Manque de chercheuses en Allemagne

 

Seuls 11% des établissements d’enseignement supérieur en Allemagne sont dirigés par des femmes, selon la réponse du gouvernement fédéral à une Grande Question des députés socialistes, verts et du parti de gauche Die Linke. Le sujet a fait l’objet d’un débat au Parlement fédéral le 15 décembre 2011. Les femmes sont également très peu représentées dans les postes à responsabilités des grandes organisations de recherche allemandes : 9 sur 316 à la société Fraunhofer (2,8%), 51 sur 607 dans la communauté Helmholtz (8,4%), 43 sur 394 dans la communauté Leibniz (10,9%) et 119 sur 640 à la société Max Planck (18,6%). Alors que les femmes constituent désormais la moitié des thèses de doctorat et le quart des agrégations, elles ne représentent que 18,2% des professeurs d’université.

Certes ce nombre était de 10,5% au début des années 2000. Les députés de l’opposition parlent d’une « évolution décevante », contraire à la rhétorique de parité qui prévaut dans les établissements de recherche. Les femmes sont mieux représentées en France, au Royaume-Uni ou en Italie. Le gouvernement fédéral quant à lui ne se positionne pas, dans sa réponse, sur le fait de savoir si les programmes existants suffisent à permettre aux femmes l’accès aux chaires universitaires. L’opposition, en revanche, exige des quotas pour les femmes dans la science et la recherche. « Il y a eu quelques progrès, mais ils sont bien trop faibles », a déclaré la Présidente de la commission parlementaire pour l’éducation et la recherche, Ulla Burchardt (socialiste). « Si nous continuons ainsi, nous aurons – peut-être – la parité à la fin du siècle ».

La députée prévient, dans une lettre commune avec la députée verte Krista Lager et la députée de Die Linke Petra Sitte, que si le gouvernement ne réussit pas à éviter le gâchis du potentiel intellectuel des chercheuses, cela mènera à des pertes considérables dans l’innovation et la qualité de la science allemande. Elles demandent au gouvernement fédéral et aux Länder des mesures concrètes de promotion des femmes, qui pourraient être instaurées dans le cadre du Pacte pour l’enseignement supérieur, de l’Initiative d’excellence et du Pacte pour la recherche extra-universitaire. L’ancien Président de l’Agence allemande de moyens pour la recherche (DFG), Ernst-Ludwig Winnacker, avait prévenu dès 2006 que « nous laissons 40% de notre potentiel intellectuel à la porte », et exigé un quota, sans lequel la science allemande « perdrait dramatiquement en visibilité internationale ».

 

Pour en savoir plus, contacts :

Réponse du gouvernement allemand aux députés socialistes, verts et de Die Linke (en allemand) : http://dipbt.bundestag.de/dip21/btd/17/077/1707756.pdf

 

Sources :

– « Professuren : 82 Prozent haben Männer », article du Tagesspiel – 6/12/2011 – http://redirectix.bulletins-electroniques.com/kO2yR
– « Opposition fordert Frauenquoten in der Forschung », article du Handelsblatt – 7/12/2011

 

Rédacteurs :

Elodie Parisot, elodie.parisot@diplomatie.gouv.fr – https://www.science-allemagne.fr