Ouverture de l’année internationale des sols à Berlin

 

Le 4 et 5 décembre 2014 s’est tenue à Berlin une conférence d’ouverture de l’année internationale des sols des Nations Unies. Celle-ci a eu lieu au Ministère fédéral pour l’environnement allemand (BMUB) et a été organisée en coopération avec l’Agence fédérale pour l’environnement (UBA). Des experts ont décrit l’importance éco-systémique des sols et la nécessité de les protéger pour garantir un environnement sain. Des responsables politiques fédéraux et locaux ont présenté leur agenda sur cette thématique, dont un objectif de réduction de l’artificialisation des sols, ainsi que le projet d’une loi spécifique sur la protection des sols, au niveau national, mais aussi au niveau européen. Par ailleurs, des représentants de la société civile ont présentés des initiatives citoyennes liées aux sols, telles que les jardins ouvriers.

L’agenda politique pour les sols

M. Gunther Adler, secrétaire d’état au BMUB, a ouvert la journée en rappelant le rôle essentiel des sols malgré le peu d’intérêt qu’y portent les politiques. Définissant le sol comme un indicateur essentiel de qualité de vie, il a appelé à une plus grande politisation de ce sujet, dans le but de mieux le protéger. Il a listé les fonctions des sols : production alimentaire, biodiversité souterraine mais aussi second plus important absorbeur de dioxyde de carbone (après les océans). Il a mis en avant la nécessité de mettre en place une loi spécifique pour la protection des sols qui permettrait de réduire les nuisances environnementales telles que les excès de nitrate sur les terres agricoles, la toxicité de certains sites industriels ou encore l’émission de quantités importantes de carbone stocké lors de la mise en valeur des terres. Il a rappelé la volonté du gouvernement allemand de réduire l’artificialisation des sols de 74 ha/jour aujourd’hui à 30 ha/jour en 2020. Il a évoqué la possibilité de majorer cet objectif pour tendre vers 0 ha/jour ce qui constituerait le véritable horizon de la durabilité. Néanmoins cette dynamique doit pour lui s’inscrire dans un cadre européen et mondial.

Mme Maria Krautzberger, présidente de l’UBA, a rappelé les conclusions du rapport annuel de son établissement qui a mis en lumière le besoin d’un programme d’actions pour la protection des sols. Un ensemble de règles et un cadre clair sont nécessaires afin de tenir les objectifs gouvernementaux de réduction de l’artificialisation des sols, pour lesquels, à l’heure actuelle, aucunes mesures d’opérationnalisation n’ont été mises en oeuvre. Au niveau mondial, une surface équivalente à l’Autriche est perdue chaque année du fait de la dégradation des sols. Mme Krautzberger veut faire de l’année internationale des sols des Nations Unies une occasion pour porter cette thématique à l’agenda de la Commission européenne. Elle propose concrètement la mise en place de certificats pour l’utilisation des sols, dans le même ordre d’idée que le marché du carbone. Enfin, elle est revenue sur l’utilisation des espaces agricoles pour la production de biomasse à vocation énergétique qui représenterait aujourd’hui 20% des surfaces cultivées en Allemagne : une telle utilisation des sols doit être encadrée afin de ne pas mettre en péril la sécurité alimentaire.

M. Johannes Remmel, Ministre de l’environnement de Rhénanie du Nord – Westphalie, est revenue sur le cas de son Land. Celui-ci est marqué par une urbanisation très forte et un passé industriel ayant fortement détérioré la qualité du sol. Rappelant que le sol permet de refroidir l’atmosphère s’il n’est pas artificialisé, il a mis en avant l’importance de la protection de celui-ci. Concrètement son Land a mis en place une alliance pour l’utilisation des sols en 2006 et des instituts de recherche sur la thématique des sols et de l’eau ont été fondés. Ceux-ci ont pu porter des projets d’assainissements et de réhabilitation de friches industrielles qui ont ensuite pu être proposé aux entreprises afin de maintenir le potentiel industriel intact. M. Remmel a néanmoins critiqué la position de certains industriels ayant, par le passé, refusé de tels terrains au titre qu’ils seraient peu « sûrs ». Il a aussi critiqué le fait que les besoins d’assainissement des sols étaient parfois freinés par la propriété privée interdisant d’intervenir sur certains territoires : il serait pour lui nécessaire que la loi puisse faire primer le droit de la communauté à un environnement sain avant la propriété privé. Il a conclu par un appel à l’établissement d’un cadre européen réglementaire pour la protection des sols.

Les sols, vus et utilisés par la société civile

Le président de l’association des jardins ouvriers de Berlin, M. Günter Landgraf, a insisté sur la valeur pédagogique de son initiative pour les enfants afin de maintenir un lien avec la nature pour ceux qui n’ont plus aucuns liens avec le monde rural. Il a aussi mis en avant la vie sociale au sein des jardins ouvriers et leurs vertus intégratrices pour les migrants. Enfin, il a présenté la mise en place d’un réseau international d’associations de jardins ouvriers qui se développe rapidement en Europe. Il a ainsi appelé à un support accru des autorités publiques afin d’obtenir davantage d’espaces et de mettre en place des projets pédagogiques de plus grande échelle.

M. Benedikt Haerlin a ensuite présenté le projet international « 2000 m2 » consistant à calculer ce qui peut être produit sur un terrain de cette taille. Cette dimension correspondant à la superficie totale des terres agricoles divisée par le nombre d’habitant sur terre. Il a ainsi montré toutes les possibilités d’utilisation d’une telle parcelle et comment cette utilisation pourrait être optimisée. Il a mis l’accent sur le fait qu’un Européen moyen a en réalité besoin de 2700 m2 pour subvenir à tous ses besoins, les 700 m2 étant des consommations d’importations telles que les fruits ou le café. A ces calculs de projections s’ajoute une activité concrète : les membres de l’association ont mis en valeur des parcelles de 2000 m2 de polyculture biologiques optimisées pour l’alimentation annuelle d’un humain, en utilisant au mieux les symbioses éco-systémiques afin de garantir un haut rendement.

Pour en savoir plus, contacts :

– Site internet des nations unies pour l’année internationale des sols (en français, anglais et espagnol) : http://www.fao.org/soils-2015/fr/
– Site internet de l’UBA consacré à l’année internationale des sols en Allemagne (en allemand) : http://redirectix.bulletins-electroniques.com/3lyHW

Sources :

Présence du rédacteur à la conférence

Rédacteur :

Sean Vavasseur, sean.vavasseur@diplomatie.gouv.fr – https://www.science-allemagne.fr