Colloque franco-Allemand « Mirabilis Scientiae Fundamenta – #Descartes en Allemagne 1619 -2019 » à Neubourg-sur-le-Danube

Ces journées ont revisitéun moment clé de la pensée et de la vie du jeune Descartes, alors simple soldat dans l’armée du duc Maximilien de Bavière, au tout début de la Guerre de Trente Ans. Il séjourna à cette époque dans plusieurs villes du Saint-Empire romain, dont Neubourg-sur-le-Danube. C’est en ce lieu que, le 10 novembre 1619, il reçut « trois songes consécutifs » qui lui firent entrevoir les « fondements d’une science admirable ». Attestés dans son traité des Olympiques, et repris dans la Vie de M. Descartes par Baillet, ces songes, énigmatiques, sont considérés comme l’épisode fondateur de l’itinéraire spéculatif de Descartes. Ils n’ont cessé depuis de poser des questions fondamentales aux philosophes et aux historiens de la philosophie, sur la nature de cette science admirable, et sur les fondements en apparence fort peu « cartésiens » de cette science.

Le colloque a d’abord réexaminé le contexte historique de la découverte cartésienne, se basant sur des recherches récentes concernant le périple militaire de 1619-1620 qui mènera Descartes de Francfort-sur-le-Main à la Montagne Blanche, ainsi que son contexte scientifique, mathématique et astronomique en particulier à travers les influences d’Isaac Beeckman et de Kepler. Il s’est ensuite penché sur  l’ensemble des questions proprement philosophiques que posent la découverte des fondements de la science admirable et les trois songes, ainsi que sur leurs conséquences doctrinales dans l’œuvre de Descartes, des Règles pour la direction de l’esprit aux Passions de l’âme, puis sur la réception du cartésianisme dans la philosophie allemande du XVIIème au XXème siècle.

On sait que Descartes mentionne son séjour allemand au début de la seconde partie du Discours de la Méthode. Il y évoque, pour illustrer la nouveauté de cette méthode, « ces places régulières qu’un ingénieur trace à sa fantaisie », à la différence des anciennes cités médiévales et la tradition est alors de mentionner Richelieu, la ville nouvelle et contemporaine du Cardinal. Le colloque a cependant insisté sur l’importance, méconnue, qu’a pu avoir le lieu même du Neubourg, ville nouvelle à l’époque, développée par son statut de capitale du Junge Pfalz, dans la pensée première de Descartes. La Hofkirche inaugurée en 1618, et son plafond orné des litanies de la Vierge de Lorette, trouvent ainsi un écho saisissant dans la vie et la pensée du jeune philosophe qui fit le pèlerinage à Loreto en 1623.

Le colloque, d’une très haute teneur scientifique, réunissait des spécialistes de l’œuvre et la pensée de Descartes venus du monde entier, dont Jean-Luc Marion (Chicago et Académie française, récent auteur de Sur la pensée passive de Descartes), Vincent Carraud (Sorbonne-Université, récent éditeur de Descartes. Etudes du bon sens), Edouard Mehl (Strasbourg, récent auteur de Descartes en Allemagne), Zuo Huang (Canton), Igor Agostini (Lecce), Andreas Schmidt (Iéna), Olivier Ribordy (Fribourg) et le Père Armogathe (Académie des inscriptions et belles lettres).

Le colloque donnera lieu à des actes qui seront publiés par les  éditions Karl Alber, dans la collection “Eichstätter philosophische Studien”.

Rédaction : Service pour la science et la technologie, Ambassade de France à Berlin