Visite de la Ministre de la recherche Geneviève Fioraso aux T-Labs de Berlin

Les T-Labs, institut de recherche et développement de Deutsche Telekom (DT), sont hébergés au sein de l’Université technique de Berlin (TUB), constituant un exemple de partenariat réussi entre une entreprise privée et une université. Les T-Labs de Berlin appartiennent conjointement aux deux partenaires, Deutsche Telekom y employant des chercheurs provenant de la TUB dans cinq domaines de R&D principaux, encadrés par cinq chaires de l’université. Les domaines couverts sont variés et complémentaires, incluant les nouveaux médias interactifs (plateformes de communication virtuelle par exemple), les technologies de communication convergentes (ex: email se lisant à haute voix dans la voiture) et de sécurité informatique, ou encore les techniques de communication transversales servant la domotique et l’énergie (applications sur téléphone portable pour contrôler un bâtiment à distance, fermer des zones sécurisées). A cela s’ajoutent des projets sur les infrastructures et services de Cloud Computing, ou sur l’infrastructure Internet du futur (intitulée Long Term Evolution.2). Les T-Labs disposent également d’antennes R&D à Darmstadt, Bonn, en Israël et en Californie.

Le 24 septembre 2012 était organisée une visite des T-Labs pour Mme Fioraso, Ministre française de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche, et la délégation qui l’accompagnait, à l’occasion de son déplacement à Berlin ce jour-là. Heinrich Harold, Vice-Président des T-Labs a présenté le modèle de R&D de l’institut conjoint: 500 chercheurs et ingénieurs à plein temps, environ 90 projets menés en 2011, dont 15 arriveront sur le marché dès 2013 (une moyenne de 15-20%). L’objectif est de repérer et développer les jeunes pousses à fort potentiel : de 14 spinoffs créées par les T-Labs jusqu’à présent, ils ambitionnent désormais 10 accompagnements par an (spinoff ou startup repérée localement), qui in fine appartiennent à 100% à DT. C’est à cela qu’est légitimée cette localisation principale du laboratoire à Berlin: une technologie de bon niveau, associée à un jeune écosystème créatif à fort potentiel, basé sur les nouveaux médias numériques, la scène artistique locale (coopération avec les designers) et un coût d’implantation et de vie attractif pour les entrepreneurs. La gestion de la propriété intellectuelle n’est donc pas un problème majeur vis-à-vis de ces startups « absorbées », et est gérée au cas par cas pour les projets européens et autres coopérations industrielles. H. Harold note sur ce point une forte asymétrie dans le pouvoir de négociation pour attirer les projets et les financements privés entre les grandes universités mondiales et les universités européennes comme la TU Berlin.

Deux projets à fort potentiel de marché ont été présentés à la Ministre : le projet Secured Phone et le projet Cloud Book. Secured Phone est basé sur le développement par les T-Labs d’un système d’exploitation ultra simplifié pour les Smartphones, constitué de 20.000 lignes de codes au lieu des 20 millions constituant les programmes usuels (comme Androïd, etc). Ainsi, le système du téléphone peut être divisé entre une partie simplifiée qui gère les fonctions de base et les données privées de l’utilisateur, et une autre – comme un second disque – qui gère toutes les applications de navigation et autres fonctionnalités à risques. Il s’agit donc de deux appareils en un, coordonnant un « coffre » privé et une interface ouverte, apportant ainsi une sécurité renforcée.

Cloud Book, quant à lui, part d’un constat simple : les PC portables d’entreprise ou autres terminaux professionnels restent chers à l’achat et surtout, leur coûts de maintenance et autres risques de perte de données stockées localement (ex: mises à jour, bugs de logiciels, casse du matériel, perte ou vol…) restent conséquents. Cloud Book propose donc de vendre « clé en main » aux entreprises et aux particuliers des terminaux (tablettes, PC légers…) simplifiés et à bas coût, dont tous les logiciels (licences Microsoft, Outlook et Pack Office), les données de travail et autres fonctionnalités seront hébergés dans un serveur de Deutsche Telekom, qui assure également une connexion internet haut débit pour y accéder. Ainsi, en cas de difficulté avec l’appareil, aucune perte de temps ou de données n’est à déplorer: l’utilisateur en emprunte directement un autre, et dispose en s’identifiant de tout son profil et de ses données bureautiques. A l’image des téléphones portables, DT pense vendre les terminaux portables, le service Cloud de stockage sécurisé et la connexion en abonnement mensuel.

Vis-à-vis de l’écosystème européen et du noeud berlinois en TIC, H. Harold voit un potentiel d’innovation à développer dans une meilleure coopération inter-clusters. Il annonce que les centres R&D « historiques » sont remis en question par l’ère d’innovation ouverte, d’où la baisse d’effectif dans les T-Labs allemands et le développement de sites à l’étranger et de projets collaboratifs étendus. Il anticipe une stratégie similaire pour les laboratoires d’Orange.

Le développement des technologies numériques pour – et par – la sécurité est un enjeu technologique, sociétal (acceptabilité des produits) et stratégique majeur pour DT, régulièrement abordé lors des grandes rencontres des TIC en Allemagne. En plus des projets menés en interne par les groupes de travail des T-Labs et de la TUB, la stratégie s’intéresse à la détection et au développement de startups à fort potentiel, basées sur l’écosystème créatif berlinois. Les projets présentés (Secured Phone et Cloud Book) montrent l’importance des solutions de portabilité et de sécurisation des données dans l’approche du marché par Deutsche Telekom. Le développement de réseaux interdisciplinaires et de projets collaboratifs est également une priorité.

 

Pour en savoir plus, contacts :

« Déplacement de Geneviève Fioraso à Berlin », communiqué de presse du MESR – 24/09/2012 – http://redirectix.bulletins-electroniques.com/kLxcU

 

Sources :

Participation à la table ronde aux T-Labs de Berlin.

 

Rédacteurs :

Charles Collet, charles.collet@diplomatie.gouv.fr – https://www.science-allemagne.fr