Berlin, laboratoire d’idées

 

Deux études de l’Institut Leibniz pour le développement régional et la planification structurelle (IRS, situé à Erkner, Brandebourg) expliquent le succès des laboratoires créatifs et d’innovation ainsi que des espaces de co-travail à Berlin. Les lieux de travail ouverts, flexibles et communicatifs, comme la « Betahaus » [1], sont l’expression d’un monde du travail changeant, et d’une ouverture croissante des modes d’organisation du travail et de l’innovation. « Ces lieux de travail utilisables temporairement fleurissent tout particulièrement à Berlin, ce qui s’explique à la fois par la forte attractivité de la ville pour les créateurs d’entreprises et les indépendants, et par la disponibilité des locaux », explique Verena Brinks, qui a contribué aux deux études. « Ces laboratoires offrent en outre des espaces transversaux pour le travail créatif et des espaces libres pour l’expérimentation non-conventionnelle d’idées innovantes. »

Suntje Schmidt et Verena Brinks ont réalisé, pour le compte du département administratif du Sénat de Berlin en charge de l’économie, de la technologie et de la recherche et en coopération avec l’Institut de géographie de l’Université Humboldt de Berlin, une description complète de la scène berlinoise des laboratoires d’idées. Ces laboratoires comprennent des lieux de travail coopératifs tels que les laboratoires populaires (« Grassrootslabs ») ou les laboratoires de co-travail, qui sont le plus souvent nés d’initiatives visant à aider les créateurs à mettre la main à la pâte, littéralement ou au sens figuré. Pratiquer, développer et tester en commun sont les maîtres mots de ces lieux. Il existe cependant d’autres sortes de laboratoires d’idées, créés par des entreprises ou des organismes de recherche pour servir de think tanks et de lieux pour la mise en oeuvre de processus d’innovation ouverts. Leur caractéristique de base est leur dimension interdisciplinaire et transsectorielle.

« Depuis l’atelier d’un hacker jusqu’aux laboratoires de média professionnels, en passant par les bureaux loués table à table dans un loft, Berlin offre une très grande variété de ces nouveaux lieux de travail », résume Suntje Schmidt. Ces laboratoires d’idées sont en lien étroit avec les nouvelles évolutions économiques de la ville. Ils soutiennent les processus d’innovation, en favorisant la mise en place de champs d’expérimentation pour les nouvelles idées et la création d’entreprises. « Le grand succès d’initiatives telles que Open Design City, Aufbauhaus et les T-Labs [2] a eu un effet auto-renforçant, favorisé la création de lieux créatifs semblables, et poussé des joueurs de rang mondial comme Google, Bertelsmann AG et Otto Group à mettre en place leurs propres laboratoires créatifs à Berlin », a souligné Suntje Schmidt.

Au côté d’employés d’entreprises ou d’organismes de recherche ou culturels, ce sont les indépendants et les professions libérales qui utilisent le plus souvent les lieux de travail communautaires. Dans le domaine numérique en particulier (designers, programmeurs, journalistes, spécialistes des média etc.) se sont établis de véritables espaces de co-travail. » Bien que le travail se situe avant tout sur ordinateur et en réseau, les gens cherchent tout de même des lieux physiques de travail en commun. L’activité professionnelle est mise en scène, consciemment, comme événement social. Cela permet en outre de nouer de nouveaux contacts, qui ne peuvent pas, dans de nombreux cas, être directement utilisés au niveau professionnel, mais permettent néanmoins d’agrandir son propre réseau », élucide Verena Brinks. « Les contacts informels stimulent les travailleurs créatifs, et assurent un équilibre entre travail de fond et travail en réseau. Travailler dans un espace de co-travail est de ce fait en première ligne une décision rationnelle pour les professions libérales et les micro-entrepreneurs. »

Berlin dispose d’une grande variété d’activités économiques, une économie créatrice largement établie, et des structures denses en ce qui concerne la formation, l’enseignement supérieur et la recherche extra-universitaire. La capitale se crée ainsi une image de « métropole de freelancer » et de « place to be ». Pour cela, une culture de l’ouverture, de la curiosité, et une coopération communautaire par-delà les frontières des organisations et des secteurs, est très favorable, conclut l’étude.

[1] La « Betahaus » est l’un des plus grands lieux de co-travail en Europe. Fondé en 2009, il dispose de 2000 m2 pour 200 utilisateurs. Betahaus a ouvert d’autres lieux à Hambourg, Barcelone et Sofia, et travaille sur d’autres espaces en Europe.

 

Pour en savoir plus, contacts :

[2] Cf. « Visite de la Ministre de la recherche Geneviève Fioraso aux T-Labs de Berlin », BE Allemagne n°584 – 26/09/2012 – http://www.bulletins-electroniques.com/actualites/71064.htm

 

Sources :

« Warum Berlin eine Lab-Metropole ist … und Digitalarbeiter soziale Orte brauchen », dépêche idw, coommuniqué de presse de l’Institut Leibniz pour le développement régional et la planification structurelle – 09/08/2013 – http://idw-online.de/pages/en/news546748

 

Rédacteurs :

Elodie Parisot, elodie.parisot@diplomatie.gouv.fr – https://www.science-allemagne.fr