Les glycosciences : une science d’avenir ?

 

L’importance des glycanes [1] et les récentes découvertes effectuées ces dernières années dans ce domaine ouvrent la voie à de nouveaux produits et applications innovantes. En organisant le 7ème « Forum Glycan » du 20 au 22 mars 2013 à Berlin, l’Institut Max Planck sur les colloïdes et les interfaces de Potsdam-Golm (Brandebourg) souhaitait intensifier les échanges interdisciplinaires, en associant scientifiques, représentants du monde des affaires, de la finance, de la politique ainsi que des organismes de réglementation.

 

En plein développement, les glycosciences prennent une place de plus en plus importante dans le secteur de la recherche médicale, aux côtés de la génomique et de la protéomique. L’exploitation et la compréhension des sucres ouvrent la voie à de nombreuses applications présentant un réel potentiel économique. Par exemple, l’arrivée des puces à sucres [2] est l’étape suivante dans l’évolution des puces, après le développement des puces à ADN [3] et des puces à protéines. L’exploitation des propriétés physico-chimiques des sucres (issus de plantes comme le sont l’amidon ou la pectine, de micro-organismes comme pour le xanthane, ou encore d’algues comme pour l’agar-agar) permettent de positionner divers produits sur les marchés industriels. Il existe un engouement croissant depuis plusieurs années autour des glycosciences, en particulier via l’exploitation et l’adaptation d’outils d’analyse initialement appliqués à l’étude des protéines, et qui se traduit par davantage de concurrence entre les principaux instituts de recherche internationaux ; un nombre croissant de fonds publics et l’apparition d’un soutien politique sont également présents.

 
La diffusion au cours de l’année 2012 d’un rapport présenté au Congrès américain par l’Académie des Sciences américaine, intitulé « Transformation des glycosciences – Carnet de route pour le futur (Transforming Glycoscience – A roadmap for the future) » montre, selon Peter Seeberger, directeur de l’Institut Max Planck sur les colloïdes et les interfaces, « l’immense vague d’enthousiasme vis-à-vis des glycosciences de par le monde ». En raison de son importance croissante, un accent particulier a été mis sur les glycosciences en Asie ; ainsi, de nombreux scientifiques originaires de six pays asiatiques (Corée du Sud, Japon, Chine, Thaïlande, Taïwan, Singapour), étaient présents pour fournir un aperçu de leurs activités et programmes récents.

 

Ce symposium avait également pour objet de faire le point sur les recherches menées dans le domaine des sucres et de montrer leur implication dans nombre de phénomènes biologiques, leur conférant ainsi une véritable « intelligence biologique » qui se manifeste à travers de nombreuses applications telles que les vaccins artificiels, les anticoagulants, les xénogreffes [4]. Le programme abordait donc la thématique des sucres, à la fois sous les aspects classiques tels que leur structure, leur analyse, leur synthèse et leur biochimie, mais également sous des aspects biotechnologiques ainsi que du point de vue du développement d’applications industrielles. Le caractère innovant de cette conférence tient au fait que des scientifiques d’horizons différents se sont regroupés pour aborder des thèmes spécifiques lors des différentes sessions, et des connections fortes ont ainsi pu être établies. Des ateliers ont également été organisés pour traiter des aspects de production à grande échelle des carbohydrates et de l’émergence des PME en glycobiotechnologie.

 

[1] Les glycanes sont des polymères composés de monosaccharides reliés entre eux par une liaison glycosidique.

 
[2] Des sucres analogues seront utilisés pour nourrir des cellules qui les métaboliseront et les utiliseront ensuite comme substrats pour les incorporer dans les glycoprotéines par glycosyltransférase. Ces sucres analogues ont une faible toxicité et il est alors possible de marquer les glycoprotéines sur des sondes fluorescentes.

 
[3] Les puces à ADN permettent de mesurer et de visualiser très rapidement les différences d’expression entre les gènes et ceci à l’échelle d’un génome complet.

 
[4] La xénogreffe désigne la transplantation d’un greffon où le donneur est d’une espèce biologique différente de celle du receveur.

 

 

 

Pour en savoir plus, contacts :

– Hinrich Schliephack, chef de projet – Institut Max Planck des colloïdes et interfaces – tél. : +49 (0)177 7748 104 – email : hinrich.schliephack@mpikg.de
– Site internet de l’Institut Max Planck sur les colloïdes et les interfaces de Potsdam-Golm (en anglais) : http://www.mpikg.mpg.de/english/cont_issues/news/index.php

 

Sources :

Participation au colloque « 7th Glycan Forum Berlin – From Basic Science to globals markets » – 20/03/2013 – Berlin

 

Rédacteurs :

Louis Thiebault, louis.thiebault@diplomatie.gouv.fr – https://www.science-allemagne.fr