Quelle recherche agronomique au 21ème siècle ?

Aujourd’hui, plus d’un milliard de personnes souffrent de sous-nutrition et de malnutrition. Un enfant sur cinq grandit en connaissant la faim alors que de plus en plus de « calories alimentaires » sont produites et que paradoxalement certains sont atteints d’obésité. Nourrir équitablement les neufs milliards d’êtres humains que comptera la planète en 2050 est un défi ambitieux pour la recherche agronomique, d’autant plus que les sols fertiles et les engrais se raréfient (ex : le stock de phosphore pourrait s’épuiser dans les 30 prochaines années).

 

La représentation du Land de Rhénanie du Nord-Westphalie à Berlin a organisé une conférence le 15 janvier 2014 sur le thème de l’agronomie au 21ème siècle. Les principales questions discutées étaient les suivantes :
– Comment stopper la faim et les épisodes de famine ?
– Comment enrayer la perte de fertilité des sols ?
– Comment minimiser le gaspillage ?
– Comment anticiper les conséquences des changements climatiques sur l’agriculture ?
– Quelle agriculture sera adaptée à l’avenir : intensive, conventionnelle ou biologique?
– Comment assurer la sécurité alimentaire d’une population mondiale toujours croissante ?
– Quelle contribution peut apporter la recherche agronomique allemande à l’agriculture mondiale?

 

Pour rappel, la Commission européenne a proposé en 2012 un budget de 4,7 milliards d’euros pour le défi « Sécurité alimentaire, agriculture durable, recherche marine et maritime, et bioéconomie », assorti d’un financement complémentaire dans d’autres domaines dans le cadre du programme de recherche  »Horizon 2020 » [1].

 

Un des intervenants a fait remarquer que la recherche agronomique allemande pouvait être davantage organisée, « comme elle l’est en France ou aux Pays-bas ». D’autres intervenants pensent que tout le système agricole doit être repensé. Il a été discutée que celui-ci pouvait s’améliorer, notamment en travaillant de manière « Bottom-up », c’est-à-dire plus étroitement avec les agriculteurs et en valorisant le travail des petites exploitations.

 

Au niveau international, l’exemple africain du Rwanda a été mentionné, car ses démarches politiques sont des réussites dans plusieurs domaines. En plus d’avoir réussi à éradiquer les sacs plastiques des commerces, et donc du paysage, le pays arrive à produire quasiment la totalité de ses aliments (90% de la population est liée directement au secteur primaire). Toujours en Afrique, les intervenants ont souligné un point : l’Allemagne et l’Europe doivent lutter contre le « land grabbing », le vol de terres fertiles, tout en évitant d’imposer leur gouvernance.

 

Enfin le rôle qu’auront les espèces indigènes dans la production locale de nourriture à l’avenir, et donc l’importance d’utiliser et de conserver une grande variété d’espèces, ont aussi été discutés. Ceci permettra également à l’agriculture de s’adapter aux nouvelles conditions imposées par les changements climatiques. Au niveau de la recherche agronomique, les intervenants ont émis le souhait de voir la simplification des procédures entre les travaux en laboratoire et les applications en champ.

 

Pour en savoir plus, contacts :

– Liste des intervenants du panel :
* Dr. Wilfried Bommert, Auteur, agro-journaliste et porte-parole de l’Institut pour l’alimentation mondiale de Nümbrecht
* Dipl.-Ing. agr. Stefan Lange, Coordinateur de la recherche à l’Institut Thüns, Braunschweig
* Dr. Henk van Liempt, Référent pour la Bioéconomie au Ministère fédéral de l’enseignement et de la recherche
* Prof. Dr. Ulrich Köpke, Institut pour l’agriculture biologique, Université de Bonn
* Prof. Dr. Hans-Jörg Jacobsen, Institut pour la génétique végétale, Université de Hannovre
– [1] Plus d’information sur le programme de la Commission européenne (en anglais) – http://ec.europa.eu/programmes/horizon2020/

 

Sources :

Participation du rédacteur à la conférence « Welternahrung im 21. Jhd.: Brauchen wir eine neue Agrarforschung? » – Représentation du Land de Rhénanie du Nord-Westphalie à Berlin – 15/01/2013

 

Rédacteurs :

Clément Guyot, clement.guyot@diplomatie.gouv.fr – https://www.science-allemagne.fr