Nouvelle opportunité pour l’exploration des ressources minérales marines

L’Institut fédéral des géosciences et des ressources naturelles (BGR) [1] a effectué une demande de licence d’exploration des amas sulfurés [2] présents sur les fonds de l’océan Indien. Cette demande a été effectuée auprès de l’Autorité Internationale des Fonds Marins (AIFM) [3] fin 2013. Celle-ci concerne une zone de 10.000 km2 située au sud-est de Madagascar.

 


Carte des fonds marins selon les types de ressources minérales et la profondeur
Crédits : Agence allemande des matières premières (DERA)


Les amas sulfurés, tout comme d’autres types de ressources minérales marines (nodules polymétalliques, encroûtements cobaltifères,…) contiennent un large éventail de métaux qui sont essentiels dans de nombreux domaines industriels et technologiques.

 


Amas sulfurés, connus sous le nom de « The Brothers », dans l’espace maritime néo-zélandais
Crédits : U.S. Oceanic and Atmospheric Administration (NOAA)


La licence demandée par l’Allemagne a une double importance :

 

1) Etudier le potentiel d’exploitation de nouvelles sources pour répondre aux besoins en matières premières, avec pour objectif la production de produits technologiques.

 

2) Développer le savoir-faire allemand en ingénierie minière marine afin de se positionner comme leader dans l’exploration et le transport des ressources minérales océaniques. L’Allemagne souhaite proposer des systèmes respectueux de l’environnement et nécessitant peu d’entretien ; et ainsi assurer le rôle du « Made in Germany » dans ces nouveaux marchés.

 

En 2006, l’Allemagne a également obtenu les droits pour une surface équivalente à deux fois la taille de la Bavière dans la zone de Clarion-Clipperton (océan pacifique). Cette zone, riche en nodules polymétalliques est prospectée par de nombreux pays, dont la France. Avec cette deuxième licence l’Allemagne sera parmi les rares Etats à explorer le potentiel de différentes matières premières minérales marines. En 2013, un atelier réunissant chercheurs, industriels et étudiants avait eu lieu à Kiel afin de discuter des questions scientifiques, techniques, écologiques et juridiques entourant l’extraction des minerais dans les océans (voir BE Allemagne 608).

[1] L’Institut fédéral des géosciences et des ressources naturelles (BGR) est sous tutelle du ministère fédéral de l’Economie et de l’Energie (BMWi). Son siège se trouve à Hanovre. Il est l’organisme central de conseil du gouvernement fédéral en matière de géosciences. Le BGR oeuvre en faveur de l’utilisation durable des ressources naturelles et de la préservation de l’habitat humain.

[2] Les amas sulfurés : également connus sous le terme fumeurs noirs (« black smokers » en anglais), sont des dépôts issus de l’activité volcanique le long des limites tectoniques océaniques à des profondeurs de 500 à 5000 mètres. La profondeur est un paramètre très important car la pression influence le point d’ébullition de l’eau (265°c à -500m, 400°c à -3000m). Constitués principalement de sulfures de fer (pyrite, marcasite, pyrrhotite), ils contiennent des quantités variables de sulfures de métaux (cuivre, plomb, zinc) et sont parfois riches en or. Leur composition varie relativement peu à l’échelle de la planète.

[3] Les ressources océaniques situées dans les eaux internationales sont considérées comme bien commun de l’humanité par la convention des Nations Unies de 1982. Les demandes d’exploration et d’exploitation se font auprès de l’Autorité Internationale des Fonds Marins (AIFM ou ISA en anglais). Créée en 1996, l’AIFM a pour mission de développer un cadre réglementaire pour la gestion des ressources des fonds marins dans les eaux internationales. Que ce soit pour la prospection, l’exploration ou l’exploitation, la surface allouée n’est pas détenue par l’état demandeur, elle est utilisée en tant que patrimoine commun de l’humanité sous l’administration de l’AIFM pour une durée déterminée. La réglementation autour des amas sulfurés a été élaborée en 2010. L’Allemagne contribue activement aux activités de l’AIFM.

 

Pour en savoir plus, contacts :

– Fonds marins : nouvel « El Dorado » ? – BE Allemagne 608 – 5/04/2013 – http://www.bulletins-electroniques.com/actualites/72697.htm
– Site internet de l’Institut fédéral des géosciences et des ressources naturelles (BGR), en anglais : http://www.bgr.bund.de/EN/Home/homepage_node_en.html – Présentation en français sur le site du BMWi : http://redirectix.bulletins-electroniques.com/ojrjF
– Site internet de l’autorité internationale des fonds marins (AIFM / ISA) – http://www.isa.org.jm/fr/home

 

Sources :

« Neue Chancen durch Lizenz zur Rohstofferkundung am Tiefseeboden » – Communiqué de presse du ministère fédérale pour l’économie et l’énergie – 3/01/2014 – http://www.bmwi.de/DE/Presse/pressemitteilungen,did=614558.html

 

Rédacteurs :

Clément Guyot, clement.guyot@diplomatie.gouv.fr – https://www.science-allemagne.fr