L’Académie allemande des sciences techniques présente deux rapports de conseil stratégique sur l’électronique organique et la nanoélectronique

Le lundi 18 avril 2011 s’est tenu à Dresde (Saxe) le congrès d’Acatech, l’Académie allemande des sciences techniques, qui est un organe conseillant le Gouvernement fédéral sur les orientations stratégiques en nouvelles technologies. C’est la première fois cette année que cette réunion se tenait dans un Land autre que Berlin, ce qui souligne le caractère important accordé au pôle de Dresde dans le développement de nouvelles technologies, notamment en micro et nanoélectronique.

S. Tillich, Ministre Président du Land de Saxe, a ainsi annoncé dans son introduction que si la Loi de Moore [1] était une vision ayant été institutionnalisée dans le secteur de la R&D en microélectronique (vision de ce que les chercheurs devaient pouvoir réaliser, et du modèle économique qui en découle, comme la production de puces miniaturisées), les limites physiques et capitalistiques à cette loi ont renforcé la recherche de nouvelles sources de valeur dans le pôle saxon. Ces limites expliqueraient en partie la faillite du producteur allemand de mémoires Qimonda en 2009. Les intervenants ont ainsi insisté sur le développement d’applications sur puces plus complexes et donc à plus forte valeur ajoutée, mais également la poursuite de la recherche en électronique organique, et la R&D portant sur la réduction de la consommation des puces. Ce dernier point a d’ailleurs donné naissance au projet « Cool Silicon », labellisé pôle d’excellence (Spitzencluster) par le gouvernement fédéral ( Ministère de l’enseignement et de larecherche – BMBF)

Acatech a ainsi présenté au terme de ces discussions ses 2 nouveaux rapports stratégiques sur l’électronique organique et la nanoélectronique. Le premier montre que, si l’électronique organique est encore une technologie balbutiante, sa courbe de croissance en est seulement au stade initial, et les avances prises par Dresde dans ce domaine pourraient ainsi se révéler stratégiques dans le futur. Ceci notamment dans le développement de puces et circuits souples (pouvant par exemple s’insérer dans les vêtements), ou dans les nouvelles technologies d’éclairage organique OLED. Le second, sur la nanoélectronique, intitulé « La nanoélectronique comme technologie clé des TIC en Allemagne », exprime le besoin stratégique de combiner l’intégration de fonctionnalités (More than Moore) à une poursuite de la miniaturisation More Moore, afin de développer des systèmes intelligents sur puce (« Smart Systems »). Différentes présentations mentionnaient STMicroelectronics comme modèle de développement pour les technologies intégrées More than Moore, élément peut être annonciateur de nouvelles volontés de collaboration entre les pôles de Dresde et de Grenoble dans la valorisation de leur R&D respective. Quant aux visions stratégiques à long terme, les experts d’Acatech misent sur les NEMS (nanosystèmes électro-mécaniques), la spintronique, l’électronique moléculaire, et l’électronique quantique. Enfin, un des thèmes récurrents mentionné comme défi pour le secteur fut celui de la fiabilité des nanosystèmes intelligents.

[1] De Gordon Moore, co-fondateur d’Intel, qui prédit dans les années 60 que la taille des semi-conducteurs serait divisée par deux tous les 18 mois. Cette prédiction est encore vérifiée aujourd’hui (soit 50 ans après), mais sa réalisation est de plus en plus complexe du fait de l’intensité capitalistique requise afin d’accéder aux dimensions inférieures, ainsi que de potentielles limites physiques (effets quantiques notamment).

 

 

Source :

  • Journée académique Acatech (Acatech Akademietag), Dresde, 18.04.2011.
  • « Nanoelektronik als Künftige Schlüsseltechnologie der Informations- und Kommunikationstechnik in Deutschland », Publication d’Acatech- Académie allemande des sciences techniques, février 2011.
  • « Organische Elektronik in Deutschland: Berwertung und Empfehlungen für die Weiterentwicklung », Publication d’Acatech- Académie allemande des sciences techniques, mars 2011.

 

Rédacteur :

Charles Collet, charles.collet@diplomatie.gouv.frhttps://www.science-allemagne.fr