[Focus] Compte-rendu de la Foire d’Hanovre

La foire de Hanovre est l’un des principaux salons de l’industrie au monde avec 220.000 visiteurs (chiffre relativement stable depuis quelques années) dont 70.000 venus de l’étranger. Sur les 6.500 exposants présents, plus de 3.500 étaient étrangers, preuve d’une internationalisation toujours plus avancée du salon. L’Inde était le pays partenaire à l’honneur, avec 400 entreprises exposantes et la venue du premier ministre Narendra Modi accompagnée de la Chancelière fédérale Angela Merkel.

 

Cette année, 10 salons étaient proposés : Recherche & Technologie, Energie, Eolien, Mobilitec (pour la mobilité alternative), Transmission de puissance mécanique et hydraulique, ComVac (pour les technologies pneumatiques), Usine digitale, Technologie de surfaçage et Sous-traitance industrielle. Par ailleurs, de nombreux cycle de conférences étaient organisés au sein de chacun de ces salons : environ 1.300 exposés sur cinq jours.

 

Industrie 4.0

Le fil directeur d’une grande partie du salon était le concept d’Industrie 4.0 portant sur l’intégration des TIC dans les processus industriels. Sur la communication machine-machine (usine autonome), l’entreprise Festo a développé par biomimétisme des fourmis mécaniques (les « bionicants ») qui collaborent de manière autonome pour transporter une charge qu’une seule d’entre elles ne serait pas capable de soulever. Sur la communication homme-machine, l’Institut de logistique du KIT (l’IFL à Karlsruhe) a conçu un robot auxiliaire, « Fifi », piloté par les gestes de son partenaire humain pour lequel il transporte des charges lourdes.

 

La personnalisation croissante des produits constitue un autre aspect de l’Industrie 4.0 et de nombreuses entreprises présentent des solutions dans ce domaine. La plus médiatique du salon fut la fabrication d’un parfum sur mesure par Siemens pour la Chancelière (« Angela’s Dream »). Cette individualisation nécessite une intégration croissante de la conception et de la fabrication dans le processus de développement produit. Les grandes entreprises des TIC (Siemens, Dassault Systèmes, SAP) proposent ainsi des solutions de gestion de cycle de vie produit (dites PLM pour Product Lifecycle Management) permettant de fournir des données en temps réel pour un pilotage et une collaboration plus efficace entre toutes les équipes de l’usine.

 

L’innovation des entreprises sur la thématique de l’Industrie 4.0 n’est cependant pas encore suffisante : pour encourager cette révolution annoncée, un cadre politique et réglementaire, ainsi qu’une évaluation des changements sociaux qu’elle induira est nécessaire. Une éducation et une formation préparant à l’environnement de travail de demain doivent être introduites. Ce cadre a été formellement lancé lors du salon via la nouvelle plateforme Industrie 4.0 de l’Allemagne. Celle-ci prend appui sur les résultats d’une plateforme déjà existante tout en élargissant son domaine de compétences en prenant en compte les aspects cités ci-dessus. Cette nouvelle plateforme présentera ses premiers résultats lors du Sommet IT du 19 novembre 2015 à Berlin.

 

Energie : hydrogène, Smart Grid et Union de l’énergie

L’hydrogène et le Power-to-Gas étaient à l’honneur : une rencontre avec Klaus Bonhoff, directeur de l’Organisation nationale dédiée aux technologies des piles à combustibles et de l’hydrogène (NOW GmbH) a souligné l’importance de l’énergie et de l’hydrogène dans la stratégie fédérale et régionale de l’Allemagne. NOW GmbH constitue l’interface d’une alliance stratégique entre les pouvoirs publics, l’industrie et la recherche.

 

L’Allemagne s’inspire de l’exemple japonais, avec une utilisation stationnaire des piles à combustible. Un objectif ambitieux de 400 stations de recharge à hydrogène pour 2023 est d’ores et déjà fixé. De nombreux projets de démonstration sont en place, et la filière bénéficie d’un soutien politique fort, même si, pour l’instant, les constructeurs allemands accusent un certain retard. [1]

 

Le thème des Smart Grid était aussi développé par de nombreux acteurs scientifiques, en particulier par les instituts Fraunhofer qui sont impliqués dans de nombreux initiatives visant, entres autres, à réfléchir aux enjeux, aux problèmes et aux solutions de manière globale, en intégrant transports, chauffage, électricité dans une même approche.

 

Maros Sefcovic, vice-président de la commission européenne pour l’Union de l’énergie, a visité le salon et a tenu une conférence sur l’avancée de ses travaux. Il a distingué trois étapes essentielles pour cette année :
1) Avant l’été : présenter les réformes du système communautaire d’échange de quotas d’émission (EU ETS) au travers de la mise en place d’un mécanisme de réserve (MSR).
2) Novembre : présenter le premier état de l’Union de l’énergie à l’aide d’une consultation auprès des états membres pour déterminer ce que chacun en attend.
3) Décembre : participer à la COP21 et représenter l’Europe sur les questions énergétiques.

 

Il a précisé que l’efficacité énergétique, thème assez consensuelle parmi les états membres, serait l’une des priorités de son mandat pour réduire les importations de gaz. Par ailleurs, il entend aussi développer l’exportation des technologies vertes européennes.

 

Recherche et transfert technologique

Le salon « Recherche et technologie » était principalement consacré à la thématique du transfert technologique de la recherche vers l’industrie (la R&D institutionnelle était aussi dans les autres salons thématiques pour des innovations plus ciblées). De nombreuses universités (Institut de Technologie de Karlsruhe (KIT), universités techniques de Dresde et de Munich…) et les grands réseaux de recherche allemands (Société Fraunhofer, Instituts Leibniz, communauté Helmholtz) étaient présents démontrant leur implication dans le développement de solutions concrètes pour l’industrie. Le stand du KIT proposait une liste de fiches de projets de recherche développés en interne et portés à maturité pour d’éventuels investisseurs industriels.

 

Les projets de recherche sur l’énergie et les matériaux occupaient le premier plan. Le Ministère fédéral de l’économie et de l’énergie (BMWi) a ainsi consacré une grande partie de son stand aux projets soutenus dans le domaine de la mobilité alternative et des énergies renouvelables (électromobilité, batteries, etc.). Le Ministère fédéral pour l’enseignement et la recherche (BMBF) présentait, quant à lui, des technologies développées sous l’égide de ses différents programmes de financement. Si la plupart des institutions présentes étaient allemandes, des exposants indiens, suisses, belges et néerlandais disposaient aussi de stands.

 

Conclusion

Après quelques années d’incertitudes, la foire de Hanovre semble avoir retrouvée une position de leader des salons de l’industrie dans le monde (contrairement au CEBIT en chute libre). A ce titre, les orientations qui s’y dessinent, l’Industrie 4.0 et la transition énergétique (hydrogène, smart grid, mobilité), sont les thématiques clés de l’innovation à court et moyen-terme. Celle-ci est par ailleurs appuyée par une implication forte des acteurs allemands de la recherche dans le transfert technologique.

 

 

Pour en savoir plus, contacts :

– [1] Voir le plan allemand NIP : « Assemblée générale du programme national d’innovation pour les technologies de l’hydrogène et des piles à combustible (NIP) », BE Allemagne 548, 17/11/2011 – http://www.bulletins-electroniques.com/actualites/68199.htm
– Plus d’informations : Site internet de la foire de Hanovre (en anglais et allemand) : http://www.hannovermesse.de

 

Sources :

Présence des rédacteurs à la foire de Hanovre

 

Rédacteurs :

Sean Vavasseur, Daniela Niethammer, Simon Ulmer, sean.vavasseur@diplomatie.gouv.fr, daniela.niethammer@diplomatie.gouv.fr – https://www.science-allemagne.fr

 

Origine : BE Allemagne numéro 702 (22/05/2015) – Ambassade de France en Allemagne / ADIT – http://www.bulletins-electroniques.com/actualites/78500.htm