Conférence à Berlin : Intelligence Artificielle (IA) et Climat

Au lendemain du sommet de l’ONU sur l’action climatique ayant une nouvelle fois rappelé la gravité de la situation planétaire et l’urgence pour la communauté internationale d’y faire face, l´ambassade de France à Berlin, en partenariat avec l’ambassade britannique et le ministère fédéral des affaires étrangères (AA) ont présenté le 25 septembre 2019 une conférence sur le thème : Intelligence Artificielle (IA) et climat. Cette conférence a eu lieu dans le cadre de la semaine européenne de la diplomatie climatique 2019 (5e édition à Berlin). Elle a rassemblé des experts et des chercheurs des trois pays sur ce sujet crucial qu’est la lutte contre le réchauffement climatique et les potentielles solutions en termes d’innovations numériques à y apporter :

Parmi les questions posées lors de cette conférence, on peut retenir :

  • Comment tirer parti des possibilités offertes par l’IA et les nouvelles technologies émergentes pour relever et résoudre le défi climatique ?
  • Comment l’IA peut-elle aider à élaborer de meilleurs modèles climatiques et à prévenir les catastrophes naturelles ?
  • Dans quelle mesure l’IA peut-elle soutenir la création de nouvelles technologies à faible émission de carbone, le suivi de la déforestation et le développement du transport durable ?
  • Quelles sont les limites de l’introduction des outils numériques dans la vie quotidienne ?
  • Comment les gouvernements peuvent-ils tirer profit de ces développements lors de l’élaboration des politiques climatiques ?  

Dans leurs discours d’ouverture, Hinrich THÖLKEN, représentant spécial pour la politique internationale et la numérisation au AA, l’ambassadrice de France en Allemagne Anne-Marie DESCOTES et l’ambassadeur britannique Sir Sebastian WOOD ont tous trois rappelé l’enjeu crucial que représentait la lutte contre le réchauffement climatique et la nécessité d’accroître le niveau d’ambition international. L’ambassadrice a réitéré l’engagement de la France en faveur d’une « diplomatie des biens communs », incluant les questions climatiques mais aussi la biodiversité, tous deux étant étroitement liés. Cet engagement passe par des mesures concrètes, telles que la décision récente annoncée par le premier ministre français lors du G7 de doubler la contribution française au Fond vert pour le climat. Au total et grâce notamment à l’engagement de l’Allemagne et du Royaume-Uni, ce sont 4,8 milliards d’euros qui ont pu être actés.

Choisie comme l’un des axes prioritaires de coopération entre la France et l’Allemagne, l’IA est par ailleurs devenue un élément essentiel de la lutte contre le réchauffement climatique en permettant aux scientifiques de synthétiser et d’analyser des quantités considérables de données d’observation de la terre et ainsi de surveiller et modéliser un plus grand nombre de phénomènes climatiques. L’IA pourrait également à termes, permettre une utilisation optimisée des ressources et ainsi contribuer à la baisse des émissions de CO2, notamment dans les secteurs des transports et de l’énergie.

L’experte française intervenant à la conférence, Laurence MONNOYER-SMITH, Conseillère Climat et Environnement du Président du CNES (Centre National des Etudes Spatiales), a présenté l’Observatoire Spatial du Climat (SCO), initiative française en faveur de la protection du climat et plus largement des Objectifs de Développement Durable de l’Agenda 2030.  Inauguré le 17 juin 2019 au Salon du Bourget en présence du premier ministre français, le SCO fédère 25 agences spatiales (dont celles de la France, du Royaume-Uni et de l’Allemagne) et 4 organisations internationales (UNDP etc.). Son objectif premier est de produire et de distribuer des données et des informations sur les impacts du changement climatique à l’échelle nationale et régionale, via l’utilisation de technologies spatiales, de mesures ciblées et de modèles pertinents croisés avec des indicateurs socio-économiques. Aujourd’hui en effet, 26 variables climatiques sur 50 ne peuvent être mesurées que depuis l’espace. L’objectif ultime étant l’élaboration de scénarios d’impacts à destination des décideurs pour répondre aux enjeux de l’adaptation au changement climatique. La création du SCO, impulsée par la France lors du « One Planet Summit » de décembre 2017, s’inscrit dans la continuité de l’accord de Paris sur le climat de 2015 et y apporte une contribution concrète.

L’intervenant allemand Aljoscha BORCHARDT (chercheur du Centre de recherche allemand sur l’intelligence artificielle DFKI), a, quant à lui, rappelé la complexité des modèles climatiques et la nécessité d’avoir recours à l’IA pour traiter le volume de données nécessaires à leur fonctionnement, tout en les mettant à disposition de tous. Côté britannique, l’intervenante Charlie SMOOTHY (Agence du Royaume-Uni pour l’intelligence artificielle) a attiré l’attention sur la nécessité d’avoir, en addition, un traitement au cas par cas, afin d’étudier la pertinence écologique de l’utilisation de technologies IA, en fonction de leur consommation énergétique (data centers etc.). Elle a également souligné le besoin de régulation des pouvoirs publics afin de garantir plus largement une « éthique » de l’IA.

Rédacteur : Fabien Baudelet

Source : Service Scientifique de l´ambassade de France à Berlin