Lutter contre la salinisation des sols à l’aide de plantes adaptées

Par ailleurs, les agriculteurs contrôlent la salinité de leur culture : lorsque celle-ci est trop importante (et provoque une baisse de rendement), ils ont recours à un « lessivage des champs » par un arrosage surabondant afin de dissoudre le sel dans de l’eau qui va ensuite se stocker, en partie, dans les nappes phréatiques. Lorsque celles-ci remontent (inondation ou simple pompage pour l’arrosage), elles apportent dans les champs une eau saturée en sel. [1]

Pour lutter contre ce fléau, le professeur Rainer Hedrich de l’Université Julius Maximilian de Wurtzbourg (Bavière) a exposé dans le journal « Trends in plant sciences » des éditions Cell, un moyen de cultiver les terres menacées par une haute concentration en sel en utilisant des plantes appropriées. Il propose d’étudier les espèces halophiles qui parviennent à se développer dans des environnements chargés en sels (souvent à proximité des côtes) : celles-ci parviennent à concentrer le sel qu’elles absorbent au sein de cellules spécifiques de stockage d’un diamètre environ dix fois supérieur à la moyenne, ce qui permet aux autres cellules de se développer normalement. En étudiant le génome de telles plantes et en le comparant avec des plantes qui, au contraire, sont très sensibles à des environnements salins, comme le quinoa, il serait possible d’identifier quels gènes et quels mécanismes permettent le développement de ces vésicules de stockage. L’idée serait ensuite, par croisement et sélection des plants appropriés, de développer ces caractères chez d’autres espèces et de créer ainsi, par exemple, des variétés de céréales plus tolérantes aux sels.

Le professeur Hedrich travaille actuellement sur un projet de betterave à sucre de ce type et estime qu’il serait possible, dans un intervalle de trois ans, de produire les premières plants résistants sous serres. Il rappelle néanmoins qu’une telle solution ne résout pas intégralement le problème, car le sel ne disparaît pas, mais est stocké dans les plantes. Néanmoins cela peut permettre de relancer la production dans des zones où les concentrations trop élevées de sel empêchent toute agriculture à l’heure actuelle.

[1] Legros, J.-P. « La salinisation des terres dans le monde », Montpellier, 2009.

Pour en savoir plus, contacts :

Prof. Dr. Rainer Hedrich, Lehrstuhl für Molekulare Pflanzenphysiologie und Biophysik der Universitat Würzburg – tél. : +49931 31-86100- email : hedrich@botanik.uni-wuerzburg.de

Sources :

« Versalzung: Neue Wege in der Pflanzenzucht gefordert », dépêche idw, communiqué de presse de l’Université Julius Maximilian de Wurtzbourg – 28/10/2014 – http://idw-online.de/pages/en/news610039

Rédacteurs :

Sean Vavasseur, sean.vavasseur@diplomatie.gouv.frhttps://www.science-allemagne.fr