Le « Prix Nobel » allemand décerné à onze chercheurs exceptionnels

 

Le prix Leibniz est, en Allemagne, la distinction scientifique la plus élevée pour les chercheurs et chercheuses émérites. Il est décerné annuellement depuis 1986 par la DFG et permet de soutenir de nombreux projets de recherche. « Il est l’épine dorsale de tout notre financement de la recherche. » a déclaré le Président de la DFG, Mathias Kleiner. A ce jour, 300 prix Leibniz ont déjà été attribués : 103 pour les sciences exactes, 87 pour les sciences de la vie, 64 pour les sciences humaines et sociales et 46 pour les sciences de l’ingénieur.
 

Le prix Leibniz 2012 a été décerné le 8 décembre 2011 par l’Agence allemande des moyens pour la recherche (DFG) à onze chercheurs (neuf hommes et deux femmes) venant de tous les domaines de la science : cinq sont issus des sciences de la vie, trois des sciences exactes, deux des sciences humaines et sociales et un des sciences de l’ingénieur, pour des sujets de recherche allant des sciences arabes à l’océanographie et la neuroscience cellulaire. Ils ont été choisis parmi les 131 chercheurs présélectionnés en première phase. Neuf des scientifiques recevront chacun une dotation de 2,5 millions d’euros, les deux derniers se partagent le dernier prix et recevront 1,25 million chacun. Les prix seront remis officiellement le 27 février 2012 à l’Académie des Sciences de Berlin-Brandebourg à Berlin.
 

Les prix Leibniz 2012 vont à :

– Michael Brecht, neurophysiologie, Centre Bernstein de neurologie computationnelle et Université Humboldt (Berlin) : ses méthodes innovantes lui ont permis de nouvelles découvertes en neurobiologie. Il s’est particulièrement intéressé à la question de savoir comment l’activité neuronale induit des comportements, et est arrivé à des réponses fondatrices en utilisant la méthode des « cellules entières in-vivo », qu’il a inventée, et qui permet des mesures précises sur des animaux évoluant librement.
 

– Rainer Forst, philosophie politique, Université de Francfort-sur-le-Main (Hesse) : considéré comme le plus important philosophe politique allemand de moins de 50 ans, sa philosophie tourne autour des concepts basiques de justice, tolérance et justification. Il a notamment formulé l’idée que les hommes ont toujours été impliqués dans des « pratiques de justification ».
 

– Gunther Hartmann, pharmacologie clinique, immunité innée et Christian Kurts, pharmacologie clinique, néphrologie, Clinique universitaire de Bonn (Rhénanie du Nord-Westphalie) : Gunther Hartmann a travaillé sur l’élucidation du mode d’action du système immunitaire, apportant une meilleure compréhension de la détection des acides nucléiques par le système immunitaire et fournissant de ce fait une contribution importante dans le développement de nouvelles thérapies. Les travaux de Christian Kurts ont porté sur la clarification de la fonction de la présentation croisée d’antigènes [1], et ont renversé bon nombre de dogmes fondamentaux de l’immunologie, lui apportant une renommée internationale.
 

– Matthias Mann, biochimie, Institut Max Planck de Biochimie, Martinsried (Bavière) : ses recherches sont à la base de la biologie moderne. Il a joué un rôle essentiel dans le développement de la protéomique à grande échelle, permettant la détection de toutes les protéines dans les systèmes biologiques. Sa réalisation principale a été d’appliquer une technique de spectrométrie de masse, originellement utilisée en physique, à des problèmes de biologie moléculaire, ce qui lui a permis des avancées importantes.
 

– Friederike Pannewick, philologie et littérature arabes, Université de Marbourg (Hesse) : première chercheuse de cette discipline à recevoir le prix Leibniz, Friederike Pannewick a joué un rôle fondamental dans le développement de l’étude du monde arabe et du Moyen-Orient en général en Allemagne.
 

– Nikolaus Rajewsky, biologie des systèmes, Centre Max Delbrück de médecine moléculaire, Berlin : ses travaux, combinant la physique et les mathématiques avec la biologie des systèmes, ont permis des avancées importantes dans les sciences de la vie. Il s’est en particulier penché sur les micro-ARN, de petits ARN non-codants qui jouent un rôle essentiel dans le contrôle de processus cellulaires mais aussi dans le développement de cancers et d’autres maladies.
 

– Ulf Riebesell, océanographie, Institut Leibniz des sciences de la mer (IFM-Geomar), Université de Kiel (Schleswig-Holstein) : il a été l’un des premiers chercheurs à examiner l’influence de l’acidification et du réchauffement des océans sur les microorganismes marins et les écosystèmes, avec un intérêt particulier pour le plancton et les autres organismes calcaires de l’océan.
 

– Peter Sanders, informatique théorique, algorithmique, Institut de technologie de Karlsruhe (Bade-Wurtemberg) : internationalement reconnu dans le domaine de l’ingénierie des algorithmes, il a fait des découvertes spectaculaires notamment dans la planification des trajets dans les réseaux routiers, secteur dans lequel les chercheurs en algorithmes se livrent une véritable course depuis la parution des réseaux routiers européens et américains en version numérique.
 

– Barbara Wohlmuth, mathématiques, analyse numérique, Université technique de Munich (Bavière) : ses recherches en analyse numérique ont permis des applications directes dans les sciences et l’ingénierie informatique ainsi que dans des domaines comme la mécanique des solides et des fluides, grâce à l’analyse numérique des équations aux dérivées partielles, qui lui a apporté une reconnaissance internationale.
 

– Jörg Wrachtrup, physique expérimentale, Université de Stuttgart (Bade-Wurtemberg) : il a ouvert un tout nouveau domaine de recherche à l’interface entre la physique des solides et l’optique quantique, par ses travaux sur la détection des rotations simples dans les solides.
 

Le président de la DFG, Matthias Kleiner, a souligné l’importance du prix Leibniz en tant que récompense individuelle : « Le prix Leibniz est le soutien individuel le plus important et le plus éminent que peut donner la DFG, qui est la moelle épinière du financement de la recherche en général. Il reconnaît des individus exceptionnels, qui font avancer la science et la recherche par des idées uniques ». Les vainqueurs de 2012, comme ceux des années précédentes, ont montré l’importance de la recherche fondamentale.

[1] Mode de présentation d’antigènes provenant d’autres cellules aux lymphocytes T cytotoxiques
 

Pour en savoir plus, contacts :

– Informations sur le Prix Gottfried Wilhelm Leibniz (en anglais) : http://redirectix.bulletins-electroniques.com/Ra7kw
– Informations sur tous les lauréats du prix Gottfried Wilhelm Leibniz (en anglais) : http://redirectix.bulletins-electroniques.com/n6VLS
– Ursula Rogmans-Beucher – Assurance qualité et développement du programme, DFG – tél. : 0049 228 885 2726 – email : Ursula.Rogmans-Beucher@dfg.de

 

Sources :

– « Leibniz Prize 2012 to Honour Eleven Outstanding Researchers », communiqué de presse de la DFG – 08/12/2011 – http://redirectix.bulletins-electroniques.com/EDLeV
– « Elf Forscher erhalten Leibniz-Preise 2012 », article du Tagesschau – 13/12/2011- http://www.tagesschau.de/inland/leibniz110.html
– « Leibniz-Preise. DFG zeichnet Forscher aus », article de la Süddeutsche Zeitung – 09/12/2011

 

Rédacteurs :

Marie-Laetitia Catta, catta@afast-dfgwt.eu
Elodie Parisot, elodie.parisot@diplomatie.gouv.fr – https://www.science-allemagne.fr