A quel point les pesticides sont-ils biodégradables ?
A l’échelle globale, environ 5.000 pesticides différents sont utilisés régulièrement en agriculture. Ceux-ci ont mauvaise presse, en grande partie du fait d’une utilisation inappropriée qui nuit à l’environnement (impact négatif sur la biodiversité, pollution des sols,…). De plus, ils sont susceptibles de porter atteinte à la santé des personnes exposées. Cependant, tous les pesticides n’ont pas un impact néfaste. Par exemple, certains pesticides sont décomposés rapidement dans l’environnement, d’autres plus lentement.
Des scientifiques du Centre Helmholtz pour la recherche environnementale (UFZ) [1] et de l’Université technique de Rhénanie-Westphalie (RWTH) ont développé une nouvelle méthode de détection des pesticides dans le sol. Cette technique permet également de savoir si les résidus de pesticides sont biodégradables ou non. Ainsi, les effets à long terme des pesticides pourront être mieux évalués.
Après avoir marqué les pesticides par un isotope de carbone 13C non radioactif, les scientifiques ont suivi l’évolution des produits dans plusieurs échantillons de sols grâce à la spectrométrie de masse. De cette façon, les chercheurs ont pu déterminer les zones de dégradation dans le sol et classer les produits en trois catégories principales:
Pour le type 1, le pesticide et/ou ses produits dégradés sont combinés à la matière organique du sol (humus) mais peuvent être libérés à tout moment. Si la liaison chimique est forte, le relargage sera plus difficile et les résidus sont catégorisés en type 2. Dans les deux cas, types 1 et 2, les résidus présentent une certaine toxicologie car ils n’ont pas été biodégradés sur une courte échelle de temps. Les résidus de type 3 sont ceux qui ont été décomposés par l’activité bactérienne. Le carbone 13C est alors retrouvé dans la biomasse microbienne. Les risques toxicologiques sont alors moindres.
Les scientifiques ont également utilisé leurs travaux pour modéliser le comportement d’autres pesticides dans l’environnement. La méthode et les résultats de l’étude sont détaillés dans la revue Critical Reviews in Environmental Science and Technology [2]. Les scientifiques souhaitent désormais que la méthode 13C soit incluse dans la procédure d’autorisation d’utilisation, qui sera évaluée par l’Agence fédérale de protection de l’environnement.
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[1] Le Centre Helmholtz pour la recherche environnementale (UFZ) a été créé en 1991. Il compte plus de 1.000 employés répartis entre Leipzig (Saxe), Halle et Magdeburg (Saxe-Anhalt). Ceux-ci étudient les interactions complexes entre l’Homme et l’environnement.
Pour en savoir plus, contacts :
– [2] Matthias Kastner, Karolina M. Nowak, Anja Miltner, Stefan Trapp, Andreas Schaffer (2013): Classification and modelling of non-extractable residue (NER) formation of xenobiotics in soil – a synthesis. Critical Reviews in Environmental Science and Technology. DOI: 10.1080/10643389.2013.828270 – http://dx.doi.org/10.1080/10643389.2013.828270
– L’étude a été financée par la Commission européenne (Projets RaiseBio et MagicPAH) :
* Risk Assessment and Environmental Safety Affected by Compound Bioavailability in Multiphase Environments (RAISEBIO) – lien internet (en allemand) : http://www.ufz.de/index.php?de=10757
* Molecular Approaches and MetaGenomic Investigations for optimizing Clean-up of PAH contaminated sites (MAGICPAH) – lien internet (en anglais) : http://www.magicpah.org
– Prof. Matthias Kastner, Centre Helmholtz pour la recherche environnementale (UFZ) – tél. : +49341 235 1235
Sources :
« Bioabbaubar oder nicht? » – Communiqué de presse du Centre Helmholtz pour la recherche environnementale (UFZ) – 10/12/2013 – http://www.ufz.de/index.php?de=32259
Rédacteur :
Clément Guyot, clement.guyot@diplomatie.gouv.fr – https://www.science-allemagne.fr
Origine : BE Allemagne numéro 640 (23/12/2013) – Ambassade de France en Allemagne / ADIT – http://www.bulletins-electroniques.com/actualites/74724.htm