Aperçu du secteur agroalimentaire de la région de Berlin-Brandebourg

Le 24 septembre 2013 s’est tenu à la maison de l’économie de la région de Berlin-Brandebourg (BB), un atelier dédié aux problématiques actuelles et futures du secteur agroalimentaire régional. Organisé via le réseau de recherche local Food2B, l’évènement a réuni 109 participants. Les intervenants étaient issus du milieu académique (Université technique de Berlin, Université de Hambourg, Institut Leibniz pour les techniques agricoles, Institut pour la gestion des céréales, Institut pour la chimie alimentaire, Institut fédéral pour la recherche sur l’alimentation) et d’entreprises importantes telles que les fromageries industrielles ou les bureaux de contrôle de la qualité des produits.

L’objectif de l’évènement était de répondre à la problématique suivante : comment une meilleure interaction public-privé peut-elle amener la région à produire des aliments de meilleure qualité, de manière efficace et durable tout en restant concurrentiel sur le marché de l’agroalimentaire ?

 

Plusieurs nouveaux marchés, outils et technologies ont été mis en évidence lors de l’atelier, notamment de nouveaux produits intégrant des ingrédients encore peu communs comme la spiruline ou la stévia. Cependant la réflexion menée pour stimuler l’interaction entre les structures de recherche et les entreprises a révélé plusieurs freins à l’intégration des innovations tels que le manque de coordination ou le manque de suivi financier.

 

Un enjeu de société qui dépasse l’échelle régionale

L’alimentation est un enjeu de taille pour l’être humain, qui, tous les 20 jours ingurgite son poids en nourriture, ce qui représente 1,5 tonne d’aliments par année. Le secteur agroalimentaire est un grand consommateur d’eau, d’énergie et de matières premières. Cette consommation a non seulement des conséquences sur l’environnement, mais également sur les coûts pour les entreprises. Toute la chaîne de production, de transformation et de distribution est concernée. La hausse du coût des matières premières et de l’énergie, l’évolution des besoins des consommateurs et une concurrence accrue façonnent le paysage actuel de l’industrie alimentaire.

 

La région de Berlin-Brandebourg compte 1,3 millions d’hectares de surfaces agricoles, dont 134.000 dédiés à l’agriculture biologique. Elle produit annuellement 160.000 tonnes de fruits et légumes, dont 40.000 tonnes de pommes. Au niveau des produits carnés, ce sont près de 600.000 bovins et 760.000 porcins qui sont élevés chaque année, avec en parallèle une production de 900.000 oeufs. La région BB représente un marché de 6 millions de consommateurs. Sa position centrale en Europe lui permet d’atteindre en moins de 24 heures de transport les marchés voisins représentant plus de 300 millions de consommateurs potentiels. Le secteur agroalimentaire embauche localement 22.000 personnes réparties dans plus de 200 entreprises qui réalisent un chiffre d’affaire total de près de 6 milliards d’euros.

 

Food2B : un réseau de recherche local pour stimuler les partenariats public-privés

La région BB comprend cinq réseaux dédiés au secteur de l’agroalimentaire. Food2B a été fondé par des universitaires et des instituts de recherche. Ce centre de compétences était l’organisateur de l’atelier du 24 septembre 2013, événement dédié à l’avenir de l’agronomie et de l’alimentation dans la région. L’atelier Food2B était par ailleurs soutenu par l’association de l’industrie agroalimentaire de Berlin-Brandebourg (WVEB) et l’agence d’avenir du Brandebourg (ZAB).

En montant cet atelier, l’objectif du réseau Food2B était d’inciter les entreprises de l’agroalimentaire à stimuler le développement d’innovations dans le domaine de la recherche afin, in fine, d’amener la région à produire des aliments de meilleure qualité tout en restant concurrentiel sur le marché de l’agroalimentaire.

 

La recherche appliquée au développement de nouveaux marchés

La stratégie présentée par le réseau Food2B consiste à cibler certaines niches en proposant des produits mieux adaptés à la demande du consommateur. Un exemple de marché en développement est celui des produits fermentés (pro-biotiques), ou celui des produits riches en fibres ou encore des produits oléagineux. Les produits locaux, du terroir, semblent également prendre davantage d’importance sur le marché.

De nombreux potentiels d’innovation ont été mis en évidence, que ce soit au niveau des matières premières (algues, biomasse microbienne, insectes, …), au niveau des outils industriels (robotiques, capteurs, modélisation informatique, …), ou des technologies (haute pression, micro-ondes, ultra-sons, …). De nouveaux concepts ont également été mentionnés (chaîne de production intégrée, authenticité des produits, efficacité de l’utilisation des ressources, ou encore l’ingénierie inversée : une activité qui consiste à étudier un objet pour en déterminer le fonctionnement interne ou la méthode de fabrication).

Selon les organisateurs, une grande partie des consommateurs serait intéressée par le développement de nouveaux produits alimentaires plus « naturels », surtout en ce qui concerne l’utilisation des colorants, des conservateurs, des produits sucrants et des arômes. Le marché intègre des nouveaux produits comme la stévia, plante hautement sucrante utilisée depuis des décennies au Japon et qui sera la base du nouveau Coca-Cola « Life » (la région BB possède un site très important de fabrication du soda). D’autres composants sont de plus en plus présents dans l’alimentation comme la spiruline, une micro-algue sollicitée pour sa teneur en protéines et vitamines.

 

Coopération entre milieu académique et privé

Certaines interventions portaient sur la nécessité de renforcer la coopération entre acteurs de la recherche publique et les entreprises. Cette coopération doit permettre un meilleur transfert technologique et stimuler la communication sur les innovations pour une efficacité accrue dans l’usage des ressources. Un travail de réflexion commun a permis d’établir une liste des principaux leviers et obstacles à cette coopération.

Les innovations seront intégrées par les entreprises si :
– elles font partie des objectifs de croissance de l’entreprise,
– elles ont un mode de réalisation précis,
– elles permettent une intégration des souhaits des clients ou d’autres innovations,
– elles définissent clairement leurs avantages mais surtout leurs lacunes.

 

Plusieurs freins feront que ces innovations ne seront jamais appliquées. Même lorsque leur pertinence a été prouvée, l’apport financier nécessaire au passage à l’application industrielle s’avère difficile à trouver. D’autres obstacles interviennent lorsque ces nouvelles idées sortent du cadre des activités classiques de l’entreprise. Enfin il arrive que la direction de l’entreprise ne soit tout simplement pas convaincue du rôle que peut jouer l’innovation dans sa stratégie à long terme.

Une partie de la journée a inclus un atelier de « Design Thinking », une méthode innovante permettant de comprendre les besoins de différentes parties prenantes publiques et privées à réfléchir ensemble aux outils adaptés à leurs besoins respectifs.

 

La région Berlin-Brandebourg jouit d’une large gamme de services scientifiques pour l’industrie agricole et alimentaire. Les discussions ont montré que dans le secteur agroalimentaire aussi l’Allemagne rencontre des difficultés à mettre en place une synergie entre l’innovation développée par les structures de recherche et les entreprises qui peuvent les mettre en application à large échelle. Cependant le potentiel économique que représente le marché pour la région devrait motiver les acteurs amont (chercheurs) et aval (industriels) à plus de coopération.

 

Sources :

Participation du rédacteur à l’atelier « Food2B – Berlin-Brandenburg: Ernährungsregion mit Zukunft », Maison de l’économie de Berlin – 24/09/2013.

 

Rédacteurs :

Clément Guyot, clement.guyot@diplomatie.gouv.fr – https://www.science-allemagne.fr