L’Allemagne, championne de l’UE en R&D, mais pas de l’Europe

 

Dans le classement mondial des dépenses de R&D 2010 diffusé le 24 octobre 2011 par deux quotidiens allemands, figurent deux entreprises suisses (Roche et Novartis, en 1ère et 3e position) et trois entreprises américaines (Pfizer, Microsoft et Merck) parmi les cinq plus grandes mondiales en termes de R&D. Viennent ensuite le Japon et la Corée, avec Toyota et Samsung. La seule entreprise de l’Union Européenne se trouvant dans le top 10, le finlandais Nokia, est 8e. L’Allemagne pointe à la 14e position avec Volkswagen (6,089 Mrds d’Euros de R&D en 2010), puis Siemens arrivant en 20e position (5,217 Mrds d’euros). Les entreprises allemandes, même si elles prennent globalement la tête de l’UE en dépenses de R&D, sont donc moins agressives que leurs voisines helvétiques

 

Et ceci est partiellement expliqué par un soutien à la recherche moins réactif, notamment du fait des lourdes démarches au niveau des programmes européens.
Ainsi l’année dernière, lorsque le prix Nobel de physique a été remis à André Geim, celui-ci en avait profité pour montrer les limites du système européen de soutien à la recherche, rapporte le même jour le quotidien Tagesspiegel dans un entretien avec la Commissaire européenne Máire Geoghegan-Quinn. La « jungle de financement » était à ses yeux si impénétrable qu’il était pratiquement impossible d’attirer de l’argent même pour de bons projets (publics et privés). Le Forum Franco-allemand de la recherche avait d’ailleurs pris bonne note de ce point, les Ministres français et allemand de la recherche ayant conjointement insisté sur la nécessité d’alléger les procédures d’accès aux financements de soutien à la recherche, notamment du PCRD.

Ainsi, dans le budget de l’UE de 2014 à 2020, actuellement en cours de négociation à Bruxelles, le financement de la recherche devraient être rehaussé et concentré sous un même toit. « Nous voulons unifier ce financement de la recherche trop complexe », déclare Mme Geoghegan-Quinn dans l’interview du Tagesspiegel. Le programme de recherche « Horizon 2020 » de la Commission européenne doit ainsi apporter 80 milliards d’euros sur la période, soit une augmentation de 25 milliards d’euros par rapport au budget actuel.

Geoghegan-Quinn souligne alors que le nouveau programme de soutien cherchera à renforcer l’application des résultats de recherche dans l’économie. Les universités ne devraient plus rester cantonnées dans leur « tour d’ivoire », mais mieux se concentrer sur les besoins de la société et de l’économie. Cela ne signifie pas moins de recherche fondamentale, qui restera probablement une priorité, mais une recherche fondamentale plus adaptée. Les meilleurs exemples sont pour elle les scientifiques financés par le Conseil européen de la recherche (ERC), une « réussite spectaculaire », comme le montre la croissance du budget de ce programme.

Geoghegan-Quinn s’exprime plus prudemment au sujet de l’autre projet phare de l’UE, l’Institut Européen de Technologie (IET), qui est « très important » mais dont il reste à mieux cerner le développement.

 

 

Sources :

– « Europa soll stärker forschen », Tagesspiegel – 24/10/2011 – http://redirectix.bulletins-electroniques.com/hs6Zv
– « Europameister im Forschen », Die Welt – 24/10/2011
– « Die Firmen forschen wieder », Handelsblatt – 24/10/2011

 

Rédacteurs : Charles Collet, charles.collet@diplomatie.gouv.fr – https://www.science-allemagne.fr