La protection du milieu marin peut avoir un certain coût

 

Dans la mer Baltique, la trop forte croissance des algues nuit considérablement à la qualité de l’eau. Cette dernière souffre d’un enrichissement excessif en nutriments, d’une eau bien souvent trop trouble, d’une extrême prolifération d’algues et d’une teneur en oxygène trop faible. De plus en plus d’habitants des pays riverains de la Baltique ont pris conscience de l’importance d’un environnement sain et d’une mer propre. Lors de récents sondages, ces derniers ont même déclaré être prêts à payer davantage pour la protection de leur milieu marin.

Les habitants des pays baltes seraient disposés à débourser un total cumulé de quatre milliards d’euros par an pour améliorer l’état écologique de leur mer. Pour tenter de faire face à ce problème, les Allemands, quant à eux, se disent prêts à payer un supplément de 27,40 euros par personne et par an. Jochen Flasbarth, Président de l’Agence fédérale de l’environnement (UBA), explique qu’il existe actuellement un large soutien du public aux mesures visant à améliorer l’état de la mer Baltique. Et que si rien n’est fait aujourd’hui, » nous devrons en payer le prix plus tard ».

En Allemagne, le fort taux d’azote et de phosphore dans la mer Baltique a soulevé une forte polémique. L’introduction de telles substances serait à l’origine de son eutrophisation. L’azote, provenant surtout des nitrates agricoles et des eaux usées, et secondairement de la pollution automobile, ainsi que le phosphore provenant des phosphates et des eaux usées causent la modification et la dégradation du milieu aquatique, et de fait de la qualité de l’eau de mer. L’eutrophisation peut également entrainer une forte turbidité de l’eau et augmenter la production d’algues. La teneur en oxygène ne cesse ainsi de diminuer dans la mer Baltique, tandis que la teneur d’azote augmente. Grâce à une étude menée par le réseau de recherche international de la Baltique, le BalticSTERN [1], il a été constaté qu’en règle générale une personne sur deux dans la région connaît et subit de manière directe ou indirecte les effets de l’eutrophisation. Ce qui explique la volonté des riverains de participer financièrement à la résolution de ce problème.

Outre une taxation plus élevée, les habitants de la région sont prêts à répondre aux exigences environnementales. Notamment, les agriculteurs seraient prêts à se soumettre à des normes plus strictes. Les neuf pays de la mer Baltique sont d’accord pour apporter leur soutien et prendre des mesures radicales pour améliorer la qualité de son eau. Pour ce faire, les membres de la Commission d’Helsinki, HELCOM [2] ont conçu un plan d’action. Pour éprouver les conditions dans lesquelles la population appuierait ce plan d’action, le réseau BalticSTERN a réalisé un sondage et a interrogé simultanément 10.500 personnes sur leur assentiment à supporter financièrement un tel projet et sur la somme qu’ils seraient prêts à verser pour un tel acte.

[1] Le Secrétariat de BalticSTERN coordonne un réseau de recherche international, visant à produire une analyse socio-économique et écologique du rapport coût-efficacité des mesures nécessaires pour assurer la capacité de l’écosystème de la mer Baltique à fournir des services écosystémiques.

[2] Le sigle « HELCOM » désigne la Commission qui gère la Convention d’Helsinki, visant la protection de l’environnement pour la zone de la mer Baltique, et associant les pays baltes dans cet objectif. Helcom est une association de neuf pays en plus de l’Union européenne.