Une mini protéine pour lutter contre le VIH

Dans le cadre de leurs recherches pour un traitement contre le cancer, une équipe de chercheurs de l’Université technique de Munich (TUM, Bavière) et leurs partenaires de l’Université de Naples et du Centre Helmholtz de Munich ont synthétisé un peptide contre le virus de l’immunodéficience humaine (VIH).

Le VIH pénètre l’organisme en infectant les cellules du système immunitaire grâce à trois mécanismes : la reconnaissance des cellules immunitaires, puis la liaison à ces cellules et enfin la fusion du virus avec celles-ci. Le VIH se propage dans les cellules grâce aux récepteurs de chimiokinesCXCR4 et CCR5 se trouvant à la surface des cellules immunitaires et permettant la reconnaissance des agents étrangers par notre organisme grâce à la présentation d’antigènes.

Des médicaments bloquant l’usage du récepteur CCR5 existent déjà sur le marché. Il a été observé depuis maintenant des années qu’une certaine catégorie d’individus qui présentent une anomalie de ce récepteur (forme tronquée) mènent une vie tout à fait normale, ce qui a poussé les chercheurs à se concentrer dans un premier temps sur le développement d’antagonistes à ce récepteur. En effet, le VIH n’est pas capable de se fixer sur la forme tronquée et ne peut par conséquent plus pénétrer dans les cellules immunitaires. Par contre, il n’existe à ce jour aucun médicament approuvé empêchant le virus du sida d’utiliser le récepteur CXCR4 pour pénétrer l’organisme.

L’équipe du professeur Kessler de la TUM a synthétisé une protéine capable de bloquer la possibilité de liaison entre le corécepteur CXCR4 et le virus du sida. Pour ce faire, ils ont modifié la structure de base de la protéine en déplaçant une chaîne latérale d’acides aminés vers un atome d’azote adjacent. Ainsi, ils ont pu augmenter l’affinité de cette molécule avec le récepteur CXCR4 et son activité anti-VIH. Comme pour les traitements ciblant le récepteur CCR5, la molécule développée ici reconnaît le récepteur CXCR4 et se lie à lui de telle manière que la liaison avec le virus du sida s’en trouve bloquée.

Selon Ruth Brack-Werner, virologue au centre Helmholtz de Munich, cette molécule constitue une base pour la conception de nouveaux médicaments non seulement contre des souches de VIH-1 particulièrement agressives, mais également contre le cancer, puisque l’on sait que le récepteur CXCR4est également impliqué dans le développement des métastases. Des dérivés de cette molécule sont actuellement testés pour le développement de traitements contre le cancer et la détection des tumeurs par imagerie médicale.

 

Pour en savoir plus, contacts :

– Publication originale : « A Conformationally Frozen Peptoid Boosts CXCR4 Affinity and Anti-HIV Activity », Angewandte Chemie – Edition internationale en ligne du 06/08/2012 – http://onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1002/anie.201202090/abstract
– Site de la Faculté de chimie de l’Institut de recherches avancées de l’Université technique de Munich : http://www.org.chemie.tu-muenchen.de/akkessler/
– Site de l’Institut de virologie du Centre Helmholtz de Munich : http://redirectix.bulletins-electroniques.com/gqqbr
– Prof. Dr. Horst Kessler, Faculté de Chimie , Institut de recherches avancées de l’Université technique de Munich – tél. : +49 89 289-13300 – email : kessler@tum.de
– Prof. Dr. Ruth Brack-Werner, Institut de virologie du Centre Helmholtz de Munich – tél. : +49 (0)89/3187-2923 – email : brack@helmholtz-muenchen.de

 

Sources :

« Molekül gegen HIV: kleine Anderung, große Wirkung « , communiqué de presse de la TUM – 09/08/2012 – http://redirectix.bulletins-electroniques.com/VekJp

 

Rédacteurs :

Haoua Maïano, bfhz@lrz.tu-muenchen.de – https://www.science-allemagne.fr