TOP500 : le supercalculateur Tianhe-2 toujours en tête

L’écosystème du calcul à haute-performance (HPC) s’est réuni à Leipzig (Saxe) du 22 au 26 juin 2014 à l’occasion de l' »International Supercomputing Conference ». Durant ce congrès, le classement « TOP500 » de juin 2014 des machines les plus puissantes a été révélé. Peu de changement à noter depuis un an, la machine chinoise Tianhe-2, exploitée par l’Université nationale des technologies (NUDT), se maintient en première place à 33,86 Pflop/s. Seul nouveau venu dans le top 10, l’arrivée d’une machine exploitée par l’administration américaine (Cray XC30), avec une puissance de 3,14 Pflop/s.

 
Un rythme qui s’essouffle depuis 2008

 


Globalement, un ralentissement notable de l’augmentation de la puissance se confirme. En effet, depuis 2008, l’augmentation de la puissance totale est d’environ 55% par an, alors qu’elle était en moyenne de 90% entre 1994 et 2008. La puissance totale des 500 systèmes référencés atteint 274 Pflop/s contre 250 Pflop/s il y a six mois. Selon les estimations effectuées avant 2008, cette somme aurait dû être dix fois plus élevée en suivant les prévisions des années précédentes.

 

 


Courbe d’évolution de la performance des machines suivant les années
Crédits : ISC 2014

 
D’après lesorganisateurs de la conférence, l’explication est double :
– Une raison technologique : les accélérateurs matériels sont présents uniquement sur les machines les plus puissantes, limitant la croissance globale ;
– Une raison politique : suite à la crise autour de l’année 2008, les investissements à la fois dans la recherche sur le HPC et dans l’acquisition de nouveau matériel ont été fortement réduits.

 
Les récentes acquisitions jusqu’en juin 2013 au sommet du classement ont compensé le faible renouvellement en bas du classement. D’après les organisateurs, cela révèle des dynamiques de marché différentes entre les machines les plus puissantes et les superordinateurs plus modestes.

 
Classement des constructeurs/pays

 


Intel est loin en tête du le marché des processeurs, équipant plus de 85% des systèmes du classement. IBM suit avec 8% du marché. Au compteur des pays en termes de puissance accumulée, les Etats-Unis restent en première position devant la Chine, qui à elle seule dispose d’une capacité équivalente à celle des pays de l’Union européenne.

 
Une actualité européenne chargée

 


Les projets européens « Exascale » regroupent sous une même appellation les six projets soutenus par la Commission européenne sur le domaine du HPC. Par exemple, le projet DEEP (Dynamic Exascale Entrey Platform) [1] entre dans sa phase finale. Le test des prototypes matériels ainsi que les dernières étapes de développement doivent s’achever à l’été 2014.

 
Le programme SHAPE [2], proposé par le partenariat européen PRACE, permet aux PME de disposer de temps de calcul sur les infrastructures de recherches européennes. Depuis 2012, une vingtaine de PME ont pu bénéficier de ce programme. Un nouvel appel à projets est ouvert depuis juin 2014. L’objectif, à terme, est de proposer un appel à projets permanent. Par ailleurs, la plate-forme de technologie européenne ETP4HPC [3] a signé en décembre 2013 un accord avec la Commission européenne pour la création d’un partenariat public-privé afin de développer un écosystème européen propice au HPC. La Commission européenne financera un programme de recherche associé à hauteur de 700 millions d’euros.

 
La plate-forme estime que les principaux défis pour le calcul à haute performance sont les suivants :
– La généralisation du parallélisme et la nécessité de revoir le codage des applications actuelles ;
– La consommation énergétique, afin de multiplier par 1.000 les capacités de calcul tout en diminuant la consommation par 20.
– La gestion d’une quantité énorme de données : par exemple, les données accumulées sur l’observation du climat et sa modélisation devraient atteindre l’exabyte en 2021.
– La résilience des systèmes.

 
Des start-ups tout au long de la chaîne de valeur

 


Différentes start-ups intervenant dans le calcul haute-performance (autant dans le hardware que le software) ont été présentées. Quelques exemples sont :
– Une plate-forme (UberCloud) proposant des services d’expertise HPC spécialisés par secteur pour les entreprises ;
– Une entreprise proposant des solutions matérielles d’interconnexion à haute performance (Extoll) ;
– Une start-up ayant mis au point une solution peu onéreuse pour le refroidissement des centres de données (Green Revolution Technology).

 
Lors de la conférence, les difficultés rencontrées par ces jeunes pousses ont été abordées. Les start-ups développant du matériel échouent souvent à trouver des investisseurs dans cette activité risquée. Dans ce cas, les capitaux recherchés aux premiers stades sont importants, le développement est plutôt lent comparé à d’autres structures. De plus, leur seuil de rentabilité est atteint tardivement : en moyenne 7 à 9 ans sont nécessaires, en cas de réussite.

 

Pour en savoir plus, contacts :

– [1] Sur le projet européen DEEP : http://www.deep-project.eu/
– [2] Sur le programme SHAPE, liste des projets pilotes : http://www.prace-ri.eu/IMG/pdf/pracedays14_erbacci-shape.pdf
– [3] Sur la plateforme ETP4HPC : http://www.etp4hpc.eu/

 

Sources :

Participation du rédacteur à l’ISC, le 23 juin 2014

 

Rédacteurs :

Aurélien Filiali, aurelien.filiali@diplomatie.gouv.fr – https://www.science-allemagne.fr/