LA GESTION DES POLLUTIONS EN MER BALTIQUE : INITIATIVES ALLEMANDES ET EUROPEENNES

La mer Baltique, mer européenne semi-fermée, entourée par neuf pays (Suède, Danemark, Allemagne, Pologne, Russie, Lituanie, Lettonie, Estonie et Finlande), est un des plus grands systèmes d’eau saumâtre du monde (415 000 km²). Composée de sept sous bassins, elle présente la particularité d’être, du moins pour une large partie, peu profonde (profondeur moyenne de 52 m). De fait, son volume est faible : seulement 21,760 km3.  Pourtant, l’activité humaine est, sur ses côtes, importante.

En effet, la mer Baltique, draine les eaux en provenance d’environ 14 pays, sur une superficie de 1.72 millions de km², pour une population de près de 90 millions d’habitants. S’y ajoute de faibles échanges avec l’océan Atlantique (via le détroit du Kattegat entre le Danemark et la Norvège) avec donc un taux de renouvellement de l’eau très faible (entre 25 à 40 ans pour un renouvellement complet de la masse d’eau) et des conséquences environnementales importantes.

 

Etat des lieux environnemental[1]

 

L’écosystème baltique est varié. Trois types d’habitats sont à distinguer : la zone endobenthique (soft bottom) et la zone benthique (hard bottom), situées au fond de la mer, que l’on oppose à la zone pélagique, la colonne d’eau entre le fond et la surface.

Se situe dans les deux premières zones la plus grande biodiversité de la mer Baltique. On y trouve habituellement une couche de micro-algues fixée au fond marin dans laquelle évolue une faune riche. Les espèces les plus représentées sont :  Fucus vesiculosus ou Varech vesiculeux (microalgue), des poissons comme la perche ou le hareng, des crustacés et des moules. Ces dernières (Mytilus edulis) représentent 90% de la biomasse animale et sont, une source de nourriture importante ainsi que des filtres très efficaces. La zone endobenthique comprend principalement de la vase et de sédiments. Elle est traditionnellement dominée par les clams et plusieurs types d’algues (Phragmites australis, Chara ssp, etc.). Enfin, la zone pélagique, où les espèces évoluent en eau libre, contient peu de biodiversité. On y trouve planctons et poissons de pêche.

A cause du faible taux de renouvellement de l’eau, une forte stratification, un volume d’eau faible et un bassin versant étendu, la mer Baltique est un écosystème extrêmement sensible subissant de nombreux phénomènes naturels mais aussi anthropiques. Ainsi, les pollutions sont nombreuses : pollution due aux armes chimiques déversées dans ses eaux (principalement pendant la Seconde Guerre mondiale), fuite de composés de métaux lourds, substances organiques, matières radioactives et fioul de chauffage ou hydrocarbures[2]. La surexploitation des stocks de poissons et l’impact du changement climatique sont aussi à l’origine d’une perte de la biodiversité initiale. On assiste à une augmentation de la présence d’espèces non endémiques à la mer Baltique, introduite le plus souvent par l’intermédiaire – volontaire ou non – de l’homme[3], et qui constituent une nouvelle agression pour cet écosystème. Enfin, le développement de l’agriculture dans le bassin de drainage de la mer Baltique a entrainé un apport excessif d’engrais et de matières organiques, provoquant le développement de phénomènes d’eutrophisation rapide.

[1] Cf. “State of the Baltic Sea – Background paper”, BalticSTERN, 2013

[2] Cf. “ How to control and manage hazardous substances in the Baltic Sea region ? – Final summary report of the COHIBA project ” – A. Pilke, T. Nakari, E. Schultz, P. Munne, E. Broström-Lundén, H. Andersson, C. Mathan, F. Marscheider-Weidemann, K. Sild, M. Durkin, COHIBA project consortium, 2012.

[3] Cf. Vitousek et al., 1997, UNEP, 2006

 

Rédacteur : Thomas Rius Thomas.Rius@ens-cachan.fr

 

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