Débat au sein de l’opposition sur la Stratégie High-Tech 2020

Le programme de la Stratégie Hightech 2020 du gouvernement Merkel fixe des objectifs climatiques et écologiques ambitieux pour l’Allemagne : des villes sans émissions de dioxyde de carbone (CO2) et un million de voitures électriques d’ici 2020. Cette feuille de route ambitionne de faire du pays un leader dans de nombreux domaines des hautes technologies.

Selon la Ministre fédérale pour l’enseignement et la recherche, Annette Schavan, l’Allemagne a consacrée en 2009 2,8% de son produit intérieur brut (PIB) à la recherche et développement (R&D), et atteint donc quasiment l’objectif de Lisbonne (3% du PIB pour la R&D). Selon la ministre, la stratégie du gouvernement est « un exemple de ce qui doit être fait, pour qu’une stratégie d’innovation voie le jour au niveau européen ».
Toutefois l’opposition s’est montrée dubitative quant à cette feuille de route lors des discussions courant octobre sur le budget alloué à la recherche au parlement (Bundestag).

La Stratégie Hightech 2020 est la prolongation de la précédente Stratégie lancée en 2006. Celle-ci devait permettre la création d’1,5 million d’emplois supplémentaires, mais ce point n’est depuis plus évoqué. Pour la période 2004-2008 il n’est question que de la création de 300.000 emplois dans le secteur de la R&D (+12%).
Florian Pronold, élu SPD, critique l’absence d’une évaluation de la Stratégie Hightech et Krita Sager, élue du parti des Verts, met en doute la volonté de transparence du gouvernement. Un regard critique est ainsi porté sur l’utilisation qui a été faite des ressources budgétaires. Un point de discorde concerne notamment l’utilisation de
près de 35% du budget en recherche énergétique pour la rénovation des installations de recherche nucléaire. Mme Sager a notamment pointé du doigt le fait que les experts chargés de la mise au point de la Stratégie Hightech sont en même temps lobbyistes pour de grands groupes comme E.On, BASF, BMW ou Bayer.

Ainsi, selon la Stratégie Hightech 2020, l’approvisionnement énergétique doit être assuré par de nouveaux concepts de réseaux intelligents couplés à des technologies de stockage flexibles. De plus, en 2020, plus de 30% des besoins énergétiques allemands doivent être couverts par les énergies renouvelables. Mais en parallèle l’énergie nucléaire continuera à être subventionnée. L’opposition estime que les moyens financiers seraient mieux utilisés s’ils étaient investis dans les énergies renouvelables, rendant ainsi l’énergie nucléaire superflue.

D’autres points du volet énergie du budget pour la recherche soulèvent les critiques : 29% des ressources vont être alloués à la recherche en fusion nucléaire, sans que celle-ci ne soit viable avant plusieurs décennies. Selon l’élue d’extrême gauche (die Linke), Petra Sitte, le gouvernement accorderait 290 millions d’euros pour les sources d’énergies fossiles et nucléaires alors que les technologies d’efficacité énergétique ne bénéficieraient que de 190 millions d’euros.

L’électromobilité fut aussi sujette à des débats houleux : le chiffre mis en avant par Hans-Jörg Bullinger, président de la Société Fraunhofer (FhG), d’un million de véhicules électriques en circulation d’ici 2020 en Allemagne paraît bien faible si on le compare aux 60 millions de véhicules en circulation.

Sources :

« Die Hightech-Strategie der Bundesregierung stößt auf Kritik », article de VDI – 22/10/2010

Rédacteur :

Etienne Balli, etienne.balli@diplomatie.gouv.fr