Electromobilité : la plateforme nationale demande des mesures fortes de l’Etat fédéral

Le quatrième rapport, rendu public le 2 décembre, met en avant les efforts menés depuis 2010 pour mettre en place un climat favorable à l’innovation. Les conditions liées aux questions de normalisation, de mise en réseaux des acteurs de la R&D, ainsi qu’aux formations et qualifications, sont acquises.

 

Le rapport rappelle la forte ambition pour l’électromobilité en Allemagne et fait le bilan de son développement

Le quatrième rapport de la plateforme nationale pour l’électromobilité (NPE) achève également la phase de « préparation du marché », en cours depuis 2010, et marque le début de la montée en puissance de ce marché, prévue sur la période 2015-2017.

Le gouvernement fédéral s’était fixé trois objectifs pour 2020 :
– Etre le fournisseur de référence à l’international ;
– Devenir le marché leader de l’électromobilité ;
– Avoir un million de véhicules électriques sur les routes.

Un cadre et des réseaux bien établis

Selon le rapport, l’industrie allemande est sur la bonne voie pour devenir un fournisseur international de premier plan. L’accent mis sur la promotion de la R&D, sur la normalisation, ainsi que sur les formations, semble avoir porté ses fruits. La collaboration entre industries de pointe et les réseaux de recherche qui interviennent tout au long de la chaîne de valeur est établie. La phase de montée en puissance du marché est désormais visée.

Des projets pilotes dans quatre régions

Pour couvrir l’ensemble du processus d’innovation d’ici 2017, la plateforme a défini un budget de R&D de 2,2 milliards d’euros. Selon le rapport, la recherche devrait se concentrer notamment sur :
– Les technologies de propulsion ;
– Les batteries, notamment leur optimisation et recyclage. Une chaîne de production de recherche pour les cellules de batterie se situe à Ulm ;
– L’allègement du poids du véhicule.

Quatre régions dites « vitrines » de l’électromobilité (Schaufenster) ont été sélectionnées de 2013 à 2016, avec pour objectif de mettre en place des projets pilotes incluant les véhicules, l’infrastructure et les réseaux dans le cadre d’un usage quotidien. 90 projets sont financés par l’Etat fédéral à hauteur de 157 millions d’euros, sur une période de trois ans.

Une infrastructure de stations de recharge à renforcer rapidement

Le noyau d’un réseau de stations de recharge est atteint, avec 4.800 stations publiques en fonctionnement. Ce réseau reste bien en-deçà des besoins. La NPE estime que 70.000 bornes publiques seront opérationnelles en 2020. Il est à noter que la définition d’un modèle financier pertinent a ralenti le développement d’une infrastructure de recharge depuis 2012. Un rapport présentant la feuille de route sur l’infrastructure de recharge sera par ailleurs publié courant 2015.
Le rapport suggère d’établir le système de recharge CCS (Combined Charging System) comme standard au niveau international. L’inter-opérabilité de l’infrastructure de recharge est par ailleurs soulignée. Un automobiliste peut recharger son véhicule en utilisant les bornes de différents opérateurs répartis dans le pays.

Une offre allant de l’avant pour une demande qui reste timide

Dix-sept modèles de véhicules BEV (véhicules électriques à batterie), PHEV (véhicules hybrides plug-in) et REEV (véhicules électriques hybrides avec une forte autonomie) de constructeurs allemands sont aujourd’hui sur le marché. Douze modèles supplémentaires devraient suivre l’année prochaine. De ce point de vue, l’Allemagne constitue le principal fournisseur de véhicules électriques aux côtés des Etats-Unis.
La demande nationale augmente certes, avec 6.100 véhicules électriques vendus au premier semestre 2014, contre 3.400 sur la même période l’année passée. Mais ce chiffre reste loin de l’objectif des 100.000 véhicules sur les routes allemandes d’ici fin 2014 ; seul un quart de l’objectif sera atteint.

Le rapport de la NPE, tout en confirmant les trois étapes de développement de l’électromobilité, pose les conditions nécessaires pour que l’Allemagne soit le marché et le fournisseur leaders en 2020

Selon un scénario jugé réaliste par la NPE, le marché du VE s’élèverait, en tenant compte des mesures actuelles, à seulement 500.000 véhicules en 2020. De ce fait des améliorations sont nécessaires pour espérer atteindre l’objectif d’un million de véhicules.
Selon le rapport, 85% des infrastructures seront privées (domicile, lieu de travail), 10% dans un espace semi-public (parkings, stations-service, aires de stationnement) et 5% dans un espace public (soit 70.000 points de charge). Le besoin en point de charge rapide reste inchangé à 7.100.

De ces constats, la NPE retient plusieurs mesures à appliquer durant cette phase de lancement du marché, afin que l’utilisateur puisse bénéficier d’un système attractif et visible de l’électromobilité, comprenant le véhicule, l’approvisionnement en énergie et l’infrastructure :

Pour que l’Allemagne soit le marché leader (Leitmarkt)
– Introduction d’un amortissement particulier pour les utilisateurs à titre professionnel (qui engendrait une perte de 200 M euros pour l’Etat fédéral) ;
– Mise en oeuvre diligente du paquet législatif de soutien à l’électromobilité ;
– Renforcement des partenariats pour l’investissement et pour le développement des infrastructures de charges publiques (besoin estimé à 550 M euros d’ici 2020) et levée des obstacles pour la construction des infrastructures (procédures d’autorisation, modification du droit locatif) ;
– Transposition de la directive européenne sur les carburants alternatifs selon les recommandations de la dernière feuille de route sur la normalisation (le système CCS doit devenir le système de charge obligatoire au niveau mondial) ;
– Mise en oeuvre des initiatives privées et publiques d’achat.

Pour que l’Allemagne soit le fournisseur de référence (Leitanbieter)
– Introduction de nouvelles thématiques de R&D et garantie d’un financement de l’Etat fédéral (environ 360 M euros/an, pour un volume total de 2,2 Mds euros jusqu’en 2017) ;
– Etablissement d’une production de cellules de batteries en Allemagne.

D’une manière générale, l’échelon local aura un rôle important. Les villes devront ainsi pouvoir décider de l’ampleur et du rythme de développement de l’électromobilité.

Sources :

« Fortschrittsbericht 2014 – Bilanz der Marktvorbereitung », rapport de la NPE – 02/12/2014 – http://redirectix.bulletins-electroniques.com/YXiml

Rédacteurs :

Emmanuelle Bautista (Service Economique Régional) – Aurélien Filiali, aurelien.filiali@diplomatie.gouv.frhttps://www.science-allemagne.fr