acatech HORIZONS : l’Allemagne doit avoir une vision plus internationale pour l´Hydrogène

L’hydrogène sauvera-t-il notre climat et notre économie ? Les experts en hydrogène Robert Schlögl, Nikolas Iwan et Ulrike Hinz en ont discuté le 4 mai lors d’une table ronde numérique. Il n’y a pas de réponse simple à cette question. Une seule chose est claire : pour une économie mondiale de l’hydrogène, la communauté internationale doit dès aujourd´hui définir des critères communs. C´est la position d´acatech HORIZONT [1] exposée lors du congrès professionnel « Berliner Energietage ».

Acatech HORIZONS traite  de  l´actualité technologique. Chaque publication est consacré à un domaine technologique avec l´ambition d´ouvrir de nouveaux horizons, d´être économiquement significatif et de susciter des changements sociétaux. S’appuyant sur les dernières recherches, acatech HORIZONS adopte une approche fondée et claire de ces domaines technologiques, en expliquant les faits et en abordant les questions sociétales, macroéconomiques et politiques, ainsi que les options pour l’avenir.

Quel rôle l’hydrogène jouera-t-il dans notre futur approvisionnement énergétique ? Un très grand rôle, a déclaré Robert Schlögl, président de la Fondation Alexander von Humboldt. Pour un approvisionnement énergétique durable, nous avons besoin d’électricité provenant de sources renouvelables comme le soleil et le vent. « Mais ces énergies renouvelables sont souvent au mauvais endroit au mauvais moment », a déclaré Robert Schlögl. À certains endroits de la planète, le soleil brille en abondance, alors qu’à d’autres, il ne se manifeste que rarement. Pour Robert Schlögl, l’hydrogène est une solution pour stocker les énergies renouvelables et les transporter sur de longues distances.

 

Participants : Robert Schlögl, président de la Fondation Alexander von Humboldt (en haut à droite), Nikolas Iwan, H2 Mobility (en bas à gauche), et Ulrike Hinz, Conseillère politique Climat et énergie du WWF Allemagne (en bas à droite), ont parlé le 4 mai des opportunités et des défis de l’économie mondiale de l’hydrogène. Julia Nestlen (en haut à gauche) a animé la table ronde numérique. Photos : © acatech

 

L’hydrogène et l’électricité verte en tandem

Pour Ulrike Hinz, Conseillère politique Climat et énergie du WWF Allemagne, l’hydrogène est un facteur clé pour un avenir respectueux du climat : « L’électricité devrait être la solution privilégiée, mais parfois le tout électrique n’est pas encore possible. Les camions ou les avions ne peuvent pas fonctionner à l’électricité. L’hydrogène offre ici une alternative ». Certains secteurs industriels ont également besoin d’hydrogène, par exemple l’industrie sidérurgique. On y brûle actuellement du charbon pour chauffer le minerai de fer ; à l’avenir, l’hydrogène pourrait remplacer le charbon. Selon Ulrike Hinz, cela permettrait d’éviter les émissions de CO2. Les autres panélistes ont partagé l’avis selon lequel l’électricité n’est pas toujours la meilleure solution. « Nous aurons besoin des deux pour un avenir durable : de l’électricité et de l’hydrogène », a complété Nikolas Iwan de H2 Mobility.

Mais où l’Allemagne et l’UE peuvent-elles se procurer de l’hydrogène vert ?. Ulrike Hinz a cité en exemple des pays du Sud comme le Chili ou l’Afrique du Sud. Elle voit de nombreuses opportunités dans la coopération avec ces pays : « En Allemagne et en Europe, nous pouvons renforcer nos relations énergétiques internationales ». En même temps, il faut, selon elle, impliquer la population locale afin que l’hydrogène ne soit pas seulement produit pour l’exportation, mais aussi pour l’industrie locale. Cela permettrait de renforcer l’économie des pays et de réduire les émissions. Des critères sociaux et écologiques doivent être définis au niveau politique international.

 

Conditions pour une économie mondiale de l’hydrogène

Il n’y a actuellement que très peu d’hydrogène issu d’énergies renouvelables, a souligné Julia Nestlen. Comment le monde peut-il passer à l’hydrogène vert ? Nikolas Iwan a présenté deux options : « Soit nous pouvons attendre encore cinq ans, soit nous créons dès maintenant une demande sur le marché qui provoquera rapidement une  offre d’hydrogène vert « . Robert Schlögl ajoute: «  L’entrée dans ce nouveau marché de l´énergie doit précéder la sortie du marché actuel« . Nous devons d’abord utiliser l’hydrogène – même s’il est produit à partir de gaz naturel – et ensuite nous pourrons abandonner les combustibles fossiles.

Pour prendre cette direction, nous avons besoin d’une infrastructure ouverte, d’acheteurs nombreux et de conditions-cadres favorables, ajoutent Robert Schlögl et Nikolas Iwan. « Nous n’aurons pas d´emblée de solution idéale pour le transport », a encore expliqué Robert Schlögl. Nous devrons mettre en place une infrastructure diversifiée, car selon la distance nous séparant du pays producteur, l’hydrogène doit être transporté soit sous forme gazeuse par pipeline, soit sous forme liquide, par exemple sous forme d’ammoniac, sur un porte-conteneurs. Cela pourra inciter l’Allemagne, à être plus innovante et plus pragmatique.  » D´ailleurs l’hydrogène est qu’une solution parmi d´autres pour un avenir climatiquement neutre », a déclaré Ulrike Hinz. D’autres options consisteraient à économiser de l’énergie et à électrifier directement le plus grand nombre possible de domaines ; mais ce sont là des sujets pour une autre table ronde.

 

Source : Compte rendu de la table ronde du 4 mai 2023 organisée par acatech

Illustration : © acatech/Joseph & Sebastian

[1] Publication Acatech Horizonte (anglais)