Conférence internationale sur l’exploitation minière des grands fonds marins à Berlin

Le 13 décembre 2016 a eu lieu à Berlin une conférence concernant l’exploitation minière en zone marine profonde en présence d’Uwe Beckmeyer, Secrétaire d’Etat parlementaire et coordinateur des industries maritimes auprès du ministre fédéral de l’Economie et de l’Energie (BMWi), et de Vincent Bouvier, Secrétaire Général de la Mer rattaché au cabinet du Premier ministre français. Cet événement fut l’occasion de dresser un état des lieux sur les expérimentations menées à ce jour pour mieux définir les enjeux des prochaines années, notamment le développement industriel de cette activité émergente.

Les besoins croissants en matières premières minérales pour fabriquer matériel électronique, éoliennes, panneaux solaires, voitures, amènent états, industriels et scientifiques à chercher de nouveaux gisements pour s’approvisionner à long terme. La présence jusqu’à 5 000 m de profondeur sur les planchers océaniques de nodules polymétalliques, concrétions rocheuses contenant des minéraux tels que du cobalt, du cuivre, du manganèse, etc. représente une solution partielle. Ceci pose aussi de nombreuses questions, tant au niveau du développement technologique pour extraire et exploiter ces minerais, que des impacts environnementaux qui pourraient être engendrés à plus ou moins long terme sur la biodiversité marine [1], [2].

 

Lors de cette conférence, les représentants des gouvernements allemands et français, de l’Union Européenne et de l’autorité internationale des fonds marins (International Seabed Authority, ISA) ont souligné, devant les participants du monde académique et industriel, l’importance d’accompagner l’émergence de cette activité pour protéger au mieux l’environnement, en finançant la recherche et en fixant un cadre législatif dans le domaine des eaux internationales. Dans ce cadre, l’Union Européenne (UE) finance intégralement ou partiellement divers projets de recherche à travers les programmes H2020 et FP7 :

- MIDAS (Managing Impacts of Deep-seA reSource exploitation) [3] réunit 32 partenaires académiques et industriels durant 3 ans (début : novembre 2013) pour un budget total de 12 millions d’euros, parmi lesquels 9 millions d’euros sont des fonds européens. Le but de cette étude est d’analyser les dégradations qu’une exploitation minière en milieu marin profond pourrait engendrer en étudiant la dynamique de particules en suspension ou la libération de molécules toxiques par exemple ;

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Nodule polymétallique hôte de faune animale et végétale (©ROV600 Kiel/GEOMAR)

 

- JPI-OCEANS (Joint Programming Initiative – Oceans) [4] est un projet avec un budget de 9,5 millions d’euros sur 3,5 ans (début : janvier 2015) qui rassemble 25 partenaires de 11 pays européens différents afin d’étudier les risques pour les écosystèmes marins d’une exploitation minière. Le ministère fédéral de la recherche et de l’enseignement allemand finance le projet des partenaires allemands en plus du financement européen. Dans des zones marines où l’environnement a été artificiellement perturbé préalablement, des résultats expérimentaux permettent de quantifier l’évolution de la biodiversité suite à la perturbation ;

- Blue Mining [5] est financé en partie par des fond européens (10 millions d’euros pour une budget total de 15 millions d’euros) pour une durée de 4 ans (début : février 2014) dans le cadre d’un consortium entre 15 partenaires industriels et académiques de 6 pays européens différents. Ce projet a pour objectif principal d’évaluer la faisabilité d’un projet d’extraction minière marine à grande profondeur (5 000 m) ;

- Blue Nodules [6] est un projet de coopération européen financé intégralement par l’UE à hauteur de 8 millions d’euros pour une durée de 4 ans (début : février 2016) entre 14 acteurs du domaine académique et industriel de 9 pays européens. Lors de cette étude, un système d’extraction automatisé doit être développé pour permettre d’extraire 2 millions de tonnes de nodules situés entre 4 000 et 6 000 m de profondeur.

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Concept de système d’extraction automatisé de nodules polymétalliques (©Blue Nodules)

L’ensemble des résultats et des conclusions obtenues guideront les autorités nationales, l’UE et l’ISA dans leur prise de décisions future à travers l’écriture des dispositifs législatifs ou l’allocation de nouveaux budgets de recherche. Ceci permet également une coopération entre les différents acteurs du milieu favorisant le développement des connaissances scientifiques et le partage des connaissances.

 


Plus d’informations :

- [1] L’avenir de la pieuvre d’eaux profondes « Casper » remis en question par l’exploitation du sous-sol marin : http://jpi-oceans.eu/news-events/news/manganese-nodules-breeding-ground-deep-sea-octopuses (en anglais), http://www.sueddeutsche.de/wissen/meeresbiologie-krake-casper-held-der-tiefsee-1.3301147 (en allemand), http://www.europe1.fr/sciences/casper-la-pieuvre-fantome-menacee-par-les-telephones-portables-2932622 (en français)

- [2] L’exploitation des ressources minières sous-marines, rapport du Service pour la Science et la Technologie de l’Ambassade de France en Allemagne, août 2015 : https://www.science-allemagne.fr/wp-content/uploads/2016/01/15-093_Rapport_DeepSeaMining_court.pdf

- [3] Site internet du projet MIDAS : http://www.eu-midas.net/

- [4] Site internet du projet JPI – OCEANS : http://jpi-oceans.eu/

- [5] Site internet du projet Blue Mining : http://www.bluemining.eu/

- [6] Site internet du projet Blue Nodules : http://www.blue-nodules.eu/

 

Source :

 

Rédacteur : Luc Massat, luc.massat[at]diplomatie.gouv.fr – www.science-allemagne.fr