Premier dialogue transatlantique sur l’innovation

Acatech, l’Académie allemande des technologies, et l’Académie des sciences américaines ont organisé les 10 et 11 juin 2013 le premier dialogue sur l’innovation entre les deux pays. Ce dialogue s’est tenu dans le cadre des négociations actuelles en vue d’un accord de libre échange entre l’Union européenne et les Etats-Unis. Les participants, qui venaient aussi bien du milieu académique que du monde de l’industrie ou encore de la sphère politique, ont dressé une comparaison des systèmes d’innovation aux Etats-Unis et en Allemagne, avec notamment un bilan non-exhaustif des forces et des faiblesses de chaque pays. La conférence était divisée en plusieurs tables-rondes thématiques, qui se sont focalisées plus particulièrement sur quatre thèmes : les systèmes énergétiques, la production industrielle, le financement des jeunes entreprises, et la compétition internationale.

 

L’Allemagne et les Etats-Unis, qui malgré des traditions d’innovation fortes sont de plus en plus menacés par la concurrence internationale, ont largement renforcé leurs systèmes de recherche et d’innovation ces dernières années. Les transformations du système énergétique et du système de production américains, ainsi que la ré-industrialisation du pays, offrent des possibilités nouvelles de coopération. L’objectif premier de la conférence était d’identifier des domaines d’action communs, et de voir comment lier les forces des deux pays.

 

La table-ronde sur l’énergie a conclu que chaque pays avait choisi un chemin innovant ces dernières années et que chacun pouvait profiter de l’expérience de l’autre. L’Allemagne, en pleine transition énergétique, travaille notamment beaucoup sur les réseaux intelligents et les technologies de stockage, dont pourraient profiter les Etats-Unis, tandis que ceux-ci ont une longueur d’avance en ce qui concerne la mise en valeur des hydrocarbures (gaz et pétrole) non-conventionnels, a ainsi fait remarqué Reinhard Hüttl, président d’acatech.

 

La production industrielle de l’avenir, appellée en Allemagne « Industrie 4.0 » et aux Etats-Unis « Business IT », est en marche. L’Allemagne, dont le tissu industriel est très dynamique et qui dispose d’une main d’oeuvre qualifiée toujours abondante malgré les inquiétudes démographiques, est ici en avance sur les Etats-Unis, qui se concentrent davantage sur le retour sur leur territoire des activités de production, après la désindustrialisation massive des dernières décennies.

 

Au sujet du financement des jeunes entreprises, les intervenants ont mis en avant trois possibilités (non-exclusives) de trouver de l’argent pour les créateurs d’entreprises innovantes : le capital d’amorçage, le capital-risque, et le financement participatif (crowd funding). Si l’Allemagne a lancé plusieurs initiatives couronnées de succès en ce qui concerne la création d’entreprise, l’accès au capital-risque est beaucoup plus difficile dans ce pays que de l’autre côté de l’Atlantique. Les Etats-Unis sont le berceau du capital-risque, et même s’ils identifient eux aussi des phases délicates dans le financement des jeunes entreprises, notamment pour la deuxième phase de financement, le marché y est bien plus mûr qu’en Allemagne, où la culture du risque est très différente. Le financement participatif permet à certaines entreprises de contourner les goulots d’étranglement, mais ce domaine, en pleine expansion, a besoin de régulation. Il faut en effet pouvoir sécuriser les transactions, tout en évitant de bureaucratiser un système dont le mode de fonctionnement repose sur sa flexibilité et sa facilité d’accès à la fois pour les financeurs et les financés.

 

La dernière table-ronde s’est concentrée sur les défis que posent à la fois à l’Allemagne et aux Etats-Unis la montée en puissance de concurrents sur la scène internationale de l’innovation, en particulier les géants économiques et politiques que sont la Chine et l’Inde. La conclusion qui en est ressortie est que l’intensification du dialogue transatlantique est nécessaire si Europe et Etats-Unis voulaient conserver leur place vis-à-vis de l’Asie.

 

 

 

 

 

Pour en savoir plus, contacts :

Christoph Uhlhaas, directeur du département presse et relations publiques, acatech – tél. : +49 30 20 63 09 642 – email : uhlhaas@acatech.de

 

Sources :

– « Erster transatlantischer Innovationsdialog von acatech und National Academy of Sciences », dépêche idw, communiqué de presse d’acatech – 11/06/2013 – http://idw-online.de/pages/en/news537780
– Participation de la rédactrice à la conférence.

 

Rédacteurs :

Elodie Parisot, elodie.parisot@diplomatie.gouv.fr – https://www.science-allemagne.fr