Etat de l’électromobilité dans la région Berlin-Brandebourg

Depuis 2012, la région Berlin-Brandebourg constitue un des quatre « projets vitrine » d’Allemagne (Schaufensterprojekt) établis par le gouvernement fédéral jusqu’en 2015 dans le cadre du Plan national pour l’électromobilité (NPE).

 

La capitale allemande et le Land de Brandebourg souhaitent que le modèle de réussite choisi, reposant sur l’intégration de l’électromobilité dans leur développement économique, soit reconnu au-delà des frontières nationales et mettent l’accent sur la préservation de l’environnement. La première phase du NPE, qui arrive à son terme en 2014, doit permettre de créer les conditions favorables au lancement du marché des véhicules électriques. Les phases II (2015-2017) et III (2018-2020) ont pour objectif d’assurer aux véhicules électriques la conquête d’une part non négligeable du marché.


Chronologie de la création de la région modèle :

En 2010, le Plan national pour l’électromobilité (NPE) était lancé par le gouvernement fédéral. Composée de 150 experts industriels, scientifiques et politiques, répartis en sept groupes de travail traitant chacun une thématique précise, la commission gérant le NPE a alors proposé des initiatives visant à développer l’électromobilité en Allemagne, parmi lesquelles figurait la création des « projets vitrine ». Un appel d’offre était lancé en 2011. Ce programme regroupe des financements provenant des différents ministères impliqués dans la mise en oeuvre du plan, à savoir les ministères de l’environnement (BMU), des transports (BMVBS) et de l’économie (BMWi).

Déjà en 2009, les villes de Berlin et de Potsdam (capitale du Land de Brandebourg) s’étaient rapprochées pour fonder une région active dans le domaine de l’électromobilité. En 2010, la ville-Etat de Berlin créait en partenariat avec le Brandebourg, une agence de développement de l’électromobilité, eMo, dont le rôle était de coordonner les initiatives et de gérer les projets sur la zone Berlin-Potsdam. Des entreprises, des institutions économiques et politiques régionales sont depuis également devenus partenaires de l’agence, lui assurant un financement.

 

En 2011, l’agence eMo, au nom de la région Berlin-Brandebourg, a postulé au programme de « projets vitrine », initié par le NPE. La région a choisi de se porter candidate avec pour objectif de réaliser concrètement des démonstrateurs, de tester à grande échelle des solutions innovantes et enfin de rendre l’électromobilité visible auprès de la population.

 

La même année, la région de Berlin-Potsdam a lancé un plan d’action (version « 1.0 ») dans l’objectif de développer un véritable réseau de compétences régional. En 2012, celle-ci a acquis le statut de « projet vitrine » aux côtés de trois autres régions : Basse-Saxe, Bade-Wurtemberg (région autour de Karlsruhe et Stuttgart) et Bavière-Saxe.

 

Atouts de la région et des « projets vitrine » :

Le succès de la candidature de la région de Berlin-Brandebourg dans le cadre des « projets vitrine » s’explique par plusieurs facteurs :
– Berlin possède un taux d’équipement en automobile des ménages très faible : 56% des ménages seulement possèdent au moins un véhicule, alors que la moyenne nationale est de 83% (65% à Hambourg – chiffres 2010) ;
– Berlin et sa région constituent naturellement, par l’attrait qu’elles exercent ces dernières années au niveau national et international, une excellente vitrine ;
– les instituts de recherche et les universités présents sont reconnus en Allemagne ;
– l’absence de constructeur automobile dans la région favorise l’essor de start-ups et le développement d’idées innovantes ;
– Berlin et sa région disposent d’un potentiel intéressant pour le développement des énergies renouvelables. Le Brandebourg est un lieu privilégié pour l’énergie éolienne car il est faiblement peuplé, plat et venteux.

 

Bilan intermédiaire et futures pistes de développements :

Dans le cadre du projet-vitrine Berlin-Brandebourg, 150 initiatives coordonnées par l’agence eMo ont vu ou vont voir le jour, pour un montant total de plus de 100 millions d’euros (provenant pour 40 millions d’euros des entreprises, pour 40 millions d’euros du gouvernement fédéral, et pour 20 millions d’euros des deux Lander). Ces projets ont notamment permis d’atteindre le chiffre de 1 200 véhicules électriques en circulation et la construction de 200 points de rechargement.

 

De nombreuses start-ups se sont formées et beaucoup sont regroupées au sein du campus « EUREF », situé en plein coeur de la capitale allemande. Ce campus vise à trouver des solutions aux défis posés par l’électromobilité, les réseaux intelligents et l' »l’énergie dans la ville » (intégration et utilisation de l’énergie par des concepts urbains). Les partenaires de ce campus seront associés à l’Université Technique de Berlin (TUB), établissement fondateur du campus, ainsi qu’à des établissements de recherche non universitaires, des grandes entreprises (e.g. Schneider Electric) et PME également à l’origine du projet de campus.

L’étape prochaine sera le lancement, en 2014, de la « version 2.0 » du plan d’action. Les objectifs seront de développer des démonstrateurs, de faire des campagnes de promotion à l’international et d’information auprès des usagers. En prévision de la fin des « projets vitrine » en 2015, la région a lancé en parallèle l’initiative « InitiativE Berlin-Brandebourg » qui va courir de 2014 à 2016, avec le soutien du BMU.

 

Au cours d’une présentation publique, le directeur adjoint de l’eMo a estimé que le concept d’électromobilité se trouvait actuellement dans le creux qui fait suite au pic normal d’enthousiasme vis à vis des nouvelles technologies, mais qu’il était sur le point de rebondir. Selon lui, la faisabilité de l’électromobilité ne fait aucun doute, insistant sur quatre points essentiels à sa réussite :
– la nécessité d’atteindre une masse critique en termes de nombre de véhicules électriques, ce qui n’est pas encore le cas ;
– la normalisation dans le domaine des techniques de rechargement, actuellement inexistante ;
– le besoin de passer d’un design de conversion (« conversion design », dans lequel le moteur thermique est simplement remplacé par un moteur électrique) à un design voulu (« purpose design », dans lequel le design du véhicule est conçu autour du moteur électrique) ;
– la mise en place d’un cadre juridique et normatif, qui reste à définir.

 

Exemples de projets :

Quelques exemples de projets en cours de développement dans la région Berlin-Brandebourg :
– Le projet « KV-E-chain » porté par l’école des sciences appliquées de Wildau (Brandebourg) et financé par le BMWi vise à mettre en place une chaîne logistique reposant entièrement sur des solutions électromobiles.
– Le projet « Elektrische Flotten für Berlin-Brandenburg » porté en partie par la Deutsche Bahn et financé par le BMVBS vise à développer des flottes de véhicules en autopartage.
– Le projet « E-Busse Berlin », soutenu en partie par l’Université technique de Berlin. Il permettra la mise en circulation de huit bus électriques avec rechargement par induction sur une ligne du centre-ville de Berlin, fortement fréquentée par les touristes.

 

Sources :

Présence du rédacteur à la réunion publique de l’eMo

 

Rédacteurs :

Grégory Arzatian, gregory.arzatian@diplomatie.gouv.fr – https://www.science-allemagne.fr