Helmholtz 2020, nouvelle stratégie pour la Communauté Helmholtz

Le nouveau document stratégique de la Communauté Helmholtz, intitulé « Helmholtz 2020 – Conception du futur à travers le partenariat » [1] a été adopté le 19 septembre 2013 à l’occasion de l’assemblée générale annuelle. Cette feuille de route constitue la contribution de la Communauté Helmholtz à la discussion actuelle sur l’avenir du système de recherche allemand. Il propose notamment la mise en place, au niveau politique, d’un contrat d’avenir pour la science et l’éducation. La priorité est de renforcer les thématiques sélectionnées par la Helmholtz, en construisant de nouveaux partenariats stratégiques, et dans le cadre de modèles de coopération appropriés. La coopération étroite entre tous les acteurs du système de recherche allemand est pour la Communauté Helmholtz la seule manière possible de maintenir et de sécuriser à long terme la compétitivité internationale de ce système.

 

Helmholtz 2020

L’Allemagne se trouve devant une échéance cruciale : la fin programmée de l’Initiative d’excellence en 2017. A cela s’ajoutent les discussions sur l’opportunité de poursuivre deux autres initiatives gouvernementales, le Pacte pour la recherche et l’innovation et le Pacte pour l’enseignement supérieur, qui dans leur forme actuelle expireront en 2015. Parallèlement, les processus de transformation sociétale mondiaux posent de nouveaux défis scientifiques et technologiques. Des besoins croissants en énergie, le changement climatique et la transition démographique sont des exemples d’évolutions auxquelles la société allemande ne pourra répondre que grâce à l’implication de ses chercheurs. Ce constat a mené les centres de recherche Helmholtz à mettre au point un document stratégique, « Helmholtz 2020 – Conception du futur à travers le partenariat », exposant les propositions concrètes de la Communauté pour le développement futur du système de recherche en Allemagne.

Le coeur de la stratégie Helmholtz est un développement qualitatif du système de recherche. Jürgen Mlynek, le Président de la Communauté Helmholtz, a souligné que bien que le système de recherche allemand possède des atouts solides (diversité, excellence…), il ne serait pas possible pour l’Allemagne d’apporter des réponses aux défis de demain si le Pacte pour la recherche et l’innovation n’était pas suivi, après son échéance, d’une initiative similaire. La contribution de la Communauté Helmholtz focalise sur les six thématiques qui constituent son coeur de mission et pour lesquelles elle possède une expertise reconnue : énergie, terre et environnement, santé, technologies clés (TIC, nanotechnologies, calcul haute performance…), structure de la matière, et aéronautique, espace et transport. La mutualisation au niveau national des contributions (compétences et ressources) des différents acteurs de chaque domaine de recherche tout au long de la chaîne d’innovation est du point de vue de la Communauté Helmholtz l’unique moyen d’exploiter en profondeur le potentiel du système de recherche allemand de manière efficace et durable.

 

Nouveaux modèles de coopération

Concrètement, le document stratégique suggère de réfléchir à de nouveaux modèles de coopération. Ces modèles devront à la fois être basés sur les concepts actuels fonctionnant le mieux et intégrer de nouvelles activités de financement de projets. La Communauté Helmholtz propose pour cela de développer de nouvelles coopérations :

– Organismes cofinancés par l’Etat fédéral : si une masse critique est atteinte dans un domaine particulier sur un campus universitaire, en combinaison avec un centre Helmholtz, il pourrait être possible de créer un organisme national, cofinancé par l’Etat fédéral, qui comprenne une part de recherche universitaire et une part de recherche au moyen des grandes infrastructures de recherche. L’objectif de cette nouvelle entité serait d’arriver à rayonner au niveau international et atteindre le top-10 des organismes de recherche du secteur dans le monde. Exemples : l’Institut de technologie de Karlsruhe (KIT, Bade-Wurtemberg), le Centre d’excellence sur la biomédecine de Berlin (en projet).

– Réseaux institutionnels : pour des thématiques qui ne peuvent pas être rassemblées sur un même lieu, il pourrait être pertinent de mettre en place des réseaux stratégiques, organisés de manière décentralisée mais financés au niveau institutionnel. Ces réseaux de long terme seraient conçus par l’un des centres ou des piliers thématiques de la Helmholtz. Exemples : le Centre allemand pour les maladies neuro-dégénératives, le Consortium allemand pour la recherche translationnelle sur le cancer.

– Réseaux financés par des projets de recherche : ces réseaux viseraient à imbriquer étroitement, au niveau du contenu, les activités de la Helmholtz financées de manière institutionnelle (recherche sur programmes) et les financements sur projets. La valeur ajoutée se présenterait sous forme de masse critique, d’une programmation commune, de la combinaison de différentes expertises, et d’une meilleure visibilité des partenaires. Il n’existe pas encore d’exemples de ce type de réseaux, mais des initiatives conjointes de la Communauté Helmholtz et du BMBF telles que le Centre allemand pour la recherche sur le diabète, ou un réseau de recherche sur la bio-économie, s’en rapprochent au niveau conceptuel.

La Communauté Helmholtz continuera également de travailler en partenariat avec les autres organismes de recherche et agences de financement d’Allemagne dans le cadre du Pacte pour la recherche et l’innovation. Le document présenté se veut enfin un appel à ces organismes partenaires, et aux donateurs, à entrer dans un dialogue commun avec la Communauté Helmholtz pour dégager un consensus sur l’organisation et le développement du futur système de recherche allemand.

 

Un contrat d’avenir pour la science et l’éducation ?

Parallèlement à la publication de ce document stratégique, et dans le cadre des élections fédérales du 22 septembre 2013, Jürgen Mlynek a appelé les partis politiques allemands à conclure un « Contrat d’avenir pour la science et l’éducation », qui constituerait une forme de continuation du Pacte pour la recherche et l’innovation.

Il a en premier lieu critiqué l’échec de la communauté politique à s’accorder sur une réforme du fédéralisme durant la législature précédente, et exprimé son souhait que la question soit résolue le plus rapidement possible. En effet, d’après la répartition stricte des compétences entre Etat fédéral et Länder dans la constitution allemande (Grundgesetz, article 91b), seuls les Länder sont actuellement habilités à financer institutionnellement les universités. L’Etat fédéral ne peut intervenir que dans le financement sur projets, notamment à travers l’Agence allemande de moyens pour la recherche (Deutsche Forschungsgemeinschaft, DFG). La proposition de loi émanant du gouvernement et déposée au printemps 2012 proposait de modifier l’article incriminé de tel sorte que l’Etat fédéral puisse participer au financement de base des établissements d’enseignement supérieur au même titre que les Länder. Le projet de loi n’a pas encore été adopté, notamment du fait que les partis d’opposition souhaitaient rattacher la question à celle plus large de l’implication financière de l’Etat fédéral dans les dépenses d’éducation, un domaine qui est également une compétence quasi-exclusive des Länder. Alors que les Länder ne pourront très bientôt plus contracter de nouveaux emprunts (selon le principe du frein à l’endettement, adopté en 2009 pour réguler l’endettement public allemand et qui sera actif en 2016), il est d’autant plus important que les budgets de recherche, en forte hausse depuis quinze ans, soient sécurisés. Certains Länder ont d’ores et déjà des difficultés à assumer leur part du financement de la recherche.

 

En quête d’un système de recherche toujours plus compétitif

Les propositions de la Communauté Helmholtz s’appuient sur les dernières recommandations du Haut conseil pour la recherche (Wissenschaftsrat) au sujet de l’avenir du système de recherche allemand. Jürgen Mlynek a notamment appelé à laisser dans le système de recherche les moyens financiers qui seront libérés par l’achèvement de l’Initiative d’excellence, du Pacte pour la recherche et l’innovation et du Pacte pour l’enseignement supérieur. Il met en avant l’importance de conserver un équilibre entre les différents pans du système de recherche : la recherche de pointe et une recherche la plus large possible, les universités et les écoles supérieures spécialisées, les établissements d’enseignement supérieur en général et les organismes de recherche extra-universitaires. Un contrat d’avenir devrait également permettre de mettre en place les investissements futurs nécessaires, et prévoir une augmentation annuelle des moyens financiers supérieure à l’inflation et à la croissance générale des budgets de l’Etat fédéral et des Länder.

L’un des objectifs principaux de ce contrat d’avenir serait également de continuer à renforcer la compétitivité internationale du système de recherche allemand. Jürgen Mlynek propose de constituer 20 « universités d’élite », financées spécifiquement par l’Etat fédéral et les Länder, et coopérant étroitement avec les partenaires extra-universitaires pertinents. Une autre possibilité serait la création de cinq « régions d’excellence », cofinancées par l’Etat fédéral, qui seraient particulièrement compétitives au niveau mondial. La coopération entre universités et instituts de recherche extra-universitaires y jouerait un rôle prépondérant.

 

Pour en savoir plus, contacts :

 

– [1] Le document complet est disponible à l’adresse suivante (en allemand) : http://redirectix.bulletins-electroniques.com/2RucR
– Janine Tychsen, directrice adjointe de la communication et des média, Communauté Helmholtz – tél. : +49 30 206 329 24 – email : janine.tychsen@helmholtz.de
– Dr. Andreas Fischer, chargé de mission presse, Communauté Helmholtz – tél. : +49 30 206 329 38 – email : andreas.fischer@helmholtz.de

 

Sources :

 

– « Helmholtz 2020 – Zukunftsgestaltung durch Partnerschaft », communiqué de presse de la Communauté Helmholtz – 19/09/2013 – http://redirectix.bulletins-electroniques.com/R27VW
–  » Mlynek fordert: « Die Politik muss jetzt einen Zukunftsvertrag schließen! » », communiqué de presse de la Communauté Helmholtz – 19/09/2013 – http://redirectix.bulletins-electroniques.com/O6k7s

 

Rédacteurs :

Elodie Parisot, elodie.parisot@diplomatie.gouv.fr – https://www.science-allemagne.fr