens financiers mis à disposition des écoles doctorales et des clusters de l’Initiative d’excellence dans le portefeuille de la DFG. Cela permettrait à l’agence de développer son programme actuel pour les collèges doctoraux. Quant aux clusters d’excellence, il faudrait les ancrer sur le long terme dans les universités qui les portent actuellement. Pour ce faire, la DFG propose une fusion du dispositif avec celui de ses propres centres de recherche. Cela pourrait permettre un format de financement ouvert thématiquement, dans lequel la recherche d’excellence pourrait être subventionnée sur le long terme (un financement sur plus de douze ans ne serait pas exclu comme il existe avec les centres de recherche de la DFG), et qui pourrait en même temps servir à mettre en place des initiatives stratégiques pour le développement de certains domaines de recherche.

 

La DFG plaide enfin pour une continuation et un développement de la dynamique engendrée par les trois grands programmes de financement de la recherche de ces dernières années (Pacte pour l’enseignement supérieur, Pacte pour la recherche et l’innovation, et Initiative d’excellence), mais sous une autre forme. « Au lieu d’un trio de pactes avec des objectifs et des périodes d’activité différentes, nous proposons pour l’avenir un « Accord cadre de financement coopératif de la recherche » entre l’Etat fédéral et les Länder. Celui-ci contiendrait une coordination thématique et temporelle des sources de financement et des fonctions scientifiques », explique Peter Strohschneider.

 

Lors de la conférence de presse ont également été présentées deux nouvelles recommandations de la DFG, l’une sur les bonnes pratiques scientifiques, l’autre sur la parité au sein de la communauté des chercheurs.

 

Au sujet des bonnes pratiques scientifiques, Dorothee Dzwonnek, Secrétaire générale de la DFG, a rappelé que l’organisation avait mis en place dès 1998 des mesures et un autocontrôle qui servent de référence au sein de la communauté scientifique. Au vu des débats actuels, la DFG a décidé de publier de nouvelles recommandations, qui peuvent s’articuler dans quatre domaines en particulier :
– L’accompagnement des jeunes chercheurs. Un « concept d’accompagnement », valable aussi bien pour l’accompagné que pour l’accompagnant, devrait être mis en place, définissant clairement les responsabilités de chacun.
– Les « Whistleblower », ces personnes qui dénoncent des comportements contraires à la pratique scientifique. Ils jouent d’après la DFG un rôle important dans l’autocontrôle scientifique, et doivent pour cela être protégés, tout en établissant un cadre strict dans lequel les « Whistleblower » peuvent faire passer les informations dont ils disposent. La DFG insiste notamment sur la discrétion et la fiabilité du processus.
– Les médiateurs, dont la DFG propose de renforcer le rôle, par exemple en cas de conflits sur les droits d’auteur.
– Un renforcement des processus d’investigation des universités, et en particulier la mise en place d’une durée maximale d’enquête. Celle-ci pourrait dépendre des thématiques, sans dépasser un an dans tous les cas.

 

Le dernier document publié à l’occasion de l’assemblée annuelle de la DFG est un rapport sur la parité au sein de la communauté scientifique. Dorothee Dzwonnek a ainsi dressé un bilan en demi-teinte, notant que les établissements d’enseignement supérieur ont fait des progrès en ce sens depuis la dernière évaluation il y a deux ans, mais que ceux-ci ne sont pas encore suffisants. L’évaluation de la DFG classe les établissements en quatre catégories de mise en oeuvre d’une stratégie en faveur de la parité. Lors de la première évaluation en 2010, douze établissements remplissaient les critères de la catégorie la plus avancée, aujourd’hui il y en a 22. Par ailleurs, aucun établissement ne figure aujourd’hui dans la plus mauvaise catégorie (contre dix il y a trois ans).

 

L’évolution de la participation des femmes à tous les niveaux de responsabilité est moins positive. Mme Dzwonnek a ainsi constaté que bien que certains progrès aient eu lieu, ils n’étaient pas à la mesure des espoirs de la DFG. L’organisation veut placer la priorité sur une augmentation de la part des femmes à tous les niveaux. L’assemblée générale a ainsi décidé un procédé double. D’une part, toutes les candidatures à un centre de recherche coordonnée (Sonderforschungsbereich – SFB), un collège doctoral ou un centre de recherche devront préciser combien de chercheuses participent au projet et à quel niveau. D’autre part, les établissements devront chaque année faire un rapport à la DFG sur l’état de la parité en leur sein.

 

 

 

 

 

 

Pour en savoir plus, contacts :

Le document de position de la DFG sur le futur du système de recherche allemand est consultable en intégralité à l’adresse suivante (en allemand) : http://redirectix.bulletins-electroniques.com/OdpcD

 

Sources :

– Présence de la rédactrice à la conférence de clôture de l’assemblée annuelle de la DFG et à la conférence de presse
– « DFG zur Zukunft des deutschen Wissenschaftssystems », communiqué de presse de la DFG – 04/07/2013 – http://redirectix.bulletins-electroniques.com/wAWdl
– « DFG: Weitere Verbesserungen bei Gleichstellung notwendig », communiqué de presse de la DFG – 04/07/2013 – http://redirectix.bulletins-electroniques.com/GNPMB
– « DFG legt überarbeitete »Empfehlungen zur Sicherung guter wissenschaftlicher Praxis »vor », communiqué de presse de la DFG – 04/07/2013 – http://redirectix.bulletins-electroniques.com/WflHd

 

Rédacteurs :

Elodie Parisot, elodie.parisot@diplomatie.gouv.fr – https://www.science-allemagne.fr