Conférence sur l’électromobilité à Potsdam

 

Le thème de l’électromobilité est au coeur des préoccupations en Allemagne. L’objectif du gouvernement est d’avoir un million de véhicules électriques en circulation en 2020. De nombreux projets gouvernementaux sont en cours, dont le projet « TIC pour la mobilité électrique II » [1].

Le 29 janvier à Potsdam (Brandebourg) a eu lieu, pour la deuxième fois, une conférence organisée conjointement par l’Association allemande d’électrotechnique, d’électronique et des technologies de l’information (VDE) et l’Agence berlinoise de l’électromobilité (eMO) sous le nom « Innovations(T)raum 2014 ». La conférence était divisée en plusieurs sessions. Une session plénière a eu lieu le matin, ouverte par une présentation sur l’électromobilité en Norvège, puis différentes sessions thématiques en petits groupes ont suivi.

Thomas Becks, représentant du VDE, a, lors de son introduction à la conférence, évalué le chemin parcouru depuis l’année dernière. Les premières voitures électriques produites par des constructeurs allemands sont sur le marché, les projets sont devenus plus matures, mais il reste de nombreux défis. Le développement de stratégies commerciales reste un point essentiel. Ensuite, Andreas Goerdeler, du Ministère fédéral de l’économie et de l’énergie (BMWi), a insisté sur la nouvelle place de l’économie de l’automobile. Il a pris comme exemple la place des constructeurs au salon CES de l’électronique à Las Vegas (Etats-Unis). C’est pourquoi le gouvernement allemand a lancé son projet « TIC pour la mobilité électrique II », projet qui représente 140 millions d’euros. M. Goerdeler a également mis l’accent sur les grands défis à relever, tels que la sécurité des données.

Après cette double introduction, le Norvégien Ole Henrik Hannisdahl a présenté les succès de l’électromobilité dans son pays. En effet, plus de 20.000 voitures électriques ont été vendues pour une population de cinq millions d’habitants (à comparer aux plus de 7.000 voitures pour 80 millions d’allemands). Il a insisté sur la « méthode norvégienne », méthode qu’il a simplifiée en expliquant qu’il suffisait de rendre attirant économiquement l’achat d’un véhicule électrique. Peter Siegert, de Mitsubishi Motors Allemagne, a expliqué que l’avenir de l’automobile ne pourrait qu’être électrique et a présenté la stratégie du groupe automobile japonais. La marque, par le biais de son véhicule électrique i-Miev, participe à de nombreux projets en Europe.

Enfin, pour terminer cette session plénière, Birgit Hofmann du BMWi a présenté le spectre des activités du gouvernement fédéral pour promouvoir l’électromobilité. Avant tout, le gouvernement fédéral a énoncé ses objectifs. Il désire devenir un marché moteur pour l’électromobilité mais surtout un lieu de production incontournable, où l’ensemble de la chaîne de valeur est représenté. Pour cela de nombreux projets, organismes et coopération existent. La Plate-forme nationale pour l’électromobilité (NPE) a été créée pour conseiller le gouvernement. En mars, elle doit dévoiler son quatrième rapport qui annoncera les orientations à venir. C’est selon ses recommandations qu’ont été lancés les projets-vitrines (Schaufenster), qui sont soutenus par plusieurs ministères. Le BMWi soutient ensuite des projets dans plusieurs domaines qu’il juge stratégiques, voitures électriques, pièces mécaniques, batteries, infrastructures de chargement, normalisation, etc. C’est dans ce cadre que s’intègre l’initiative « TIC pour la mobilité électrique II ». Les autres ministères ne sont pas en reste. Le Ministère fédéral de l’environnement (BMU) soutient l’initiative « Mobilité renouvelable » et le Ministère fédéral de l’enseignement et de la recherche (BMBF) soutient des initiatives isolées. Birgit Hofmann a aussi mentionné la participation de l’Allemagne au projet européen ERA.NET « Plus on Electromobility ». Enfin, deux coopérations internationales notables lient l’Allemagne : un accord germano-japonais sur le développement d’une solution de rechargement par courant continu et des accords germano-chinois sur la normalisation et sur le développement d’infrastructures de rechargement.

Suite à cette session plénière étaient donc organisés des ateliers en petits groupes. Celui sur la nouvelle architecture TIC pour les véhicules a donné la parole à deux industriels du secteur. Michael Schlick de Bosch et Karl Josef Kuhn de Siemens ont expliqué qu’une révolution doit intervenir dans l’automobile. Pour l’instant nous en serions au stade où la mécanique est au centre de l’automobile. L’électronique doit devenir le point le plus important. Ils ont comparé le saut à venir avec le saut réalisé entre la machine à écrire et l’ordinateur. Ils s’accordent sur les difficultés de cet objectif. Comme exemple de ces difficultés, le fait que l’automobile contribue à près d’un tiers de l’économie nationale rend difficile un changement de modèle.

Un autre atelier portait sur la mobilité du futur. Lors de celui-ci, Weert Canzler, du Centre scientifique berlinois de recherche en sciences sociales, et Frank Geraets, de la Deutsche Bahn, présentaient deux opinions différentes. Le premier insistait sur la nécessité de penser aux conséquences sociales d’un changement de modèle de transport, le second expliquait que la situation était urgente et qu’un nouveau modèle était déjà en route. Il s’appuyait pour cela sur les chiffres du taux d’équipement en automobile. La conclusion était que les jeunes générations sont déjà détachées de la vision de la mobilité individuelle associée à la voiture.

 

Pour en savoir plus, contacts :

[1] Voir BE Allemagne 539,  » Congrès sur l’électromobilité à Mannheim : présentation des gagnants de la compétition technologique « TIC pour la mobilité électrique II » »- 15/09/2011 – http://www.bulletins-electroniques.com/actualites/67680.htm

 

Sources :

Présence du rédacteur à la conférence

 

Rédacteurs :

Grégory Arzatian, gregory.arzatian@diplomatie.gouv.fr – https://www.science-allemagne.fr