La présence de méthane sur Mars ne signifie pas nécessairement la vie

Des chercheurs de l’Institut Max-Planck de Chimie de Mayence (Rhénanie-Palatinat) et des Universités de Utrecht (Pays-Bas) et Edimbourg (Ecosse) ont pu montrer que le méthane observé sur Mars provenait, en partie du moins, de météorites et de poussières interplanétaires irradiées par des rayons ultraviolets.

Depuis que les scientifiques ont identifié en 2003 une quantité plus importante de méthane dans l’atmosphère de Mars, de nombreuses spéculations ont eu lieu au sujet de sa source. L’hypothèse la plus connue suppose que des micro-organismes forment le méthane, notamment parce que le méthane sur terre est produit par des procédés biologiques, et qu’il s’agit de ce fait d’une preuve de vie sur la planète rouge. Une autre hypothèse attribue son origine à des sources de méthane géologiques volcaniques à l’intérieur de Mars. Cependant, aucune des théories ne peut pour l’instant expliquer de manière concluante les grandes quantités de méthane, de 200 à 300 tonnes par an d’après les estimations, qui sont produites sur Mars.

En l’absence totale d’expédition sur Mars et seulement avec l’aide d’une météorite, les chercheurs viennent de trouver la source principale : « le méthane provient d’innombrables petites micrométéorites et de particules interplanétaires, lesquelles, provenant de l’espace, atterrissent sur la surface de Mars, apportant avec elles des composés carbonés « , explique Frank Keppler, principal auteur de l’étude actuellement publiée dans la revue scientifique Nature. « L’extrême intensité des rayons ultraviolets fournit l’énergie nécessaire à la formation du méthane », ajoute le chimiste de l’atmosphère.

Contrairement à la Terre, Mars n’a pas de couche d’ozone protectrice, qui pourrait absorber la majeure partie des rayonnements UV de l’espace. En outre, l’atmosphère de Mars est très fine, si bien qu’en comparaison avec la Terre, une proportion nettement inférieure de la matière météorique brûle lors de l’entrée dans l’atmosphère.

Les chercheurs de Mayence ont irradié, avec les collaborateurs britanniques et hollandais, des échantillons de la météorite Murchison avec de la lumière ultraviolette. La météorite, vieille de 4,6 milliards d’années, est tombée en 1969 dans la ville australienne de Murchison. « La météorite contient plusieurs pourcentages de carbone et a une composition chimique similaire à la composition principale de celles qui atterrissent sur Mars », explique le chimiste du cosmos Ulrich Ott. Les chercheurs ont opté pour un rayonnement UV aux conditions identiques à celles de Mars, moyennant quoi, des quantités considérables de méthane se sont presque instantanément échappées de la météorite. Leur conclusion : les liaisons carbonées dans les météorites sont désorganisées par la lumière-UV haute en énergie de manière à former des molécules de méthane.

Comme la température sur Mars varie entre -143°C aux pôles et +17 °C à l’équateur, les scientifiques ont également analysé les échantillons de météorites aux températures correspondantes. Plus la température augmentait, plus les morceaux de météorites dégageaient du méthane. Cette influence de température concorde également avec les différentes concentrations de méthane enregistrées à divers points de l’atmosphère martienne. Ainsi, la plupart du méthane a été trouvé dans la région équatoriale, là où sont observées les températures les plus chaudes sur Mars.

Les résultats de l’équipe de Franck Keppler devraient décevoir tous ceux qui croyaient fermement à l’origine biologique du méthane. Les chercheurs ne peuvent cependant pas exclure l’hypothèse des micro-organismes martiens car, alors que le processus trouvé ici est, il est vrai, inéluctable, il est tout à fait possible que d’autres mécanismes contribuent à la production de méthane. Les scientifiques espèrent obtenir de Mars-Rover Curiosity [1], qui d’après la NASA doit atterrir sur notre planète voisine début août, plus de détails sur la formation de méthane et peut-être même une réponse finale à la question : y a-t-il de la vie sur Mars ?

[1] Le nouveau robot mobile de la NASA

 

Pour en savoir plus, contacts :

Frank Keppler – Institut Max-Planck de Chimie – email : frank.keppler@mpic.de

 

Sources :

« Methan auf dem Mars deutet nicht auf Leben « , communiqué de presse de l’Institut Max-Planck – 30/05/2012 – http://www.mpg.de/5821687/mars_methan_leben

 

Rédacteurs :

Marie-Laetitia Catta, catta@afast-dfgwt.eu