Capacité d’innovation de l’Allemagne : le rapport « Moniteur de l’innovation 2012 »

L’Institut de l’économie allemande (IW) de Cologne (Rhénanie du Nord-Westphalie) et l’Initiative nouvelle économie de marché (INSM) ont publié le rapport « Moniteur de l’innovation 2012 » sur les capacités d’innovation de l’Allemagne. Sur les 28 pays considérés, l’Allemagne se situe au sixième rang, derrière la Finlande (1ère), la Suisse (2ème) ou la Corée du Sud (3ème). Par comparaison, la France se situe à la 10ème place, les Etats-Unis à la 15ème, et le Royaume-Uni à la 16ème. L’IW a comparé la force d’innovation des différents pays à partir de 18 indicateurs, dont les résultats des études PISA pour les connaissances scientifiques des élèves, le niveau des investissements de l’Etat en R&D par rapport au PIB ou encore les infrastructures pour les technologies de l’information et de la communication. Le bon résultat de l’Allemagne est notamment dû aux bonnes connaissances scientifiques des élèves et aux performances des entreprises en matière de recherche, tant en ce qui concerne les dépenses de recherche que le dépôt de brevets.

Le rapport conclut que l’une des forces principales de l’Allemagne est sa formation professionnelle double, véritable force motrice pour la puissance d’innovation de l’Allemagne et sa croissance économique, et qui est trop souvent sous-estimée, en particulier dans les comparaisons internationales. Les PME innovantes, qui n’ont souvent pas leur propre département de recherche, considèrent le fait d’avoir le personnel le mieux qualifié possible comme le facteur le plus important pour le développement futur de leurs produits, et s’appuient en particulier sur les apprentis dans les domaines techniques. Le rapport affaiblit ainsi la critique habituelle de l’OCDE sur les bas taux de jeunes dans l’enseignement supérieur en Allemagne, en montrant l’importance de l’apprentissage pour les capacités d’innovation et la compétitivité des PME.

Le Directeur de l’INSM, Hubertus Pellergahr, engage les responsables politiques allemands à assurer l’offre en matière de personnel qualifié dans les années futures malgré une population en diminution, en particulier par une politique d’immigration adaptée. « Une meilleure perméabilité du système de formation, plus d’étudiants étrangers et plus de femmes dans les matières techniques sont les points de départ d’une consolidation des capacités d’innovation ». Hubertus Pellengahr estime que les besoins des entreprises en main d’oeuvre possédant des qualifications techniques et scientifiques vont encore augmenter dans les prochaines années, à cause du changement démographique d’une part, et des nouvelles tendances comme l’électromobilité et les énergies renouvelables de l’autre.

Hans-Peter Klös, Directeur de l’IW, prévient les pays européens qu’ils ne doivent pas se reposer sur leurs bonnes performances, car la Chine, qui ne fait pas partie de l’OCDE et n’a donc pas été étudiée dans le rapport, les a largement rattrapés dans la compétition pour l’innovation : « la Chine est passée d’un statut d’imitateur à un statut d’innovateur, et de ce fait est devenue un concurrent sérieux de l’Allemagne ». Les auteurs du rapport voient également un lien direct entre leur classement et la solvabilité financière des pays étudiés. Dans les huit premiers pays, sept obtiennent la note maximale des agences de notation. Et dans le bas du classement, aucun pays ne l’atteint.

Un point noir se dessine pour l’Allemagne : sa faiblesse au niveau du capital-risque, qui permet le passage des idées à leur application, ainsi que ses lourdeurs dans la réglementation, notamment dans le domaine des biotechnologies. En revanche, les chercheurs louent l’Initiative d’Excellence, qui « a mené à un profilage de la recherche de pointe en Allemagne », déclare Klös.

 

Pour en savoir plus, contacts :

Le rapport complet (en allemand) est disponible sur le site de l’Institut de l’économie allemande de Cologne : http://redirectix.bulletins-electroniques.com/0J2BC

 

Sources :

« Deutschlands Stärke ist die Ausbildung », article de Die Welt – 13/01/2012

 

Rédacteurs :

Elodie Parisot, elodie.parisot@diplomatie.gouv.fr – https://www.science-allemagne.fr