Quand les décharges sont des “mines d’or”
L’exploitation de “mines urbaines” est l’activité de récupération de matières valorisables à grande échelle, que ce soit dans les décharges, dans des bâtiments désaffectés, dans des casses, par le tri sélectif, ou encore avec la collecte d’électronique chez les particuliers. Les sites d’enfouissement des déchets, appelés communément décharges, contiennent d’importantes quantités de matières premières (cuivre, fer, aluminium). L’augmentation du prix de ces matières encourage la fouille de ces décharges.
Tas de ferrailles en attente de recyclage dans une casse à Berlin
Crédits : S. Müller
En Allemagne, les décharges à ciel ouvert sont interdites depuis 2005. Des scientifiques scrutent aujourd’hui d’anciens sites, afin d’estimer le potentiel économique de ces mines urbaines. En Allemagne, cinq décharges sont concernées ; elles sont une vingtaine en Europe. L’investissement pour l’analyse des sites et les études de faisabilité d’exploitation peuvent varier entre 50.000 et 500.000 euros. Stefan Gath, professeur en gestion des ressources à l’Université de Giessen (Hesse) a déjà mené trois projets de ce type en Allemagne. Selon ses estimations, les décharges allemandes pourraient subvenir aux besoins du marché national en cuivre, fer et aluminium pendant un à deux ans. Des entreprises s’intéressent également à ces ressources. La société Tonsmeier réalise ainsi un test grandeur nature depuis 2013. Son objectif est d’estimer le potentiel économique d’une décharge de la région de Minden-Lübbecke (Rhénanie du Nord-Westphalie) en triant 8.000 tonnes de déchets enfouis.
Cependant, il existe encore quelques barrières à surmonter. Tout d’abord, la qualité des minéraux des décharges reste variable. En effet, dans le cas des anciennes décharges municipale ou industrielle, les matières retrouvées ne seront pas les mêmes. Les chercheurs prennent également en compte les politiques de gestion des déchets de l’époque. Par exemple en ex-RDA, le système de recyclage a débuté bien avant qu’en RFA, par conséquent, la composition de leurs décharges respectives est différente. Enfin, la récupération des matières valorisables enfouies pose des problèmes d’ordre techniques : arriver à trier des tonnes de déchets mixtes, et parfois pollués, reste un défi technologique.
Pour en savoir plus, contacts :
– Stefan Gath, Université de Giessen (Hesse) – email : stefan.a.gaeth@umwelt.uni-giessen.de
– Institut de gestion des déchets de l’Université – http://redirectix.bulletins-electroniques.com/R9O4y
– Tonsmeier, entreprise spécialiste de la gestion des déchets – http://redirectix.bulletins-electroniques.com/rqNWu
Sources :
“Deutschlands Müllkippen sind Goldgruben” – Article du journal Die Welt – 25/01/2014
Rédacteurs :
Clément Guyot, clement.guyot@diplomatie.gouv.fr – https://www.science-allemagne.fr