Y aura-t-il un million de voitures électriques sur les routes allemandes en 2020 ?

La chancelière allemande Angela Merkel a annoncé à plusieurs reprises l’objectif d’atteindre un million de voitures électriques en circulation en 2020.

Deux études publiées à quelques jours d’intervalle par le Centre allemand de recherche aérospatiale (DLR) et par l’Institut Fraunhofer de recherche sur les systèmes et l’innovation (ISI) de Karlsruhe (Bade-Wurtemberg) analysent cet objectif. Bien qu’ils diffèrent sur les évaluations chiffrées, ils prévoient les mêmes tendances de fond, à savoir un fort développement des technologies hybrides.

 

Le DLR étudie des scénarios pour le marché de l’électromobilité jusqu’en 2040

L’étude du DLR a été réalisée du point de vue du client final et se place dans le cadre de la baisse constante des objectifs de taux d’émissions de CO2 jusqu’en 2040. La Commission européenne a proposé un objectif de taux d’émissions de 130 g de CO2 par kilomètre pour 2015 et 95 pour 2020. Considérant que les politiques environnementales entraînent des coûts de transports plus élevés et que le déplacement individuel est un paramètre essentiel dans les choix des usagers, les chercheurs ont évalué les différents avantages et inconvénients des moyens de propulsion. Plusieurs scénarios ont été étudiés, prévoyant divers changements dans la législation sur le CO2.

Une augmentation de l’efficacité des moteurs à combustion de 30% est possible par l’utilisation de carburants plus énergétiques et grâce à des améliorations sur les pièces mécaniques (matériaux plus légers, meilleurs revêtements de surface). Cette évolution s’inscrirait dans un contexte général d’augmentation du nombre de véhicules hybrides, électriques ou à hydrogène. Un chiffre de 150.000 voitures électriques ou en partie électriques (hybrides par exemple) est avancé pour 2020, contre environ 20.000 aujourd’hui. Malgré le développement des propulsions alternatives et la mise en oeuvre d’une limite d’émissions de CO2 à 45g/km en 2040 (hypothèse des chercheurs), les chercheurs estiment que 85% des véhicules disposeront d’un moteur à combustion, qui, en majorité, servira uniquement à prolonger l’autonomie de véhicules électriques (« Range-extender »).

 

Quelle vision propose l’Institut Fraunhofer ISI ?

Concernant l’analyse de l’ISI, elle se place dans le cadre d’une demande de la Plateforme nationale pour l’électromobilité (NPE) [1] et de l’Académie des technologies « acatech ». L’ISI a étudié le marché de l’électromobilité et ses évolutions. Les critères pris en considération sont le prix des matières premières, l’offre en véhicules et l’acceptation des nouvelles formes de mobilité.

L’étude repère trois groupes d’utilisateurs possédant des potentiels très différents. Les particuliers possédant leur propre place de parking et ayant des trajets quotidiens lieu de travail-domicile, les flottes de véhicules d’entreprises (qui représentent une grosse part des nouvelles immatriculations, 38% seulement des nouvelles immatriculations en 2012 étaient le fait des particuliers) et les voitures de service, qui sont souvent des voitures de luxe. La distinction entre voiture de service et flotte d’entreprise a lieu au niveau de l’utilisation. La voiture de service sera utilisée par un dirigeant pour faire de longs trajets par exemple. Les chercheurs de l’ISI estiment que les deux premiers groupes constituent une cible pour les véhicules hybrides ou électriques. Concernant les technologies, les trois quarts des véhicules électriques devraient être des véhicules « plug-in » [2] hybrides ou « range-extender ». Les véhicules purement électriques seraient toujours peu représentés. L’étude souligne quelques incertitudes : Qu’en est-il de l’acceptation de la technologie par les consommateurs ? Qu’en est-il de l’évolution de l’offre en termes de véhicules électriques ?

 

Synthèse des études

Les deux études se rejoignent sur les tendances régissant l’avenir du marché :
– La solution purement électrique n’est pas encore prête.
– Les solutions alternatives seront, par contre, largement implantées.
– Les carburants fossiles et les moteurs à combustion joueront encore un rôle majeur.
– Le critère déterminant sera l’évolution du prix des carburants et de l’énergie; les résultats des deux études étant très sensibles aux variations sur ce paramètre. Pour une valeur référence du prix de l’essence correspondant à 500.000 voitures électriques en circulation en 2020, une augmentation de 10% de ce prix conduit à une augmentation de 50% du nombre de véhicules, selon l’étude de l’ISI

[1] La Plateforme nationale pour l’électromobilité (NPE), créée en mai 2010, est composée de 150 experts industriels, scientifiques et politiques, répartis en sept groupes de travail traitant chacun une thématique relative à l’électromobilité.

[2] La technologie « plug-in » permet de brancher le moteur électrique, que ce soit à son domicile ou sur des bornes spécifiques, afin de le recharger.

 

Pour en savoir plus, contacts :

 

Martin Wietschel, ISI – tél. : + 49 721 6809 254 – email : martin.wietschel@isi.fraunhofer.de

 

Sources :

 

– « Die Zukunft der Elektromobilität – Interview mit Prof. Ulrich Wagner, DLR-Vorstand für Energie und Verkehr », communiqué de presse du DLR – 19/09/2013 – http://redirectix.bulletins-electroniques.com/2yqOw
– « Der PKW-Markt bis 2040: Was das Auto von morgen antreibt », résumé d’une publication du DLR – 18/09/2013 – http://elib.dlr.de/84131/
– « Sind eine Million Elektrofahrzeuge auf deutschen Straßen bis 2020 erreichbar? », communiqué de presse de l’ISI – 17/09/2013 – http://redirectix.bulletins-electroniques.com/sJfjW
– « Elektroautos rollen ohne Subventionen », article du Handelsblatt – 17/09/2013

 

Rédacteurs :

 

Grégory Arzatian, gregory.arzatian@diplomatie.gouv.fr – https://www.science-allemagne.fr