Conférence sur l’interaction homme-machine à Berlin

 

Du 10 au 12 octobre 2013 s’est tenue à Berlin une conférence portant sur l’interaction homme-machine. Organisée à l’initiative du Centre des systèmes homme-machine de l’Université technique de Berlin (TUB), la manifestation s’est focalisée sur l’interdépendance de la recherche fondamentale avec la recherche appliquée dans le cadre des systèmes homme-machine. Les résultats de la recherche fondamentale peuvent en effet ouvrir de nouvelles opportunités à cette thématique, dont la recherche appliquée peut s’emparer.

 

Un domaine de recherche à applications transversales

Les domaines abordés ont laissé un large espace aux dispositifs d’aide à la conduite automobile, et à la gestion des flux aériens et ferroviaires. Ces thématiques ont été souvent traitées d’un point de vue psychologique, en prenant en compte les attentes initiales des usagers et leur retour sur l’utilité des services proposés.

 

Klaus-Peter Timpe, professeur à la TUB, considère que plusieurs domaines de recherche peuvent être approfondis dans l’interaction homme-machine, notamment :
– la fiabilité des systèmes ;
– la conception ergonomique de l’interface utilisateur ;
– les systèmes d’aide à la décision.

Les dispositifs développés peuvent s’inscrire dans un certain nombre de secteurs émergents, tels que :
– l’industrie 4.0 ;
– la conduite autonome ;
– les interfaces cerveau-ordinateur (contrôle par la pensée notamment) ;
– la maison intelligente.

 

Assistance à la conduite automobile

Dans le cadre des dispositifs d’aide à la conduite, Pr. Timpe pointe le danger que représente la baisse de l’attention du conducteur. Face aux technologies permettant l’orientation ou la détection des dangers sur la route, la concentration et la conscience de l’environnement du conducteur peuvent en effet baisser . Ce critère doit, selon l’universitaire, être pris en compte dans les différentes études.

 

D’après des chercheurs du groupe BMW, les capteurs d’assistance à la conduite peuvent être regroupés en trois blocs suivant ce qui est surveillé :
– la situation du conducteur ;
– l’évolution du véhicule seul ;
– l’environnement extérieur en interaction avec le véhicule.

 

Les recherches menées par le constructeur automobile portent principalement sur des systèmes de guidage longitudinal et de maintien de la distance avec les véhicules environnants. Les propositions d’amélioration des systèmes à privilégier tourneraient autour de deux aspects : le retour d’expérience par l’usager et l’entraînement du système pour le former aux différentes situations rencontrées sur la route (sortie d’auto-apprentissage).

 

Se pose inévitablement le problème de la responsabilité. Aujourd’hui, le conducteur est totalement responsable de son véhicule, mais qu’en serait-il si de nouveaux systèmes sont considérés comme étant assez fiables pour prendre le relai de l’homme dans la conduite ?

 

Madeline Volk de l’Université de Wurtzbourg (Bavière) a présenté le projet simTD [1], proposant un test à grande échelle de différents systèmes d’assistance à la conduite. Une vingtaine de systèmes différents assujettis à plus d’un millier de tests et ont été classés suivant les préférences des utilisateurs. Les systèmes perçus comme les plus utiles sont les suivants :
– l’avertissement en cas d’embouteillage ;
– l’indication au conducteur du temps restant avant qu’un feu passe au vert ;
– le système de guidage longitudinal ;
– l’avertisseur d’obstacles ;
– les services de localisation d’emplacement de parking.

 

A l’inverse, des dispositifs indiquant les panneaux en vigueur dans la zone empruntée, le franchissement d’un feu rouge ou les conditions météorologiques font partie des systèmes dont l’usager peut se passer, sous la forme testée du moins. A noter que des problèmes techniques inhérents aux prototypes peuvent influencer négativement la perception d’un système.

 

La question de la place du smartphone dans l’intégration de technologies a été abordée. Entrant en concurrence avec les dispositifs sur certaines thématiques (avertissement d’embouteillages par exemple), il pourrait toutefois compléter les informations recueillies par le véhicule.

 

Une équipe de l’Université technique de Dresde (Saxe) s’est intéressée à l’influence de la présence de systèmes d’assistance sur le conducteur. Sa conclusion est la suivante : la présence importante d’alertes augmente le temps de réaction du conducteur, alors que des avertissements ciblés et multimodaux augmentent au contraire l’attention du conducteur. Les alertes doivent donc être sélectionnées et peu fréquentes pour maintenir l’attention du conducteur. L’alerte sera d’autant plus marquante qu’il s’agira d’un événement survenant dans le champ de vision du conducteur.

 

Enfin, dans le cadre de la protection des piétons, des scientifiques de l’Université technique RWTH d’Aix-la-Chapelle (Rhénanie du Nord-Westphalie) notent qu’il serait pertinent d’introduire des systèmes de détection des piétons dans les véhicules et de qualifier leur fiabilité avec des tests de comportements comme pratiqués par le programme d’évaluation européenne des automobiles (EuroNCAP). Les chercheurs se basent sur une étude anglaise du « Transport Research Laboratory » évaluant de 15 à 30% la baisse du nombre de piétons tués avec l’intégration de tels systèmes sur les véhicules.

 

Applications au ferroviaire et à l’aérien dans un stade exploratoire

Des intervenants du Centre allemand de recherche aérospatiale (DLR) ont présenté des possibilités d’applications des nouvelles technologies numériques dans l’aviation civile, et plus particulièrement pour le rôle pivot de régulateur aérien. Différents systèmes permettraient de simuler l’évolution des trajectoires des avions au sol et d’aider les pilotes de manière plus automatisée, le tout permettant l’optimisation du trafic.

Le même type d’applications serait également possible pour le transport ferroviaire, où les axes de recherche se focalisent vers les régulateurs de trafic. Un projet sociologique est en cours entre les chemins de fer fédéraux suisses (SBB) et l’Ecole supérieure du nord-ouest de la Suisse (FHNW, Olsen).

 

Pour en savoir plus, contacts :

– [1] Le projet simTD a fait l’objet d’un BE : BE Allemagne 619 – 28/06/2013 – http://www.bulletins-electroniques.com/actualites/73429.htm
– Site de la conférence (en allemand) : http://redirectix.bulletins-electroniques.com/vak2f

 

Sources :

Participation du rédacteur à la conférence, les 10 et 11 octobre 2013.

 

Rédacteurs :

Aurélien Filiali, aurelien.filiali@diplomatie.gouv.fr – https://www.science-allemagne.fr